La décision Royale de doter le Maroc «d'un Observatoire National de la Criminalité, en synergie avec la poursuite du processus de mise à niveau des établissements pénitentiaires et de réforme» constitue une nouvelle innovation qui intéresse tout particulièrement une frange de jeunes meknassis appelés à contribuer à l'échafaudage de notre belle cité au lieu de purger des peines d'emprisonnement faute d'encadrement adéquat. Tout le monde, en effet, s'accorde à dire que la violence a connu une nette progression, surtout celle des jeunes souvent marginalisés. C'est pourquoi par cette décision historique, le Souverain réinvente une politique de jeunesse qui se projette dans le futur pour étudier le cheminement et mieux évaluer la situation des jeunes délinquants, organiser et coordonner les réponses pour agir sans délai en cas de crise. S'il n'est généralement pas possible de prévoir les crises, il est en revanche envisageable de recenser l'ensemble des situations génératrices de crises potentielles et de s'y préparer en vue d'en limiter les effets. En effet, le manque de visibilité, l'insouciance manifestée à l'égard des jeunes, l'inexistence d'une volonté commune à même de les associer aux affaires publiques et l'archaïsme des visions de tutelle dont ils ont assez souffert, ont constitué tant de facteurs ayant fermé les portes de l'espoir face à la jeunesse déboussolée et désorientée. Cet aveuglement qui a tant marqué les stratégies de la classe bourgeoise, a été aggravé par le comportement similaire, sinon plus archaïque, de certaines communes qui ont excellé dans la médiocrité et adopté à pleines mains un comportement anti-jeunesse manifeste notamment vis-à-vis des associations de jeunes et se sont dressés, en véritable mur de Berlin, contre toute initiative d'ouverture sur les jeunes potentialités. Ces dernières ont pourtant accompli leur devoir de citoyenneté et cru en lendemains meilleurs en poursuivant leurs études et en s'associant aux nombreuses promesses restées lettres mortes. Ce constat a été à l'origine du désespoir ayant marqué notre jeunesse au cours de cette dernière décennie et donné lieu à des phénomènes et comportements indignes, matérialisés notamment par les tentatives aveugles et suicidaires de l'immigration clandestine, sinon la délinquance pure et simple. Or, le rôle de la jeunesse dans le développement devait être mieux reconnu en les dotant d'outil et mécanismes à même d'exprimer leurs points de vue et de s'intégrer pleinement dans la vie sociale, politique et économique. Responsabiliser la jeunesse passe inévitablement par l'offre d'opportunités leur permettant d'étaler leur savoir-faire et de se prononcer sur les questions concernant la gestion des affaires politiques aussi bien au niveau national que local. La jeunesse meknassie qui représente plus de la moitié de la population ismailienne a toujours impressionné par ses innovations, ses prouesses et son patriotisme. Elle a certes souffert de manque d'encadrement, de formation appropriée et de compréhension de la part des décideurs, mais la décision Royale est là pour rétablir la situation. Les gestionnaires de la ville, tous les échelons confondus, sont appelés à mettre en œuvre les mécanismes et canaux pour réhabiliter le rôle des jeunes et les considérer désormais comme des citoyens à part entière. Chaque service administratif devra désigner un interlocuteur pour les jeunes et prendre systématiquement en compte dans ses programmes les besoins et doléances de cette importante composante de la société. Les collectivités locales et les services extérieurs ainsi que tous les établissements et offices publics doivent agir de même tout en encouragent les activités sportives, véritable barrière contre la délinquance juvénile. Dans l'immédiat, le Conseil de la Région, la Commune de Meknès, le Conseil préfectoral, doivent débloquer les bourses allouées de l'année budgétaire 2008-2009 pour permettre aux associations de vivre et aux jeunes de bénéficier des programmes d'encadrement citoyen (sport, théâtre, musique,...) leur ouvrant la voie pour renforcer leurs capacités de création et d'attachement à leur pays. Forts, de leur Monarchie constitutionnelle, les jeunes meknassis comme tous les marocains, qui ont puisé le savoir-faire, la vertu, la sagesse et la générosité dans la pensée et la philosophie de leurs aïeuls, seront au rendez-vous en renouvelant leur engagement total à parachever l'échafaudage du Maroc moderne, émergent et fort de toutes ses composantes, et en particulier sa jeunesse porteuse d'un avenir prospère.