Par Me Mohammed BELMAHI Le mois d'octobre 2009, Sa Majesté le Roi avait décidé de doter le Maroc «d'un Observatoire National de la Criminalité, en synérgie avec la poursuite du processus de mise à niveau des établissements pénitentiaires et de réforme». Cette décision royale a constitué une innovation qui intéresse tout particulièrement une frange de jeunes marocains appelés à contribuer à l'échafaudage du Maroc au lieu de purger des peines d'emprisonnement faute d'encadrement adéquat. Tout le monde, en effet, s'était accordé à dire que la violence avait alors connu une nette progression, surtout celle des jeunes souvent marginalisés. C'est pourquoi par cette décision historique, le Souverain avait donné naissance à une stratégie de jeunesse qui se projette dans le futur pour étudier le cheminement et mieux évaluer la situation des jeunes délinquants, organiser et coordonner les réponses pour agir sans délai en cas de crise. Octobre 2014, grâce à cette stratégie royale, qui a pu «guider» sur les causes, le Maroc enregistre une baisse remarquable de la criminalité, comme l'a annoncé M. Mohamed Hassad au Parlement. Le Maroc enregistre une baisse de 20% en 2014 prenant appui sur les résultats de l'indice de l'ONU se rapportant aux taux de la criminalité au Maroc et qui révèle une moyenne de 2,2% crimes pour 100.000 habitants. Que nous révèlent les chiffres? Entre juillet et septembre 2014, 22.343 suspects ont été arrêtés dont 17.289 en flagrant délits et 5054 pour divers délits entre Casablanca et Fès. Les délits varient entre trafic de drogue, vols à main armée ou à l'arraché, agressions, viols, pédophilie, pillage et meurtres avec préméditation. Donc, le Maroc n'est pas un pays où le grand banditisme peut avoir un droit de cité. Présentement, nous devons continuer à agir pour faire reculer le taux de 22%. D'emblée, la responsabilité de ce grand chantier reste à la charge de tous les décideurs publics et privés. S'il n'est généralement pas possible de prévoir les crises, il est en revanche envisageable de recenser l'ensemble des situations génératrices de crises potentielles et de s'y préparer en vue d'en limiter les effets. En effet, le manque de visibilité, l'insouciance manifestée à l'égard des jeunes, l'inexistence d'une volonté commune à même de les associer aux affaires publiques et l'archaïsme des visions de tutelle dont ils ont assez souffert, ont constitué tant de facteurs ayant fermé les portes de l'espoir face à la jeunesse déboussolée et désorientée. Cet aveuglement qui a tant marqué les comportements a été aggravé par le comportement similaire, sinon plus archaïque, de certaines communes qui ont excellé dans la médiocrité et adopté un comportement anti-jeunesse manifeste notamment vis-à-vis des associations de jeunes et se sont dressées, en véritable mur de Berlin, contre toute initiative d'ouverture sur les jeunes potentialités. C'est ce que l'on qualifie de frustration ! Pourtant, les jeunes ne font qu'accomplir leur devoir de citoyenneté et croient en de lendemains meilleurs en poursuivant leurs études et en s'associant aux nombreuses promesses restées lettres mortes. Ce constat a été à l'origine du désespoir ayant marqué notre jeunesse au cours de cette dernière décennie et donné lieu à des phénomènes et comportements indignes, matérialisés notamment par les tentatives aveugles et suicidaires de l'immigration clandestine, sinon la délinquance pure et simple. Or, le rôle de la jeunesse dans le développement devait être mieux reconnu en les dotant d'outils et mécanismes à même d'exprimer leurs points de vue et de s'intégrer pleinement dans la vie sociale, politique et économique. Aujourd'hui, nous pouvons rectifier le tir à l'heure de la discussion de la Loi des Finances 2015 et prévoir une stratégie budgétisée. Responsabiliser la jeunesse passe inévitablement par l'offre d'opportunités leur permettant d'étaler leur savoir-faire et de se prononcer sur les questions concernant la gestion des affaires politiques aussi bien au niveau national que local. La jeunesse marocaine qui représente plus de la moitié de la population nationale a toujours impressionné par ses innovations, ses prouesses et son patriotisme. Elle a certes souffert de manque d'encadrement, de formation appropriée et de compréhension de la part des décideurs, mais la décision de passer par exemple un service civil, peut être vivement bénéfique. Les gestionnaires des villes, tous les échelons confondus, sont appelés à mettre en œuvre les mécanismes et canaux pour réhabiliter le rôle des jeunes et les considérer désormais comme des citoyens à part entière. Chaque service administratif devra désigner un interlocuteur pour les jeunes et prendre systématiquement en compte dans ses programmes les besoins et doléances de cette importante composante de la société. Les collectivités locales et les services extérieurs ainsi que tous les établissements et offices publics doivent agir de même tout en encourageant les activités sportives, véritable barrière contre la délinquance juvénile. Dans l'immédiat, le Conseil de la Région, la Commune, le Conseil préfectoral, doivent débloquer les bourses et budgets devant être alloués, pour permettre aux associations de vivre et aux jeunes de bénéficier des programmes d'encadrement citoyen (sport, théâtre, musique,...) leur ouvrant la voie pour renforcer leurs capacités de création et d'attachement à leur pays. Forts de leur Monarchie constitutionnelle, les jeunes marocains qui ont puisé le savoir-faire, la vertu, la sagesse et la générosité dans la pensée et la philosophie de leurs aïeuls, seront au rendez-vous en renouvelant leur engagement total à parachever l'échafaudage du Maroc moderne, émergent et fort de toutes ses composantes, et en particulier sa jeunesse porteuse d'un avenir prospère.