L'ombre des tensions se profile à nouveau entre la France et l'Algérie. Après la détention d'un agent consulaire algérien à Paris, Alger a demandé à douze diplomates français de quitter son territoire sous un délai de 48 heures. La réconciliation entre la France et l'Algérie, entreprise avec tant d'espoir, a vite été mise à rude épreuve. Ce lundi 14 avril 2025, le ministère algérien des affaires étrangères a émis une injonction demandant à douze agents de l'ambassade de France de quitter le pays sous quarante-huit heures. Cette annonce, faite moins d'une semaine après la visite du ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, arrive dans un contexte de tensions exacerbées suite à la détention d'un agent consulaire algérien en France, soupçonné d'être impliqué dans l'enlèvement de l'influenceur algérien Amir Boukhors, connu sous le nom d'Amir DZ, fin avril 2024. La situation a pris une tournure « attendue » lorsque des accusations ont été portées contre cet agent, mis en examen, aux côtés de deux autres suspects, pour des actes graves, qualifiés d'arrestation et d'enlèvement en relation avec une entreprise terroriste, par le Parquet national anti terroriste français. L'agent consulaire, dont l'identité reste protégée, est accusé de connivence avec des actes illégaux sur le sol français, inscrivant l'incident dans un climat de méfiance réciproque. Face à cette situation, la réaction d'Alger ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué, le ministère algérien a condamné ce qu'il qualifie de « cabale judiciaire inadmissible », rejetant les fondements de l'enquête française comme étant « vermoulus et farfelus », arguant que l'incrimination repose uniquement sur des soupçons liés à la localisation d'un téléphone mobile. Pour sa part, Paris s'est engagé à répondre de manière ferme. Jean-Noël Barrot a averti que les autorités françaises étaient prêtes à réagir, inscrivant cette demande d'expulsion dans une dynamique de représailles possibles. Certains des agents visés par cette décision algérienne seraient des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur français. « Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d'expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours », a indiqué Jean-Noël Barrot dans une déclaration écrite transmise à des journalistes. « Si la décision de renvoyer nos agents était maintenue, nous n'aurions d'autre choix que d'y répondre immédiatement », a-t-il poursuivi. La situation est d'autant plus complexe que l'influenceur Amir Boukhors, déjà en exil et bénéficiaire d'une protection politique en France, est au cœur de cette querelle. Alger l'accuse de multiples infractions, tandis que la France a jusque-là refusé son extradition, malgré neuf mandats d'arrêt internationaux émis à son encontre. Cette escalade survient alors même que des tentatives de normalisation des relations avaient été entreprises. Le président français Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune avaient convenu d'un rapprochement, énonçant « une nouvelle phase » dans leurs relations. Pourtant, les événements récents ne font preuve que d'un retour pernicieux à des tensions qui pourraient compromettre cette évolution.