Un nouveau rapport de l'organisation médicale humanitaire fait un zoom sur le royaume. Le Maroc « pays de transit et aussi destination forcée » est devenu une terre où la vulnérabilité des migrants subsahariens ne cesse d'augmenter. MSF tire la sonnette d'alarme Le document de 39 pages revient amplement sur les politiques migratoires qui ne prennent en charge que les critères sécuritaires au détriment des droits humains fondamentaux. « Les politiques migratoires privilégient des critères de sécurité qui priment sur le respect et les garanties des droits de l'Homme fondamentaux », précise David Cantero, coordonateur général de MSF au Maroc. Ce dernier ajoute que « les efforts renouvelés de coopération entre le Maroc et l'Espagne, selon ces pays, dans la lutte contre le crime transfrontalier, l'immigration illégale et le trafic des stupéfiants, ont des conséquences graves sur la santé physique et mentale des migrants subsahariens ». Les migrants entre violence, et manque de protection Le rapport « Bloqués aux portes de l'Europe », dénonce le climat de violence auquel les migrants sont exposés, de façon quotidienne. En témoignent les photos de blessures, images parfois choquantes, illustrées par le document disponible en intégralité sur le lien,www.bloquesaumaroc.org. Bloqués sur les routes migratoires qui changent constamment, les migrants subsahariens essayent de subsister avec des moyens très précaires. Au niveau de « la région de l'Oriental, frontalière avec l'Algérie et le territoire espagnol de Mellila », indique le rapport, « la grande majorité des migrants vivent en plein air, dans des forêts, des bâtiments abandonnés, des abris médiocres et ont un accès limité à l'eau et aux services sanitaires ». MSF, fidèle à sa mission, leur prodigue de l'aide afin d' « améliorer leurs conditions de vie, de prévenir les maladies et de contrôler leur propagation ». Les équipes de l'organisation distribuent fréquemment du matériel pour s'abriter, pour assurer un minimum d'hygiène. Ils donnent des ustensiles de cuisine et mènent des activités pour préserver l'eau et assurer l'assainissement. Le rapport souligne la vulnérabilité à laquelle sont exposés les migrants, « d'après la Loi marocaine 02-03 relative à l'entrée et au séjour des étrangers dans le Royaume du Maroc, à l'émigration et à l'immigration irrégulières, tout étranger se trouvant au Maroc sans documents officiels est un criminel. Malgré le fait que beaucoup de Marocains tentent d'aider et d'assister les migrants subsahariens, cette criminalisation signifie que la violence sociale, la discrimination, la stigmatisation et la marginalisation sont monnaie courante ». Traiter les migrants humainement Le rapport qui recueille également les progrès réalisés au Maroc pour l'accès de migrants aux services de santé, recommande urgemment le respect des droits humains. Témoins directs sur le terrain, les équipes de MSF ont constaté « les conséquences médicales humanitaires de l'écart entre les engagements du Maroc, en matière de droits humains et ses tentatives de lutte contre l'immigration illégale ». Une situation qui conduit à des niveaux significatifs de violence dont les seuls responsables demeurent les forces de sécurité marocaines. Fort de ce constat, MSF appelle à mettre fin à la violence, à faciliter l'accès aux soins de santé pour les migrants, à protéger et assister les victimes de violences sexuelles et de la traite d'être humains. En somme, « le gouvernement marocain doit œuvrer davantage pour respecter ses engagements internationaux (...). Les ONG et les agences de l'Onu (...) devraient étendre leur assistance aux migrants subsahariens dans tout le Maroc », recommande vivement MSF.