La Chambre criminelle de la Cour d'appel de Fès a décidé mardi l'acquittement des huit détenus d'Al Adl Wal Ihssane, poursuivis pour enlèvement et séquestration sous la torture. Lors de la quatrième séance du procès, qui a duré du lundi matin au mardi soir, la défense des prévenus a établi l'existence de plusieurs infractions dans la procédure. Elle a également déposé six recours concernant les pièces à convictions, l'audience du journaliste qui avait interviewé le plaignant et le déplacement au siège de la BNPJ pour identification des instruments utilisés dans les séances de la torture des prévenus. Après la présentation des pièces à conviction, la Cour a rejeté la légalité des pièces qui n'avaient pas été mises sous scellé. Mardi, vers 19h30, les huit adlistes avaient quitté la prison d'Aïn Kadouss accompagnés d'un nombre important de militants d'Al Adl et en présence de Mohamed Abbadi et Abdessamad Fathi, membres du Conseil d'orientation de la Jamaâ. Commentant l'issue du procès de Fès, Fathallah Arsalan, porte-parole d'Al Adl Wal Ihssane, a considéré que «ce qui est arrivé représente un modèle qui devrait être généralisé et devenir une option et une approche pour la défense de toutes les forces vives quelle que soit leur idéologie». Pour rappel, le procès des sept militants d'Al Adl, en détention provisoire depuis le 28 juin, avait débuté lundi 4 octobre, sous un important dispositif sécuritaire et une présence massive des cadres et militants d'Al Adl ainsi que des observateurs étrangers. Sept adlistes, Mohammed Slimani, Abdellah Bella, Hicham Houari, Hicham Mesbahi, Azeddine Slimani, Abou Ali Lemnewer, Tariq Mehla étaient poursuivis pour enlèvement et séquestration sous torture, vol qualifié avec utilisation d'armes et violence et appartenance à un mouvement non autorisé. Concernant le huitième membre (Mohammed Baqloul), en liberté provisoire, il était accusé d'appartenir à un mouvement non autorisé. L'affaire remonte au mois de juin lorsque la BNPJ avait interpellé, à l'aube du 27, les sept membres d' Adl Wal Ihssane, dont deux dirigeants locaux, accusés d'enlèvement et de séquestration d'un avocat et cadre dirigeant à Fès de l'association de Cheikh Yacine et qui avait démissionné d'Al Adl Wal Ihssane. Selon des sources concordantes, Mohamed Ghazi, avocat au Barreau de Fès, membre du Cercle des avocats d'Al Adl et chef de section de la Jamaâ à Fès et Meknès, avait déposé plainte auprès du Parquet pour enlèvement et séquestration après avoir déposé sa démission d'Al Adl. Le 10 novembre, une coordination de soutien aux sept détenus d'Al Adl Wal Ihssane de Fès avait été constituée à Rabat au bureau du bâtonnier Abderrahman Benameur et comptait parmi ses membres des avocats et militants des droits de l'Homme de gauche. L'initiative a été entreprise suite à un appel lancé par Al Adl Wal Ihssane et aux informations de mauvais traitements ainsi que l'absence de garantie d'un procès équitable. Le procès a connu aussi la présence de treize avocats du Barreau de Bruxelles et deux observateurs étrangers, dont Violette Daguerre du Comité arabe de défense des droits de l'Homme et d'Amnesty International, qui avaient décidé de marquer leur présence à ce procès. Une chose est sûre : si le procès de Fès est clos, le dossier d'Al Adl Wal Ihssane ne l'est pas. D'autres procès se tiennent toujours dans d'autres villes du pays.