La Russie, dernier grand allié du président Bachar al Assad sur la scène internationale, a estimé jeudi que l'insurrection gagnait du terrain en Syrie et pourrait même l'emporter. A Bruxelles, le secrétaire général de l'Otan a lui aussi prédit que la fin du régime Assad était proche. «Regardons la situation en face», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, cité par l'agence de presse officielle RIA. «On ne peut malheureusement pas exclure la victoire de l'opposition syrienne.» Pour le ministre, qui a rang d'émissaire spécial du Kremlin pour le Proche-Orient, le gouvernement de Damas «est en train de perdre de plus en plus de terrain» et Moscou établit des plans en vue d'évacuer, si nécessaire, ses ressortissants présents dans le pays. «Je pense que le régime de Damas est près de s'écrouler», a prédit de son côté le patron de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen. «Je pense que ce n'est plus qu'une question de temps», a-t-il dit en ajoutant que le recours aux Scud témoignait d'un «mépris total» pour les vies humaines. L'émissaire russe a souligné que Moscou, qui a opposé à trois reprises son veto au Conseil de sécurité de l'Onu contre des projets de sanctions à l'encontre du régime Assad, continuerait à insister pour un règlement pacifique du conflit. Ses propos donnent toutefois à penser que la Russie se tient désormais prête à une défaite du régime Assad sous les coups de butoir d'un soulèvement pacifique devenu guerre civile qui a fait plus de 40.000 morts depuis mars 2011. Moscou a également critiqué la décision des Etats-Unis de reconnaitre officiellement la nouvelle Coalition nationale syrienne (CNS, opposition) lors de la réunion, mercredi à Marrakech (Maroc), du groupe des «Amis de la Syrie». Pour les Russes, cette démarche tend à indiquer que Washington a pratiquement renoncé à tout effort pour parvenir à une solution politique. L'étau se resserre autour de Damas Sur le terrain, un attentat à la bombe a fait au moins 16 morts à Katana, une localité située à environ 25 km au sud-ouest de la capitale et où vivent de nombreux militaires, à en croire des opposants ainsi que des médias officiels. L'explosion survenue à Katana, une localité proche de plusieurs bases de l'armée, s'est produite dans un quartier résidentiel abritant de nombreux militaires, a dit Rami Abderrahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Selon lui, le bilan s'établit à 17 morts, dont sept enfants et deux femmes, un chiffre ramené à 16 par l'agence de presse officielle Sana. La télévision publique a imputé l'attentat à des «terroristes», la terminologie officielle désignant les rebelles, et diffusé des images de soldats à proximité d'un immeuble en partie détruit. Une deuxième voiture piégée, d'après la chaîne de télévision publique Al Ilhbariya, a explosé dans le quartier damascène d'Al Djadideh, faisant huit morts, des femmes et des enfants principalement. Les insurgés progressent désormais le long d'un arc de territoire pratiquement continu de l'est au sud-est de Damas, malgré d'intenses bombardements de l'armée visant à les repousser. Outre leurs gains territoriaux enregistrés ces dernières semaines à la périphérie de la capitale, les rebelles ont mené des raids éclair ou déclenché des bombes à l'intérieur de Damas, prenant le plus souvent pour cibles des bâtiments de la sécurité d'Etat ou des secteurs considérés comme acquis au régime. C'est le cas notamment du quartier de Jaramana, où un double attentat à la bombe a fait 34 morts en novembre. D'après l'OSDH, des avions de guerre ont bombardé jeudi des quartiers est de Damas aux mains de l'insurrection et des tirs d'artillerie sont tombés sur Daraya et Moadamiyeh, des quartiers du sud-ouest situés non loin du centre-ville où les insurgés se battent pour s'y établir. Quant au président du CNS, il a assuré que le peuple syrien n'a plus besoin d'une intervention de forces internationales pour renverser le président Bachar al Assad. «Désormais, les Syriens n'ont rien à perdre. Ils gèrent leurs problèmes eux-mêmes. Ils n'ont plus besoin des forces internationales pour les protéger», a dit Mouaz al Khatib lors d'un entretien accordé à Reuters mercredi soir à Marrakech.