Dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances 2021, un rapport préalable au Budget traite de l'évolution récente de l'économie marocaine et des perspectives et projections macroéconomiques à venir. Conformément aux dispositions de la Loi Organique n°130.13 relative à la loi de finances, l'Argentier du Royaume vient de rendre public un rapport préalable au Budget. Une initiative qui, rappelons-le, entre dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances au titre de l'exercice 2021 et s'inscrit dans une certaine dynamique globale d'amélioration du processus de formulation du Budget. A ce titre, l'article 5 de cette Loi Organique est clair. Il stipule, entre autres, que la loi de finances de l'année est élaborée par référence à une programmation budgétaire triennale, actualisée chaque année en vue de l'adapter à l'évolution de la conjoncture financière, économique et sociale du pays. De toute évidence, le but attendu de cette manière de faire est double : entamer le débat sur le budget selon une approche triennale et, en même temps, s'assurer de sa cohérence avec les grandes orientations de la politique économique du pays. C'est, d'ailleurs, ce que précise ce rapport en mettant l'accent sur le fait qu'il s'agit d'un « processus pluriannuel du cadrage budgétaire, à même d'enrichir de manière continue les informations budgétaires et financières destinées au Parlement, et de renforcer la cohérence des politiques sectorielles avec les objectifs de durabilité du cadre macro-économique à moyen terme ». Ce qui présuppose « des hypothèses économiques précises et justifiées à même de servir de points de départ à la meilleure programmation-allocation des ressources budgétaires sur une période de trois années ». Aussi, lit-on dans ledit rapport, le PLF-2021 met en avant les priorités à mettre en œuvre dans une perspective de dépasser les répercussions négatives de la pandémie du nouveau Coronavirus (Covid-19), tant sur le plan économique que social et donne aussi suite à la mise en œuvre de la loi de finances rectificative pour l'année 2020, adoptée le 20 juillet dernier, en réaction aux déséquilibres provoqués par l'impact économique de la crise sanitaire. Côté chiffres, le rapport indique qu'à travers la concrétisation du PLF 2021, la croissance économique devrait se situer à 4,8% après une récession estimée à -5,8% en 2020 en se basant, en plus des contraintes du contexte actuel, sur une production céréalière de 70 millions de quintaux et un cours du gaz butane à 350 dollars le tonne. Etat des lieux Avant de traiter des perspectives macro-économiques, ledit document plante le décor et précise qu'à l'image de ses principaux partenaires, le Maroc a été fortement impacté par les répercussions de la crise sanitaire et les mesures de confinement qui en ont découlé, en plus de la contreperformance du secteur agricole suite à deux années consécutives de mauvaise production céréalière. Dans ces conditions, la valeur ajoutée agricole devrait afficher une baisse de 4, 5% en 2020, pour la deuxième année, après celle de -5,8% enregistrée en 2019. Et ce, au moment où les activités non agricoles, dont le secteur industriel, les BTP et le tourisme, devraient enregistrer une contraction de 6, 4 % après une hausse de 3,8% en 2019. Du coup, le PIB non agricole devrait, à son tour, enregistrer une baisse de 6% après une hausse de +3,5% en 2019. Parallèlement, les impôts sur les produits nets de subventions devraient reculer de 3,5% après +2% en 2019. La demande étrangère adressée au Maroc devrait fortement baisser en 2020 en lien avec les effets négatifs du choc sanitaire dans les principaux pays partenaires du Maroc, et la situation qui prévaut au niveau des activités industrielles dépendant des chaînes de valeur mondiales, notamment l'automobile, l'aéronautique, l'électronique et le textile-habilement. Fort heureusement, le tirage sur la Ligne de Précaution et de Liquidité permettrait d'atténuer l'impact de ces chocs exogènes sur la balance des paiements, et de maintenir les réserves de change à un niveau adéquat. D'autant plus qu'un fort affaiblissement s'est observé au niveau des recettes touristiques et des transferts des MRE. Perspectives pour l'année 2021 En termes de perspectives pour l'année 2021, les prévisions économiques sont établies sur la base d'un ensemble d'hypothèses portant sur l'environnement national et international dont essentiellement les prix des matières premières sur les marchés internationaux, la parité de change, l'évolution de la demande étrangère adressée au Maroc, et une production céréalière de 70 millions de quintaux. Le rapport précise aussi que ces perspectives tiennent compte de la mise en œuvre du plan de relance de l'économie nationale et de bien d'autres facteurs extra-économiques dont la maîtrise de l'épidémie et la réouverture des frontières à partir du 1er trimestre 2021, avec un regain progressif de la confiance des ménages et des investisseurs au courant de cette année. Sur la base de ces hypothèses, l'économie nationale devrait enregistrer un rebond du taux de croissance du PIB, en volume, de 4,8% en 2021 sous l'effet de l'amélioration de la valeur ajoutée agricole et du redressement attendu de l'économie nationale suite à la progression de la consommation et aux perspectives favorables prévues pour l'économie mondiale en 2021, qui devraient avoir des effets positifs sur la demande extérieure adressée au Maroc. A l'horizon 2023, les projections, telles que dévoilées par le rapport, tablent sur un redressement progressif de l'activité économique nationale pour enregistrer une croissance de 4,6% prévue en 2023 et une croissance annuelle moyenne de 4,5% au cours de la période 2021-2023. Il faut rappeler que dans un souci d'efficience, la Loi Organique relative à la Loi de Finances n°130-13 avait institutionnalisé, dès l'année 2019, le recours à la programmation budgétaire triennale pour améliorer les conditions de préparation du Budget et assurer un meilleur suivi de la performance des politiques publiques. N. BATIJE Repères Efficience des EPP En évoquant les nouvelles orientations budgétaires 2021-2023, le rapport préalable au Budget du département des Finances, traite du renforcement de l'efficience des EPP ( Etablissements et Entreprises Publiques) et évoque, à ce titre, la suppression de certaines entreprises ou de leurs filiales dont l'existence ne cadre plus avec les objectifs de leur création, ainsi que le regroupement dans de grands pôles, des établissements et des entreprises œuvrant dans des secteurs similaires. Postes budgétaires Hormis les secteurs prioritaires comme la santé, l'éducation et les secteurs sécuritaires (l'intérieur, les différents services de sécurité y appartenant, et l'Administration de la Défense Nationale), aucun nouveau poste budgétaire ne devrait être créé, particulièrement pour l'année budgétaire 2021. C'est, en tout cas, ce que révèle le rapport préalable au Budget qui note aussi que ces secteurs représentent, à eux seuls, plus de 90% du total des postes créés par l'ensemble des départements ministériels en moyenne entre 2017 et 2020. Couverture sociale Le rapport préalable au Budget parle d'une généralisation de la couverture sociale, avec une application progressive qui s'étalera sur les cinq prochaines années (2021-2025), au cours desquelles seront entreprises des réformes préalables et des mesures d'accompagnement. Ce chantier, préciset-on de même source, permettra de généraliser et d'unifier le cadre légal organisant l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et aussi de faire bénéficier les indépendants et les non-salariés, des allocations familiales, avant de l'étendre aux autres couvertures sociales, à savoir la retraite et l'indemnité pour perte d'emploi.