Le président syrien Bachar al-Assad a exclu de quitter le pouvoir et fustigé le soutien britannique à la rébellion qui a porté dimanche un coup au régime en tuant 34 soldats à Alep, signe que le conflit ne donne aucun signe d'essouflement près de deux ans après son déclenchement. Près de 200 soldats et rebelles ont été tués en huit jours dans la bataille pour l'académie de police près d'Alep), presque entièrement tombée dimanche aux mains des insurgés, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). «Les rebelles ont pris presque entièrement le contrôle de l'académie de police à Khan al-Assal à l'issue de violents combats qui ont fait en huit jours environ 200 morts parmi les forces du régime et les rebelles», a affirmé l'ONG après avoir fait état de 34 soldats tués pour la seule journée de dimanche. Dans une rare interview publiée dimanche, M. Assad a dit être prêt à discuter avec les opposants s'ils déposent les armes mais exclu de partir au moment où l'ONU se propose de «faciliter» un dialogue entre l'opposition et une délégation du régime «crédible et habilitée» à discuter. «Nous sommes prêts à négocier avec tout le monde, y compris des militants qui déposent les armes», a assuré M. Assad dans cette interview au Sunday Times enregistrée en vidéo la semaine dernière dans sa résidence à Damas. «Nous pouvons engager un dialogue avec l'opposition, mais nous ne pouvons pas engager de dialogue avec les terroristes», a-t-il souligné. Fin février, son chef de diplomatie Walid al-Mouallem a pour la première fois évoqué un dialogue avec les rebelles armés pour mettre fin au conflit qui, selon l'ONU, a tué plus de 70.000 personnes depuis son déclenchement le 15 mars 2011 par une révolte populaire qui s'est militarisée face à la répression. L'opposition rejette toute négociation qui n'aboutirait pas à un départ de M. Assad, alors que les Occidentaux et de nombreux pays arabes appellent le président à quitter le pouvoir pour permettre une transition politique et mettre un terme à la guerre dévastatrice. «Aucun patriote ne peut penser à vivre en dehors de son pays. Je suis comme tous les patriotes syriens», a-t-il expliqué, excluant de nouveau tout départ. «Si cet argument est correct, alors mon départ mettra fin aux affrontements. C'est clairement absurde, comme en témoignent les récents précédents en Libye, au Yémen et en Egypte», a-t-il fait valoir. Son principal allié régional, l'Iran, a même annoncé samedi sa participation à l'élection présidentielle prévue en 2014. «Le président Assad, comme d'autres, participera à la prochaine élection», a dit le chef de la diplomatie Ali Akbar Salehi en recevant M. Mouallem. Le président syrien s'est dit peiné pour les victimes du conflit en notant que «des milliers de familles ont perdu des êtres chers et qui vont malheureusement sentir du chagrin des années durant. Personne ne peut sentir leur peine plus que nous». Il a par ailleurs fustigé l'attitude de Londres, favorable à la levée de l'embargo européen sur les armes. «Comment peut-on s'attendre à ce qu'ils (les Britanniques) réduisent la violence alors qu'ils veulent envoyer du matériel militaire aux terroristes et n'essaient pas de faciliter le dialogue entre Syriens». Succès rebelle Alors que les parties restent déterminées à se battre jusqu'au bout en l'absence de toute solution politique, les rebelles ont marqué des points dans le Nord en prenant de larges parties d'une académie de police et en s'emparant d'une prison. Dimanche à l'aube, «les rebelles ont pris de larges parties de l'école de police à Khan al-Assal après huit jours d'affrontements violents», selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Khan al-Assal est le dernier bastion du régime dans la région ouest de la province d'Alep. Plus au nord, des combattants du Front jihadiste Al-Nosra et d'autres groupes rebelles ont pris le contrôle d'une prison dans la province de Raqa, près de la frontière turque; libérant «des centaines» de détenus, a affirmé l'OSDH, ajoutant que l'armée avait quitté le pénitencier. Ces succès surviennent au lendemain d'un revers des rebelles, les forces du régime étant parvenues à desserrer l'étau autour d'Alep et de son aéroport fermé depuis début janvier, en reprenant une route qui leur permet d'acheminer des renforts et des armes de Hama vers Alep. Au moment où le conflit tue des dizaines de personnes tous les jours, le bilan de samedi a été particulièrement meurtrier avec 182 morts, selon l'OSDH qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins. L ‘ONU se dit prête à faciliter un dialogue entre pouvoir et opposition L'ONU s'est dite prête samedi à «faciliter un dialogue» entre gouvernement et opposition syrienne, tandis que l'Iran réitérait son soutien à Bachar al-Assad en annonçant sa participation à l'élection présidentielle de 2014 qui devrait être pluraliste. ur le terrain, l'armée a réussi à ouvrir un axe vers l'aéroport d'Alep (nord), brisant l'encerclement imposé par les rebelles et permettant d'acheminer armes et renforts dont les soldats en poste dans la seconde ville du pays ont cruellement besoin. Après presque deux ans de violences, qui font toujours des dizaines de morts chaque jour, l'ONU est prête à «faciliter un dialogue» en Syrie, selon un compte-rendu de la rencontre samedi en Suisse entre le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et le médiateur international pour la Syrie Lakhdar Brahimi. MM. Ban et Brahimi ont «discuté des récentes déclarations du gouvernement syrien et de l'opposition faisant part de leur volonté d'engager un dialogue». A ce sujet, les Nations unies soulignent qu'elles «seraient prêtes à faciliter un dialogue entre une délégation solide et représentative de l'opposition et une délégation du gouvernement syrien crédible et habilitée» à discuter. Le chef de la Coalition nationale d'opposition s'est dit prêt fin janvier à un dialogue avec le régime, portant sur le départ du président syrien Bachar al-Assad, et Damas a accepté fin février un dialogue avec l'opposition, y compris armée, mais ces déclarations n'ont pas été suivies d'effet. Signe que M. Assad n'envisage pas de partir, l'Iran, allié régional de la Syrie, l'a présenté samedi comme le président légitime, annonçant sa participation à l'élection présidentielle de 2014. «Le président Assad, comme d'autres, participera à la prochaine élection», a affirmé le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi lors d'une conférence de presse à Téhéran en présence de son homologue syrien Walid Mouallem. Pendaisons M. Assad a toujours rejeté les appels lancés par les Occidentaux et de nombreux pays arabes à quitter le pouvoir en vue d'un règlement du conflit qui a fait plus de 70.000 morts selon l'ONU. Son armée a fait subir samedi un sérieux revers aux rebelles en parvenant à desserrer leur étau autour d'Alep et de son aéroport, fermé depuis début janvier. «L'armée a restauré la sécurité» sur une route menant l'aéroport international d'Alep, indique l'agence officielle Sana. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé la reprise de cette route par l'armée, indiquant qu'elle doit lui «permettre d'acheminer des renforts et des armes de Hama vers Alep», ce qui l'aidera à «se maintenir dans l'aéroport d'Alep et même dans la ville». Dans le Nord, près de la frontière turque, des «combats sanglants» à Raqa ont fait au moins 10 morts parmi les soldats, 16 dans les rangs rebelles selon l'OSDH. Selon la Sana, «l'armée a repoussé des groupes terroristes armés». Des affrontements ont également eu lieu à la frontière avec l'Irak, où jihadistes et armée se disputent le contrôle d'un poste-frontière, et quatre soldats loyalistes, blessés, sont actuellement soignés dans un hôpital irakien. A la frontière avec Israël, l'aviation du régime a bombardé des localités syriennes, a indiqué l'OSDH. Israël a indiqué que des obus en provenance de Syrie s'étaient abattus du côté israélien du plateau du Golan. A Damas, deux Palestiniens soupçonnés de collaborer avec le régime ont été pendus par des rebelles dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, ont indiqué cette organisation et des Palestiniens. Des pendaisons similaires ont déjà été signalées à Hama et à Alep, mais selon l'OSDH, c'est la première fois qu'une telle exécution est annoncée, photo à l'appui. Les violences ont fait samedi 133 morts à travers le pays, dont 65 rebelles, selon un bilan provisoire de l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales en Syrie.