Aziz Akhannouch a tenté, mercredi, de libérer l'accord agricole Maroc-l'UE, toujours otage du Parlement de Strasbourg. L'issue de cette tentative du ministre ne sera connue qu'en octobre. Le Parlement européen (PE) vit à l'heure de l'accord agricole entre le Maroc et l'Union européenne. Après le vote, mardi, de la Commission de l'Agriculture, le ministre de l'Agriculture, Aziz Akhannouch, s'est présenté mercredi devant les membres de la Commission du Commerce international au PE, avec le but de convaincre les eurodéputés de l'utilité de la ratification de l'accord du 13 décembre 2010. Le plaidoyer du ministre RNIste a porté essentiellement sur les « grands progrès démocratiques » accomplis par le royaume, à l'instar de « la nouvelle Constitution » et la «régionalisation avancée » qui offre aux populations la possibilité d'être responsables de leur « développement ». Faisant parler les chiffres, Aziz Akhannouch a mis l'accent sur l'importance du secteur agricole dans l'économie nationale et a fait valoir la place prioritaire qu'occupe l'agriculture en tant que levier socioéconomique. Selon ses propres dires, rapportés par la presse espagnole, ce dernier représente « entre 15 et 20% du PIB » et assure l'emploi à « quatre ou cinq millions » de travailleurs. Le ministre a également estimé que 45% des Marocains vivent dans des zones rurales. Si l'accord agricole n'est pas ratifié par le Parlement européen, 80 000 Marocains sans emploi seront alors tentés par le passage à l'autre rive de la Méditerranée. S'adressant aux membres de la Commission du Commerce international, Akhannouch a souligné que « l'Europe est un grand partenaire du Maroc » qui représente un marché de « 33 millions de consommateurs » pour les agriculteurs et les industriels de l'UE. La libéralisation des exportations agricoles ne bénéficie pas uniquement aux producteurs marocains mais également aux Européens. Poursuivant son plaidoyer, le ministre RNIste a tenté de dissiper les craintes des eurodéputés, amplifiées par la presse et le lobby espagnol, assurant que les autorités marocaines ont mis en place « des instruments de contrôles » des volumes de produits marocains écoulés sur le marché européen. Dans son plaidoyer, Aziz Akhannouch a fait allusion aux risques liés à l'immigration illégale au cas où l'accord agricole n'est pas ratifié par le Parlement européen, estimant que cette décision laisserait 80 000 Marocains sans emploi et qui seront alors tentés par le passage à l'autre rive de la Méditerranée. La question du Sahara, sujet de discorde entre le Parlement européen et le Maroc, n'a pas échappé au menu de la rencontre entre le ministre et les eurodéputés membres de la Commission du Commerce international. Le Français José Bové et l'Espagnol Raul Romeva (Verts) ont interpellé, encore une fois, la Commission européenne afin de dissiper les doutes juridiques sur l'incorporation du Sahara dans les clauses des accords agricole et de pèche. La CE, par la voix de Catherine Ashton, la haute représentante de l'UE, a pris une position pro-marocaine sur ce sujet, affirmant que les provinces du Sud sont sous « administration marocaine ». Mercredi, tout n'était pas sombre pour la partie marocaine. Des eurodéputés du groupe socialiste et même populaire, à l'exception bien entendu des Espagnols, ont fermement soutenu la position du royaume. Le directeur général de la direction de l'Agriculture au sein de la Commission européenne, José Silva, s'est rangé du côté de Rabat, assurant devant les eurodéputés que le Maroc est un partenaire stratégique » pour les Vingt Sept sur les plans commercial et politique. Répondant aux craintes des producteurs espagnols, il a affirmé que tout le monde est gagnant d'une libéralisation du commerce avec le Maroc. Après la réunion du mercredi, les membres de la Commission du Commerce international devront élaborer un rapport, sur la base duquel les eurodéputés détermineront, en octobre, l'issue de cet accord qui a nécessité quatre ans de négociations entre Rabat et Bruxelles.