Que vingt-trois migrants périssent lors de la tentative d'entrer à Melilla forçant l'entrée du poste frontalier avec une cisaille et en escaladant et en chutant de la clôture de fer, ne peut être qualifié autrement qu'un vrai drame humanitaire, dont il faut déterminer les responsabilités directes et indirectes. Indépendamment des faits reportés par toutes les parties y compris les observateurs indépendants et les organisations des droits de l'homme nationales et internationales sur le niveau inédit de la violence de l'assaut, du fait que les migrants « étaient armés et violents, et que des personnes sont mortes piétinées lors d'une bousculade ou en tombant alors qu'ils essayaient d'escalader la clôture », ces migrants qui ont péri, ceux qui sont hospitalisés et tous les autres sont des victimes avant tout. Des victimes de réseaux criminels de trafiquants pratiquant la traite humaine dans l'insouciance des gouvernements et des fois par la complicité de quelques-uns qui facilitent cette traite ou ne fait aucun effort pour y faire face. Ils sont victimes de l'instabilité des pays, de la pauvreté, du désespoir, des politiques de plus en plus restrictives des pays classiques d'accueil des migrants, victimes de l'ignorance de la part des grands de ce monde vis-à-vis des attentes et des souffrances de toute une génération de jeunes, des générations ... il y a libre circulation des capitaux, des produits et « libre exode » des compétences qui appauvrissent encore plus les pays du sud, mais interdiction de circulation des humains en souffrance, en détresse. Le Maroc a choisi depuis des années son camp, sa position, sa politique migratoire et il assume ses choix. Le Maroc était, de part sa situation géographique, un pays de transit des migrants, et a décidé souverainement de se transformer en un pays d'accueil. Les choix politiques du Maroc sur la question migratoire sont clairs et renforcées par les décisions, les programmes et les interventions sur le sujet au Maroc comme à l'international. Le Maroc a fait clairement ses choix et il les assume en changeant ses lois, ses procédures, en renforçant ses structures et institution pour assurer aux migrants au Maroc leurs pleins droits et l'insertion sociale. Le drame de Melilla montre encore une fois la nécessité de repenser les questions migratoires de part et d'autre des pays de départ, d'accueil et de transit. Ce qui s'est passé le 24 juin ne peut aucunement avoir une relation quelconque avec les choix et les orientations du Maroc. Une enquête doit mettre toute la lumière sur ce qui s'est exactement passé. Le Maroc est un Etat de droit, et la justice doit prévaloir. Chacun, quel que soit son camp, doit assumer ses propres responsabilités s'il a agi conformément aux règles et à la loi ou s'il les a enfreints. Dans tous les cas, l'état de droit doit prévaloir et la politique migratoire du Maroc doit être renforcée pour éviter de tels drames, qu'ils se passent au Maroc ou ailleurs. Le Maroc doit continuer à assurer à ces victimes un traitement humanitaire conformément à ses traditions, ses orientations, ses engagements et ses devoirs. Un enterrement digne, les soins nécessaires et le soutien adapté.