L'armée syrienne a bombardé les secteurs sunnites de l'est et du sud de Damas mercredi pour tenter d'en chasser les combattants rebelles, rapportent des membres de l'opposition. L'aviation a bombardé, dans l'est de la capitale, le quartier de Djobar, qui jouxte la grande place des Abbassides, et au sud, la banlieue de Daraya, disent des habitants de la capitale. Daraya, traversée par l'autoroute qui conduit à la Jordanie, fait partie de Mouaddamiya, un quartier sunnite musulman très peuplé. Un diplomate du Proche-Orient qui suit la situation de près décrit les combats dans et autour de Damas comme «un engagement majeur». «L'opposition est en train de frapper Damas à partir de diverses directions et le régime essaie de l'arrêter», raconte-t-il. Les deux zones bombardées font partie des quartiers musulmans sunnites qui sont en première ligne du soulèvement contre le régime du président Bachar al Assad, entamé il y a près de deux ans. Les rebelles sont entrés dans Djobar la semaine dernière après avoir franchi les lignes de défense de l'armée syrienne sur le périphérique et enfoncé des positions de l'armée et des milices qui soutiennent le président Assad dans le secteur. «En étant dans Djobar, les rebelles sont tout près (du centre) de Damas, mais la question est de savoir s'ils seront capables de tenir», souligne un militant du groupement d'opposition Centre des médias de Damas. Les forces alaouites des Gardes républicains et de la Quatrième division, sous le commandement du redouté Maher, le frère de Bachar al Assad, bombardent les secteurs rebelles de la capitale et de la banlieue à partir du Mont Kassioun situé près du palais présidentiel et de l'aéroport militaire de Mezze, au sud-ouest, situé près de Daraya et de l'autoroute de Beyrouth. Mercredi, des bombardements ont été entendus à Daraya, tenue depuis deux mois par les rebelles et où l'armée a fait une avancée ces derniers jours. «Daraya est touchée par les bombes à fragmentations, des bombes aérosols et des roquettes. On reçoit des gens qui doivent être soignés pour asphyxie dans l'hôpital de campagne», explique Abou Hamza, membre du Conseil local de Daraya qui administre le secteur depuis qu'il est aux mains de l'opposition. «Les combats sont rudes en bordure de la ville et là où les forces du régimes sont parvenues à faire des incursions», dit-il. Selon un bilan donné mardi par Navi Pillay, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, le soulèvement syrien devenu guerre civile a fait «probablement» 70.000 morts. Malgré cela, le directeur de la principale entreprise d'exportations d'armes russe a dit mercredi que la Russie continuerait de livrer des armes à la Syrie, notamment des systèmes de défense aérienne antimissile. Des négociations en Syrie ? Le ministère syrien des Affaires étrangères estime que les négociations entre le gouvernement et l'opposition doivent se dérouler «dans les territoires syriens», a rapporté jeudi l'agence officielle Sana. Auparavant, certains médias se référant au vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov ont rapporté que le chef de la diplomatie syrienne Walid al-Mouallem pourrait s'entretenir avec une délégation de l'opposition syrienne à Moscou dans le cadre de sa visite dans la capitale russe. «Le ministère qui accueille favorablement l'invitation par le côté russe du ministre al-Mouallem (à) fait savoir, quant aux nouvelles véhiculées sur la rencontre avec l'opposition, que la Syrie avait précisé plusieurs fois sa position affirmant que les portes de Damas sont ouvertes au dialogue dans les territoires syriens et sous le plafond de la patrie avec l'opposition à l'intérieur et à l'extérieur conformément au programme politique adopté par le gouvernement syrien», a indiqué le ministère. Soucieuse de la situation en Syrie, la Russie a invité à Moscou des représentants tant du gouvernement syrien que de l'opposition syrienne.