Alors que Damas continue de leur refuser l'entrée du territoire syrien, les enquêteurs de l'ONU ont entrepris de recueillir à l'extérieur de la Syrie des indices sur l'utilisation éventuelle d'armes chimiques. Accusé par les Américaines et Britanniques de recourir à des armes chimiques dans sa guerre contre les rebelles le régime syrien a rejeté les accusations. Moscou a mis en garde l'Occident contre l'utilisation de ce dossier comme un «alibi» pour une intervention militaire en Syrie. Les enquêteurs de l'ONU ont entrepris de recueillir à l'extérieur de la Syrie des indices sur l'utilisation éventuelle d'armes chimiques, Damas continuant de leur refuser l'entrée du territoire syrien, a indiqué vendredi le porte-parole de l'ONU. M. Ban a écrit jeudi une nouvelle lettre au président syrien Bachar al-Assad pour réclamer un accès «libre et sans entraves», a déclaré Martin Nesirky. «Le secrétaire général demande instamment au gouvernement syrien de donner une réponse rapide et favorable, de façon à ce que la mission puisse travailler en Syrie», a-t-il ajouté. Ake Sellstrom, le scientifique suédois nommé fin mars par M. Ban à la tête de le mission d'enquête, sera lundi à New York pour des consultations avec des responsables de l'ONU. Selon des diplomates, il s'est rendu à Londres pour recueillir des informations sur les soupçons des Occidentaux. La France et le Royaume-Uni ont demandé à l'ONU d'enquêter sur des accusations de l'opposition syrienne selon lesquelles Damas a utilisé des armes chimiques à Homs (centre) et dans les environs d'Alep (nord) et de Damas. Le gouvernement syrien a accusé les opposants d'avoir fait de même près d'Alep le 19 mars. Les enquêteurs, qui attendent à Chypre, ont «rassemblé et analysé des indices et des informations disponibles en dehors» de la Syrie, a précisé M. Nesirky. Selon des diplomates, les Occidentaux ont transmis à l'ONU des témoignages de personnes ayant fui la Syrie, ainsi que certains échantillons. Dans l'attente d'un feu vert de Damas, a indiqué M. Nesirky, les enquêteurs «vont poursuivre ces activités en dehors (de la Syrie) et pourraient se rendre dans les capitales concernées». Un « mensonge éhonté » Face à la multiplication des accusations, formulées également par l'opposition syrienne et en particulier Israël, le ministre syrien de l'Information Omrane al-Zohbi a riposté en parlant de «mensonge éhonté». «Les déclarations américaine et britannique ne correspondent pas à la réalité», a-t-il dit à la télévision russe RT, estimant que la peur de l'arme chimique était agitée comme un nouveau moyen de pression sur le régime. Selon lui, «la Syrie n'utilisera jamais (d'armes chimiques), pas seulement parce qu'elle respecte la législation internationale et les règles d'une guerre, mais en raison de problèmes humanitaires et moraux». Il a accusé l'Occident de vouloir répéter en Syrie le «scénario irakien» qui a mené à la chute du dictateur Saddam Hussein, en prétextant la présence d'armes de destruction massive. Jeudi, et bien qu'en reconnaissant que leurs renseignements n'étaient pas suffisants, les Etats-Unis n'ont pas manqué d'avoir eu recours à l'utilisation des armes chimiques. De même pour Londres qui, malgré qu'il s'agisse « de preuves limitées » sur l'utilisation d'armes chimique et que même si ces armes auraient été utilisées on ignore toujours par qui du régime ou de la rébellion, n'a pas manqué de pointer un doigt accusateur sur Bachar al Assad. Dans un communiqué, l'opposition syrienne a accusé le régime d'avoir eu recours encore cette semaine aux armes chimiques et appelé à l'envoi d'enquêteurs internationaux. «Des missiles à gaz toxique» se sont abattus jeudi et vendredi à Daraya près de Damas provoquant «d'épais nuages de gaz» et «42 cas de suffocation accompagnés d'une forte allergie et de vomissements aigus», a-t-elle affirmé en citant des militants sur place. Cela démontre que «le régime tient à utiliser les armes chimiques contre les villes et villages». Londres et Paris ont déjà demandé à l'ONU d'enquêter sur des accusations de l'opposition sur l'utilisation par le régime d'armes chimiques à Homs (centre) et dans les environs d'Alep (nord) et de Damas. Le pouvoir syrien a lui aussi accusé les rebelles d'avoir fait de même près d'Alep le 19 mars et demandé une enquête de l'ONU. Mais il a ensuite rejeté l'intention de l'ONU d'envoyer une mission sur l'ensemble du territoire syrien. En attendant une réponse du régime à une nouvelle demande de l'ONU sur un accès «sans entraves», les enquêteurs ont entrepris de recueillir des indices hors de Syrie. Leur chef, Ake Sellstrom, sera lundi à New York après une mission à Londres où il a recueilli des informations sur des témoignages de personnes ayant fui la Syrie, ainsi que certains échantillons. «A ce stade il faudrait avoir plus d'éléments à la fois sur les victimes et le terrain, car c'est un domaine où la désinformation peut aller très vite», a dit Patrice Binder, médecin général, retraité du Service de Santé des armées. Enfin, alors que les pays voisins sont fragilisés par des violences frontalières, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a lié le conflit en Irak à la guerre en Syrie qui a fait plus de 70.000 morts depuis mars 2011. Les combats continuent de faire rage à travers la Syrie, notamment près de Damas, selon une ONG qui fait état d'un bilan provisoire de 32 morts.