Des avocats belges assistent les détenus d'Al Adl Wal Ihssane dans leur procès du 13 décembre. Ils comptent intenter un autre procès en Belgique pour torture des détenus. Treize avocats du barreau de Bruxelles et deux observateurs étrangers, dont Violette Daguerre du Comité arabe de défense des droits de l'Homme et d'Amnesty International, ont décidé de marquer leur présence lors du procès des sept détenus d'Al Adl Wal Ihssane à Fès. Dimanche après-midi, les 13 défenseurs belges, dont l'ex-avocat du Belgo-marocain Abdelkader Bellirej, avaient tenu une conférence de presse au siège de l'AMDH pour expliquer les raisons de leur soutien aux détenus d'Al Adl Wal Ihssane qui sont pour les avocats belges d'honorables pères de famille et non pas de vulgaires barbus ou de radicaux islamistes. C'est un véritable réquisitoire contre la machine judiciaire et sécuritaire marocaine que les avocats belges et les observateurs ont fait devant une salle composée essentiellement de proches des familles des sept adlistes. Seuls quatre journalistes ont assisté à la conférence, vu le timing et l'événement national de Casablanca. Lors de la dernière audience, tenue le 4 octobre, trois avocats belges avaient été présents au tribunal de Fès pour soutenir les adlistes. Selon Me Isa Gultaslar, «ce n'est pas tous les jours que 13 avocats du barreau de Bruxelles partent à l'étranger, ce n'est pas tous les jours que des pères de famille sont torturés pendant trois jours. Nous sommes déjà venus le 4 octobre, nous avons constaté la présence d'une force disproportionnée. Si l'audience est reportée, nous poursuivrons toujours le dossier». Torture et compétence internationale Selon un des avocats belges, le but de la présence massive de ses confrères belges est de pouvoir intenter dans le futur, en Belgique, un procès pour torture à des sécuritaires marocains, à l'instar d'un procès célèbre au Pays-Bas contre un colonel congolais pour pratique de torture sur un code ses compatriotes au Congo, sur la base de la compétence universelle. Cette condamnation avait été approuvée par le comité international contre la torture. La Belgique a été un des premiers pays à reconnaître la compétence universelle. «Quelle que soit l'issue de ce procès, on n'exclut pas qu'un tribunal belge puisse lui-même, dans un mois ou dans un an, poursuivre des officiers marocains qui auraient torturé d'autres Marocains ici au Maroc», explique Me Isa Gultaslar. Selon Me Vincent Lurquin, «les actes de torture sont des actes contre l'humanité, donc toute l'humanité peut juger de tels actes». Lors de la même conférence Me Isa Gultaslar avait énuméré toutes les techniques de torture ayant été exercées sur les sept adlistes. Pour rappel, le procès des sept détenus d'Al Adl, en détention provisoire depuis le 28 juin, avait débuté lundi 4 octobre sous un important dispositif sécuritaire et une présence massive des cadres et militants d'Al Adl et d'observateurs. les sept adlistes, à savoir Mohammed Slimani, Abdellah Bella, Hicham Houari, Hicham Mesbahi, Azeddine Slimani, Abou Ali Lemnewer et Tariq Mehla, sont poursuivis pour enlèvement et séquestration sous torture, vol qualifié avec utilisation d'armes et violence, et appartenance à un mouvement non autorisé. Concernant le huitième membre (Mohammed Baqloul), poursuivi mais en état de liberté provisoire, il est accusé d'appartenir à un mouvement non autorisé. L'affaire remonte au mois de juin, lorsque la BNPJ avait interpellé à l'aube du 27 juin les sept membres d'Al Adl Wal Ihssane dont deux dirigeants locaux accusés d'enlèvement et de séquestration d'un avocat et cadre dirigeant à Fès de l'association du Cheikh Yacine, qui avait démissionné d'Al Adl Wal Ihssane. Selon des sources concordantes, Mohamed Ghazi, avocat au Barreau de Fès, membre du Cercle des avocats d'Al Adl et chef de section de la Jamaâ à Fès et Meknès, avait déposé plainte auprès du Parquet pour enlèvement et séquestration après avoir remis sa démission d'Al Adl. D'autre part, la Jamaâ affirme que ce dernier n'était qu'une taupe en son sein, qui l'espionnait au profit de la DST.Le 10 novembre, une coordination de soutien aux sept détenus d'Al Adl Wal Ihssane s'est constituée au bureau du bâtonnier Abderrahman Benameur et compte parmi ses membres des avocats et militants des droits de l'Homme de gauche. La liste des membres de cette coordination de soutien comporte des universitaires et militants de toutes les tendances politiques comme l'Istiqlal, l'USFP, le PSU, le PJD ou le PADS. Quelle que soit l'issue de ce procès, on n'exclut pas qu'un tribunal belge puisse lui-même poursuivre, dans un mois ou dans un an, des officiers marocains qui auraient torturé d'autres Marocains ici au Maroc», explique Me Isa Gultaslar.