Une passion brûlante entre deux jeunes femmes, La vie d'Adèle du Franco-tunisien Abdellatif Kechiche, a remporté dimanche la Palme d'or du 66e festival de Cannes, une première pour un film qui parle aussi ouvertement et crûment d'homosexualité. «C'est une très belle histoire, un amour magnifique auquel tout le monde peut s'identifier, peu importe la sexualité», a estimé Steven Spielberg, président américain d'un jury qui a osé placer sur la plus haute marche un film aux scènes très explicites de sexe lesbien. Lors de la remise de la Palme, Spielberg avait maintenu le suspens en déclarant que le jury allait quelque peu innover «en honorant trois personnes» avant d'appeler les deux actrices «Adèle, Léa et Abdel… pour La Vie d'Adèle», qui sont montés ensemble sur scène où ils sont tombés dans les bras les uns des autres. La France, qui repart également avec le prix d'interprétation féminine attribué à la Franco-Argentine Bérénice Bejo dans Le Passé, n'avait pas remporté la Palme d'or depuis 2008 pour Entre les murs de Laurent Cantet. Un choix «osé» pour un film trop «cru» «Je voudrais dédier ce prix, ce film à cette belle jeunesse de France (…) qui m'a beaucoup appris sur l'esprit de liberté et du vivre-ensemble», ainsi qu'à «une autre jeunesse (…) de la révolution tunisienne, pour leur aspiration à vivre eux aussi librement, s'exprimer librement et aimer librement», a déclaré Kechiche en recevant son prix. «Nous avons été privilégiés de voir ce film et non gênés», a poursuivi Spielberg faite, allusion aux scènes de sexe très crues du film. Adèle Exarchopoulos, l'Adèle du film, s'est adressée à sa partenaire Léa Seydoux pour la remercier «d'avoir été aussi généreuse avec moi (dans) ce film». Adapté librement d'une bande-dessinée «Le bleu est une couleur chaude» de Julie Maroh, La vie d'Adèle – chapitre 1 et 2 suit la naissance et l'évolution d'une passion absolue entre les deux personnages d'Adèle et d'Emma.