Les arguments présentés par la Commission de l'Agriculture du Parlement européen (PE) pour justifier sa décision de rejeter l'accord agricole entre le Maroc et l'Union européenne (UE) "ne sont pas recevables", a affirmé le président de l'Institut marocain des relations internationales (IMRI), Jawad Kerdoudi. Le nouvel accord agricole Maroc-UE, signé le 17 décembre 2009 et approuvé par le Conseil européen des ministres de l'Agriculture et de la Pêche le 13 décembre 2010, a été examiné le 12 juillet dernier par la Commission de l'Agriculture du PE qui l'a rejeté par 24 voix contre, 14 voix pour et 2 abstentions. Les raisons invoquées sont "l'incompatibilité des produits agricoles en provenance du Maroc avec les normes sanitaires de sécurité alimentaire et la protection de l'environnement en vigueur dans l'UE", a indiqué M. Kerdoudi, ajoutant que la Commission a également relevé "les conditions de travail au Maroc qui pratique, selon elle, une politique de dumping". Pour M. Kerdoudi, les arguments de la Commission de l'Agriculture du PE "ne sont pas recevables", dans la mesure où le Maroc est exportateur des fruits et légumes vers l'Europe depuis plusieurs décennies, et a mis en place un Organisme public de contrôle des produits agricoles, dûment agréé par la Commission européenne. En plus, en 2010 une loi sur la sécurité sanitaire des produits alimentaires a été promulguée au Maroc dans le cadre de la convergence des règlements, prévue par le Statut avancé, a rappelé le président de l'IMRI, ajoutant que l'accusation de dumping n'est pas, non plus avérée, du fait que les exportateurs marocains vendent à des prix qui leur laissent un profit. "En fait, la Commission de l'Agriculture du PE a été influencée par le Parti populaire espagnol, et par les associations espagnoles de fruits et légumes, qui rechignent à voir un concurrent prendre une petite part supplémentaire du marché européen", a affirmé M. Kerdoudi. Tenant compte également que le Maroc est un partenaire stratégique de l'UE dans le cadre du Statut avancé, il serait incompréhensible et injuste que le PE ne ratifie pas l'accord Maroc-UE en octobre prochain, a-t-il signalé. Il a, en outre, fait état d'autres arguments présentés par le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch, devant la Commission du commerce international du PE. M. Akhannouch avait relevé que la part du marché des fruits et légumes en provenance du Maroc ne représente que 2,5 pc des importations totales agricoles extra-communautaires, et que la production marocaine est complémentaire à celle européenne en matière de volume, de calibrage et de calendrier. De plus, a relevé M. Kerdoudi, la libération des exportations des produits agricoles vers l'UE et la réalisation du Plan Vert marocain, vont contribuer à accentuer les exportations européennes vers le Maroc de tous les intrants, précisant que 16 pc des exportations marocaines des fruits et légumes sur l'Europe se font par des entreprises européennes installées dans le Royaume. En outre, la balance alimentaire du Maroc vis-à-vis de l'UE est déficitaire d'environ 1 milliard de dirhams, a-t-il noté. Il a également fait savoir que les différents accords Maroc-UE prévoient une libéralisation graduelle des échanges réciproques, estimant que c'est dans ce sens que l'UE a "toujours été réticente" à l'entrée massive des fruits et légumes marocains, imposant des contraintes de prix, de calendrier et de contingent. En vertu de l'accord agricole Maroc-UE, le Royaume obtient l'augmentation des quotas de six fruits et légumes: tomate, courgette, ail, clémentine, concombre et fraise.