À quelques jours de la réunion du Conseil de sécurité prévue le 14 avril, consacrée à la question du Sahara, l'atmosphère diplomatique s'intensifie dans les couloirs des Nations Unies. L'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, Staffan de Mistura, s'apprête à y présenter son rapport tant attendu, mais déjà, les lignes semblent avoir irrémédiablement bougé en faveur du Maroc. Les tractations diplomatiques en cours à New York confirment une tendance irréversible : le centre de gravité du dossier du Sahara s'est déplacé vers une reconnaissance internationale de la légitimité des positions marocaines. Le Maroc, fort de son initiative d'autonomie, présentée depuis 2007 comme une solution sérieuse, crédible et réaliste, voit son approche consacrée par des puissances majeures Espagne, France, Etats-Unis et bientôt le Royaume Uni, consacrant définitivement l'isolement diplomatique de l'Algérie et de ses alliés conjoncturels. Le signal le plus marquant de cette dynamique est venu de Washington. En entretien avec le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, le Secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a exprimé sans ambiguïté la position des Etats-Unis : reconnaissance pleine et entière de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, et soutien à l'initiative marocaine d'autonomie comme unique base crédible de règlement du différend. « Les Etats-Unis considèrent que seule une autonomie réelle sous souveraineté marocaine peut constituer une solution durable et acceptable », a déclaré Marco Rubio, insistant sur l'urgence d'ouvrir des négociations franches à partir de cette base. Le Secrétaire d'Etat a même évoqué la possibilité de sortir du cadre onusien, soulignant le passif d'échecs accumulés par l'ONU dans ce dossier vieux de plusieurs décennies. Lire aussi : Les Etats-Unis réitèrent leur soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara Cette dynamique de consolidation en faveur du Maroc, la prise de position officielle de la France est venue renforcer de manière décisive l'ancrage international de la solution marocaine. Par une lettre adressée au roi Mohammed VI, le président Emmanuel Macron a formellement reconnu la pleine souveraineté du Maroc sur le Sahara, inscrivant cette position dans le droit fil d'une volonté de clarté et de respect des liens stratégiques entre Rabat et Paris. Cette reconnaissance, inédite dans son explicitation, a été publiquement réaffirmée lors du discours du président français prononcé devant le Parlement marocain lors de sa récente visite d'Etat au Maroc. Emmanuel Macron y a salué « la vision de paix et de développement régional portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI », estimant que l'initiative marocaine d'autonomie constitue « l'unique voie crédible et réaliste vers une solution durable, dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Ce discours a scellé une évolution diplomatique majeure, qui redéfinit profondément les équilibres internationaux autour du dossier. Vers une redéfinition des acteurs du dialogue Cette consolidation de la position marocaine s'accompagne d'un débat aux Etats-Unis sur la représentativité réelle des parties impliquées. Après l'appel de l'Atlantic Council à démanteler une MINURSO jugée inefficace et coûteuse, Michael Rubin, chercheur au sein de l'American Enterprise Institute, a plaidé pour une refonte complète du cadre des négociations. Selon lui, le Front Polisario ne saurait plus être considéré comme représentant légitime des Sahraouis. Il le décrit comme un proxy algérien, discrédité par des scandales de détournements d'aide humanitaire et des atteintes graves aux droits humains. Rubin propose de reconnaître le Mouvement Sahraoui pour la Paix (MSP) comme nouvel interlocuteur. Ce dernier, porteur d'un discours pacifique et favorable au dialogue, jouit selon lui d'une légitimité croissante. Une telle évolution pourrait constituer un « game-changer », d'autant plus que l'administration Trump, en coulisses, soutient une stratégie de rationalisation des coûts et d'efficacité diplomatique, en rupture avec l'inertie onusienne. Compte tenu de ces enjeux, l'Algérie, partie prenante effective du conflit qu'elle nourrit, tente de mobiliser ses soutiens traditionnels. Elle a récemment co-présidé à Moscou une session de consultations politiques avec la Russie, dans le but manifeste de renforcer sa position avant la réunion du Conseil de sécurité. Mais cette démarche semble tardive, isolée, et dénuée d'alternative politique sérieuse. Alors que les grandes puissances occidentales se rangent clairement derrière l'approche marocaine, Alger continue de s'accrocher à une rhétorique obsolète, désormais en décalage avec les réalités régionales et les attentes de la communauté internationale. Cependant, le Maroc s'affirme comme un pilier de stabilité, porteur d'une vision de co-développement et d'intégration régionale dans une région marqué par les crises sécuritaires et les défis de développement au Sahel et en Méditerranée. L'appui affirmé de l'Espagne, des Etats-Unis et de la France, conjugué à l'essoufflement diplomatique de ses opposants –l'Algérie et ses comparses-, vient consacrer une nouvelle ère dans la gestion du dossier du Sahara. À quelques jours de la réunion du Conseil de sécurité, une chose est désormais certaine : la souveraineté marocaine sur son Sahara n'est plus discutée, elle est consacrée. Et le Maroc, plus que jamais, en détient les clefs diplomatiques.