La 19ème édition des Journées Cinématographiques de Safi organisée du 8 au 10 avril 2025, a été ouverte mardi par une conférence inaugurale d'une rare intensité, animée par la brillante Latefa Ahrar, icône du septième art marocain, sous la modération avisée de Said Laqabi. L'intervenante a esquissé avec maestria les entrelacs subtils entre création artistique et représentations culturelles, offrant ainsi un prologue riche et stimulant aux réflexions de la journée. Parmis les temps forts de l'après midi de cette journée la projection magistrale du film Parasite, qui a fait salle comble. Palme d'Or et Oscar du meilleur film, ce chef-d'œuvre de Bong Joon-ho a offert une plongée vertigineuse dans les méandres des rapports de classes, soulignant avec acuité la capacité du cinéma à décloisonner les imaginaires et à susciter un dialogue socioculturel de haute volée. Les sessions académiques, réparties en divers axes thématiques, ont fait le reste, permettant d'approfondir ces réflexions. Par ailleurs et lors de la session consacrée au cinéma et aux représentations sociales, Victor Kabre (Université Yemblia Abdoulaye Toguyeni, Burkina Faso) a offert une exégèse inspirée du cinéma d'Idrissa Ouddragop, mettant en exergue les dynamiques géoculturelles africaines. Kaoutar Ben Addi (Université Ibn Zohr) a déconstruit les stéréotypes violents dans Notre-Dame du Nil, provoquant un débat nourri sur la responsabilité du cinéma dans la fabrication des imaginaires sociaux. Justine Jandot Dit Danjou (INSEAC, France) a, quant à elle, interrogé les paradigmes du spectateur idéal dans l'éducation à l'image française, apportant une réflexion féconde sur les enjeux pédagogiques du septième art. Dans la session consacrée au cinéma et aux discours visuels, Chalmae Alquan (University of York, Royaume-Uni) a déployé une analyse pionnière sur l'audiodescription au Maroc, ouvrant des perspectives cruciales sur l'accessibilité du cinéma aux publics malvoyants. Nez Ali Kauru a disséqué avec une acuité saisissante la symbolique du mal dans Le Silence des Agneaux, Zodiac et Split, accrochant l'audience par une lecture visuelle d'une grande perspicacité. Enfin, Teissier Wandrille (Sorbonne Nouvelle) a dévoilé une approche originale sur l'aphorisme cinématographique, tissant des liens subtils entre philosophie et narration filmique. Les débats conclusifs, tenus par la suite, ont été le théâtre d'échanges aussi animés qu'enrichissants entre intervenants et participants, mettant en lumière l'engagement du cinéma dans la fabrique du réel et les mutations technologiques au service du récit cinématographique. Comme conclusion: cette journée cinématographique à Safi s'est imposée comme un carrefour foisonnant d'idées, où la diversité thématique et la dimension internationale ont conféré à l'événement une aura toute particulière. Les interventions de Latefa Ahrar, Victor Kabre et Chalmae Alquan, conjuguées à la projection de Parasite, ont constitué des temps forts, consacrant le cinéma comme un miroir aux multiples facettes des grands enjeux contemporains.