Alors que l'opposant Etienne Tshisekedi conteste la victoire du président sortant Joseph Kabila, les observateurs internationaux du centre Carter estiment de leur côté que les résultats manquent de « crédibilité ». Une situation qui fait craindre une nouvelle explosion de violences. Depuis l'annonce vendredi de la victoire de Joseph Kabila, il y a de l'eau dans le gaz en République démocratique du Congo. Après que la commission électorale, la Céni, a déclaré le président sortant vainqueur, avec 48.59% des voix, des violences ont éclaté dans la capitale, faisant six morts, selon le bilan de Radio Okapi, la station parrainée par l'ONU. Selon certains témoins, le bilan pourrait être encore plus important. À l'origine des troubles, les résultats annoncés par la Céni ont provoqué la colère des partisans du candidat de l'opposition, Etienne Tshisekedi. Deux présidents Celui-ci n'a pas accepté le résultat et s'est proclamé «président élu». En réaction, le gouvernement congolais a averti Tshisekedi que cette proclamation était contraire à la loi et qu'il risquait d'être poursuivi en justice. Mais le vétéran de l'opposition n'entend pas s'arrêter là et a déjà annoncé l'organisation de marches pacifiques cette semaine dans tout le pays. Il a également demandé à être reçu par la Cour suprême le 17 décembre prochain, même s'il ne croit pas que cette Cour, qui selon lui est totalement «remaniée» par Kabila, statuerait différemment de la commission électorale. Il mise plutôt sur une médiation internationale, semble-t-il, sans pour autant préciser quelle institution pourrait intervenir. Doutes Du côté des observateurs internationaux, le centre Carter a émis également des doutes sur les résultats du scrutin, estimant que leur compilation « n'était pas crédible ». Mais malgré les «graves irrégularités», l'organisation créée par Jimmy Carter, l'ancien président américain, évite pour autant de conclure à une remise en question de la victoire de Joseph Kabila. En revanche, d'autres observateurs d'organisations électorales prennent moins de pincettes avec la situation politique, n'hésitant pas à dénoncer «des bourrages d'urnes» comme au Katanga, dans le sud du pays, où le candidat Kabila aurait remporté près de 99% des suffrages avec un taux de participation de 100%. Au niveau de la communauté internationale, le ton se veut prudent. Ainsi, dimanche soir sur TV5 Monde, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a appelé au calme, jugeant la situation « explosive ». Certains commentateurs voient déjà dans la situation en RDC une répétition du drame électoral ivoirien où Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo se sont longuement disputés la victoire, plongeant le pays dans la violence et paralysant l'économie.