Les violences ont fait rage mercredi en Syrie, où l'armée a bombardé le sud de Damas, au lendemain d'une attaque aux armes chimiques qui a fait 31 morts dans la province d'Alep (nord). Le régime et l'opposition se sont accusé mutuellement de cette attaque et ont demandé à la communauté internationale d'agir pour empêcher le recours aux armes chimiques. La France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis vont demander au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon d'envoyer une mission d'enquête en Syrie pour vérifier les accusations, ont indiqué mercredi des diplomates. Il s'agira de «faire une enquête sur l'ensemble du territoire (syrien) pour faire la lumière sur toutes les allégations» venant de Damas et de l'opposition, a déclaré l'ambassadeur français Gérard Araud. Parallèlement, le président syrien Bachar al-Assad a effectué sa première apparition publique depuis janvier, avec une visite surprise dans un centre de formation dédié aux Beaux-Arts dans le centre de Damas, a annoncé la présidence sur sa page Facebook. Le centre est situé dans l'est de la capitale, non loin du quartier de Jobar, où s'affrontent depuis des mois les forces gouvernementales et les rebelles. La dernière sortie publique de M. Assad, dont le pays est dévasté depuis deux ans par un conflit meurtrier, remonte au 24 janvier, à l'occasion d'une cérémonie religieuse. Sur le terrain, les forces du régime ont bombardé le sud de Damas, dont le camp palestinien de Yarmouk, et l'aviation a effectué des raids sur des bastions rebelles dans le nord et le centre du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). «Les localités de Hajar al-Aswad et Daraya dans les faubourgs sud-ouest de Damas ont été bombardées par les forces du régime», a affirmé l'OSDH, précisant que Yarmouk et Qadam (sud) avaient été «le théâtre de violents combats entre rebelles et forces gouvernementales durant la nuit». En outre, l'aviation du régime a frappé les provinces de Hama (centre) et de Raqa (nord), dont le chef-lieu éponyme est tombé aux mains des rebelles. Des accrochages ont également eu lieu à Homs (centre), selon l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires. Selon un premier bilan provisoire de l'OSDH, les violences ont fait au moins 32 morts mercredi à travers le pays. En deux ans de conflit, plus de 70.000 personnes ont péri selon l'ONU, alors qu'aucune issue n'est en vue. Dans un message à l'ONU, le ministère syrien des Affaires étrangères a «réitéré les engagements de la Syrie de ne pas faire usage d'armes chimiques, si elles existent, contre son peuple». La Syrie «continuera de pourchasser les terroristes et ceux qui les soutiennent, par attachement à la sécurité de son peuple», assure le régime qui qualifie de «terroristes» les rebelles et opposants syriens. Pour sa part, la Coalition de l'opposition, le plus important regroupement anti-Assad, a accusé le régime de «poursuivre ses crimes contre le peuple syrien» et a réclamé «une enquête internationale complète et l'envoi d'une équipe sur place». La coalition a élu lundi à Istanbul Ghassan Hitto comme Premier ministre d'un gouvernement intérimaire. Paris et Washington s'en sont félicité, jugeant que cette élection contribuerait à l'unifiaction de l'opposition syrienne.