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Filière apicole : Ces pluies qui redonnent des ailes aux abeilles [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 12 - 04 - 2025

Le retour des pluies ravive la flore mellifère et les espoirs de production. Mais la filière apicole marocaine reste en quête de stabilité et de technicité.
Plus s'égrènent les semaines de l'année 2025, mieux les Marocains sont convaincus que le long cycle de la sécheresse a été rompu par le retour de conditions climatiques favorables et humides. A l'image d'autres filières dont le développement a été grandement malmené par la sécheresse durant ces dernières années, le secteur apicole marocain vit actuellement dans l'espoir d'une bonne production, surtout que les pluies semblent également impacter positivement la pratique apicole. «La situation s'est beaucoup améliorée, d'autant plus que les récentes précipitations ont touché pratiquement tout le pays. Lorsqu'on en prend la route, on peut le constater à travers les paysages qui sont devenus verdoyants, avec beaucoup de fleurs et une reprise du développement végétal qu'on n'a pas connu depuis un long moment», témoigne Saïd Aboulfaraj, ingénieur agronome et expert apicole, directeur d'un bureau d'études spécialisé en apiculture, ajoutant que les pluies ont coïncidé avec la phase de développement des végétaux, ce qui est bénéfique pour les abeilles et pour le secteur.

Effondrement des ruches
Autant parler d'une lumière au bout du tunnel pour les professionnels, qui ont traversé ces derniers temps plusieurs «zones de turbulence». «Il y a eu bien évidemment la sécheresse qui a impacté notre activité, mais il y a eu également l'effondrement des colonies qui a découlé de ce cycle climatique. Cela a engendré beaucoup de pertes parmi les apiculteurs et c'est un bonheur de voir la situation revenir progressivement à la normale», se réjouit un jeune agriculteur de la région d'Immouzzar Kandar. Pour Saïd Aboulfaraj, la sécheresse a certes contribué à l'effondrement des ruches, mais l'une des causes principales est à chercher ailleurs... «Personnellement, je mets les conditions climatiques en deuxième position des causes. La première est le manque de technicité dont souffrent beaucoup d'apiculteurs marocains qui pratiquent encore une apiculture de cueillette», précise l'expert, appelant à «continuer à améliorer la pratique apicole et la technicité des apiculteurs de sorte à ce qu'ils puissent adapter leur système d'intervention selon les conditions».

Capacités techniques
En attendant une véritable montée en gamme des capacités techniques des apiculteurs, les conditions climatiques favorables semblent rassurer les producteurs. «On peut dire que les précipitations ont été suffisantes pour la période actuelle, mais l'idéal serait d'avoir encore des pluies durant les prochaines semaines. Autrement, le couvert végétal va se dessécher, ce qui pourrait mener à un manque d'affouragement pour les abeilles», nuance l'ingénieur agronome. A l'instar d'autres filières, les apiculteurs espèrent que les épisodes de pluie continueront à arroser le pays. «Il est certain que les pluies favorisent le développement des ruches. Plus la colonie est développée, plus elle produit, à condition que les conditions climatiques ne soient pas défavorables au couvert végétal», ajoute la même source, notant que lors d'une rupture au niveau du cycle d'alimentation des abeilles, causée notamment par les fortes chaleurs, les abeilles se rabattent sur leur propre stock de miel qu'elles utilisent pour l'entretien de la colonie».

Espoirs prudents
Après une phase très pluvieuse, le pays a traversé une petite période de beau temps, voire d'augmentation relative des températures. Si le retour des averses et des précipitations est prévu pour les prochains jours, les apiculteurs restent dans l'expectative avant de pouvoir annoncer que la production 2025 sera bonne. «Les premières récoltes se font parallèlement à la production d'agrumes, car c'est au niveau des vergers d'orangers que l'on produit le plus. Cette année, plusieurs signes indiquent qu'il y a du retard : on est en avril et la floraison des agrumes n'est qu'à ses débuts. De ce fait, je pense que ces premières productions auront lieu dans un mois, c'est-à-dire entre la première et la deuxième semaine du mois de mai. Toutes les autres productions viennent par la suite», détaille Said Aboulfaraj, avant de conclure : «La saison apicole vient à peine de commencer. A ce stade, il est encore tôt pour se risquer à parler d'une bonne production apicole en 2025».

Omar ASSIF
* Peut-on dire que la pratique apicole progresse en termes de technicité ?

Chez certains professionnels, le niveau technique a beaucoup évolué et on dispose actuellement de vrais professionnels. Cela dit, ma conviction est que l'apiculture nationale a encore une marge de progression à faire en la matière. Comme l'Etat a aidé beaucoup de bénéficiaires à développer une pratique d'apiculture, ils sont très nombreux à pratiquer une apiculture de cueillette sans disposer du savoir-faire nécessaire pour adapter leurs interventions aux conditions climatiques et au niveau de développement végétal des sources de pollen. Vous imaginez bien qu'il est aberrant d'adopter les mêmes techniques d'intervention d'année en année alors que les conditions peuvent changer drastiquement. Or, le cas échéant, seuls les producteurs qui maîtrisent vraiment l'apiculture peuvent agir et peuvent intervenir de façon à favoriser le développement des colonies, surtout en cette période de début de printemps. Comme je l'ai déjà dit : plus une colonie est développée, plus elle produit.

* Comment peut-on illustrer l'apport de cette technicité à l'augmentation de la production ?

Si on maintient de petites colonies avec un nombre limité d'abeilles, il ne faut pas espérer une production conséquente. Certains apiculteurs ne pourront compter sur une production qu'en toute fin de saison, parce que les abeilles auront utilisé les miellées successives pour se développer, en ne permettant une production qu'à la fin de la saison. Or, les apiculteurs qui ont préparé les colonies à l'avance tout en profitant du développement actuel des ruches et du couvert végétal, vont commencer à produire dès la prochaine miellée qui est étroitement liée au cycle de production des agrumes...

* Comment évaluez-vous l'action gouvernementale dans le secteur apicole ces dernières années ?

On remarque que l'année dernière, les interventions du gouvernement ont été un peu moins importantes que celles entreprises les années d'avant. C'est compréhensible au vu des investissements énormes qui ont rythmé le secteur durant les premières années. Cela dit, il convient justement de faire l'évaluation de ces efforts pour bien comprendre les résultats obtenus par rapport aux objectifs escomptés. Là, les importations de miel continuent à augmenter en dépit de tous les investissements consentis... Je pense qu'il convient à ce stade de faire cet effort d'évaluation détaillée et surtout de continuer à soutenir et à encourager les producteurs bénéficiaires qui ont obtenu de bons résultats et qui se sont investis sérieusement dans la pratique apicole.
ODD : Des pollinisateurs qui fournissent autant de biens et de services
Au-delà de leur rôle de producteurs de miel, les abeilles sont des pollinisateurs sans lesquels le monde ne pourrait pas survivre : les insectes pollinisateurs ont un impact direct et positif sur les rendements des récoltes. Ils permettent notamment d'améliorer la production alimentaire de 2 milliards de petits agriculteurs dans le monde, apportant ainsi une contribution importante à la sécurité alimentaire de la population mondiale. La collecte du miel à partir de colonies d'abeilles sauvages demeure aussi un des moyens de subsistance des populations tributaires des forêts dans de nombreux pays en développement. À l'inverse, le déclin de ces espèces engendre de nombreuses conséquences sur les écosystèmes et sur la qualité et les quantités des cultures vivrières, avec pour conséquence directe un déséquilibre des régimes alimentaires et un appauvrissement des ressources naturelles, tout comme un appauvrissement des populations. La santé, voire la vie, de milliards de personnes s'en trouveront affectées et de nombreux objectifs de développement durable (ODD) ne seront plus atteignables.
Miels importés : Les apiculteurs s'allient contre la baisse des droits de douane
Si l'année 2025 s'annonce encourageante pour la filière apicole, 2024 s'était pour sa part clôturée dans un climat de crispation. Une disposition du Projet de Loi de Finances, prévoyant la baisse des droits d'importation sur le miel de 40% à 2,5%, avait provoqué une levée de boucliers dans les rangs des apiculteurs marocains. Jugée dangereuse pour l'équilibre du marché local, la mesure a été retirée, sous la pression des professionnels. Cet épisode a par ailleurs mis en lumière des dissensions au sein du secteur qui fragilisent davantage une filière déjà soumise à de fortes contraintes naturelles et techniques. En parallèle, le Maroc a été inscrit sur la liste des pays autorisés à exporter du miel vers l'Union Européenne. Une ouverture prometteuse, à condition de répondre aux normes strictes imposées par Bruxelles en matière de traçabilité, de sécurité sanitaire et de qualité gustative et organoleptique. La filière reste toutefois vulnérable : en 2022, la production nationale avait chuté de plus de 700 tonnes, conséquence d'une conjonction de facteurs : sécheresse prolongée, pression parasitaire accrue (notamment la varroa), et usage massif de pesticides. Si l'export constitue un levier de croissance, la relance durable du secteur dépend aussi du renforcement de l'accompagnement technique, d'une meilleure structuration des coopératives, et de dispositifs de contrôle fiables. Autant de conditions pour inscrire le miel marocain dans la durée, sur les marchés locaux comme internationaux.


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