L'armée syrienne, appuyée par des hélicoptères et des chars, bombardait mardi la ceinture est de Damas et les quartiers périphériques pour en chasser les rebelles, ouvrant un nouveau front dans la guerre civile qui déchire le pays. La communauté internationale, qui s'en tient à dénoncer les violences faute d'un consensus sur un règlement, a condamné le massacre à Daraya près de Damas, où sept nouveaux corps ont été découverts portant à 340 le nombre de morts dans un assaut de l'armée la semaine dernière selon les militants. Outre les morts qui se comptent par dizaines tous les jours dans les combats entre soldats et rebelles, les bombardements et les opérations sécuritaires des forces du régime qui veulent étouffer la révolte à travers le pays, les craintes internationales d'une grave crise humanitaire augmentent. Les belligérants ne semblent pas prêts de céder après plus 17 mois de conflit. Le régime du président Bachar al-Assad reste déterminé à en finir avec les rebelles qualifiés «de gangs terroristes à la solde de l'étranger» et l'opposition exige un départ de M. Assad du pouvoir. Le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a accusé les Etats-Unis d'être «l'acteur principal» qui encourage les rebelles à combattre le régime, après avoir écarté tout dialogue tant que le pays n'aurait pas été «purgé» des rebelles. Sur le terrain, les civils sont sous le feu. Lundi, 190 personnes, dont 116 civils, ont été tuées en Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Après avoir ouvert un nouveau front dans les quartiers est de la capitale, les troupes du régime ont bombardé violemment la ceinture est de Damas avant l'aube, pour sécuriser ce flanc, a précisé l'OSDH, basée au Royaume Uni et qui s'appuie sur un réseau de militants et témoins sur le terrain. Elles ont aussi pilonné les quartiers de l'est -Zamalka, Qaboun, Jobar et Ain Tarma-, où des combats avaient lieu selon cette ONG syrienne. Les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) ont affirmé avoir abattu la veille un hélicoptère de l'armée à Qaboun. Alep sous le feu Après avoir lancé une offensive majeure sur la ceinture sud-ouest de Damas la semaine dernière où se trouve Daraya, l'armée vise désormais la campagne bordant Damas à l'est, a indiqué la rébellion. Selon insurgés et militants qui ont dénoncé «un nouveau massacre du régime», l'armée a mené la semaine dernière une opération d'envergure de cinq jours à Daraya où elle a procédé à des bombardements, des exécutions sommaires et des perquisitions armées. Cependant les autorités ont accusé les «gangs terroristes» de cette tuerie. Le chef de l'ONU Ban Ki-moon a réclamé une enquête «immédiate et impartiale». Paris s'est dite «profondément choquée» et Washington a vu une «nouvelle et affreuse preuve de la répression brutale d'Assad». L'Union européenne a condamné le massacre aux circonstances «pas tout à fait claires». Sur l'autre grand front syrien, celui d'Alep (nord), des bombardements intenses continuaient de viser, selon l'OSDH, les quartiers où sont retranchés les rebelles, engagés depuis plus d'un mois dans une bataille cruciale pour cette métropole commerçante. Selon les médias officiels, l'armée a avancé dans Alep où elle a pourchassé et tué des «dizaines de mercenaires terroristes» et saisi des quantité d'armes. Plusieurs quartiers «ont été nettoyés des terroristes avec l'aide des habitants» dont celui d'Al-Izaa, selon l'agence Sana. Dans la province d'Idleb (nord-ouest), au moins 10 personnes ont péri dans le pilonnage de plusieurs localités où des violents combats opposaient par ailleurs rebelles et soldats, a précisé l'ONG. Et sept personnes ont péri à Hama (centre) par des tirs de l'armée. Réfugiés Depuis le début en mars 2011 de la révolte qui s'est transformée en guerre civile en raison de la répression menée par le régime, les violences ont fait plus de 25.000 morts, selon l'OSDH. Ces violences ont aussi poussé à la fuite des centaines de milliers de Syriens qui ont notamment trouvé refuge dans les pays voisins principalement en Jordanie, en Turquie et au Liban. La Turquie tente d'endiguer le flot de réfugiés qui ne tarit pas. Mardi, ils étaient au moins 10.000 candidats à l'exil à se presser le long des 900 km de frontière dans des conditions de plus en plus difficiles. Neuf camps de réfugiés installés par Ankara débordent de plus de 80.000 personnes. Les écoles et les pensionnats du sud de la Turquie sont saturés. Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a fixé à 100.000 le seuil d'acceptation des réfugiés. M. Davutoglu doit rejoindre jeudi New York pour demander, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, à ses partenaires d'alléger le «fardeau» de son pays et plaider à nouveau la création en territoire syrien d'une «zone de protection» sous contrôle de l'ONU pour y contenir les civils fuyant la guerre. Mais une telle zone tampon ou des passages sécurisés le long de la frontière requièrent une résolution de l'ONU, ce qui est loin d'être acquis avec l'opposition de la Russie à toute ingérence étrangère chez son allié syrien.