La première édition du Forum Play4Peace au Maroc s'est tenue, mercredi 9 avril à Rabat, à l'initiative de l'ONG belge éponyme. Sous le thème «sport et culture : un levier pour le développement personnel et professionnel des jeunes», les organisateurs aspirent à un ancrage territorial de ce projet dans l'Oriental, inspiré de l'expérience mise en place à Bruxelles. Play4Peace a tenu son premier forum au Maroc, mercredi 9 avril à Rabat, sous le thème «sport et culture : un levier pour le développement personnel et professionnel des jeunes». A l'occasion de la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, l'événement a été organisé en partenariat avec le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), l'ambassade de Belgique au Maroc, la Fondation Hiba et le Comité national olympique marocain (CNOM). Cette édition inaugurale aura été une aubaine pour l'ONG, qui a annoncé la création d'une House4Peace dans la région de l'Oriental, au bénéfice des jeunes de la région. A Bruxelles, la House4Peace déjà mise en place par l'association propose aux jeunes un espace pour «étudier et/ou travailler sur leurs projets personnels dans un environnement stimulant et accueillant». Voulu comme un «lieu d'étude et de rencontre», il est «accessible 7/7 jours tout au long de l'année», pour servir de repère de «partage et d'apprentissage». Pour développer autonomie et responsabilité chez les jeunes, l'accès est géré par un groupe issu de l'ONG. Sur place, des espaces permettent d'accueillir des conférences, des formations et des activités divertissantes, outre les soirées jeux de sociétés. Pour les initiateurs, adapter ce projet aux particularités et aux besoins locaux au Maroc est l'aboutissement de 11 ans de travail à Bruxelles. Au cœur de la ville cosmopolite, l'associatif belgo-marocain Ayman Ramdani a en effet créé son association Play4Peace, en 2014. Lui-même natif de la capitale belge, il a eu à cœur de «favoriser l'inclusion sociale en accompagnant les jeunes moins favorisés, de 16 à 28 ans, dans leur développement personnel et professionnel grâce au sport, à l'éducation et au mentorat». Un partage des bonnes pratiques à travers le travail avec les jeunes Après 10 ans de travail sur le terrain, ses résultats significatifs lui ont valu une distinction en tant que commandeur de l'Ordre de la Couronne par le roi Philippe de Belgique. Désormais, le président fondateur compte bien mettre cette expérience au service de sa terre natale, le Maroc, et particulièrement sa région parentale, l'Oriental. A ce titre, Ayman Ramdani explique que l'action de son association «s'inscrit pleinement dans la dynamique du sport comme outil de développement». Ayman Ramdani «J'ai créé cette association en hommage à mon père, paix à son âme, parce que le deuil a été impossible et qu'il nous a toujours sensibilisés à l'importance de s'occuper des autres orphelins, pour en avoir été un lui-même», explique-t-il. Au-delà des jeunes ayant perdu un parent, le fondateur s'est donné comme finalité personnelle de tendre la main à celles et ceux en situation difficile ou vulnérable, «pour casser les barrières sociales et culturelles en développant leur talent et potentiel». Au Maroc, son ambition a ainsi été de mettre en lumière cette initiative, à travers un forum axé sur le sport et la culture «comme moyens efficaces d'inclusion sociale et économique». A cet effet, Ayman Ramdani prône l'idée de «mettre en place des actions concrètes pour l'insertion des jeunes marocains, en particulier ceux issus de régions prioritaires». En présence de personnalités belges et marocaines, d'institutionnels, d'associatifs et de jeunes, les débats ont porté notamment sur l'impact de ces deux composantes sur le bien-être et l'avenir de la jeunesse. Chargée de mission au CCME, Ghislaine El Abid a pour sa part souligné l'intérêt de cette dynamique, à travers l'impact des sportifs d'origine marocaine sur les liens entre leurs pays d'accueil et celui d'origine. «Ces figures publiques, qu'elles soient actives dans le football, le basketball, ou d'autres disciplines, sont souvent vus comme des ponts entre les cultures», a-t-elle affirmé. Dans son intervention, elle a insisté également sur l'importance d'étudier «comment les actions [de ces personnalités] et leurs discours favorisent le dialogue interculturel, réduisent les stéréotypes et promeuvent des messages de paix et d'unité». Créer des modèles inspirants pour les jeunes en difficulté Ghislaine El Abid a par ailleurs mentionné «quelques figures emblématiques» pour illustrer cet aspect, à l'image de l'international marocain Achraf Hakimi, ou encore Ibtissam Bouharat, professionnelle du football en Belgique, l'une des premières femmes issues de l'immigration à intégrer, très jeune, un club professionnel belge. Diaspo #102 : Ibtissam Bouharat, professionnelle du football international distinguée en Belgique «Ces sportifs de haut niveau peuvent avoir une mission de «role model» pour les jeunes générations, et pas seulement de la même nationalité. Ils peuvent aussi avoir un rôle dans la déconstruction des clichés. Leur voix (et voies aussi) est entendue», a-t-elle ajouté. «On peut aussi qualifier les compétions internationales de coopération bilatérale renforçant non seulement les liens entre les peuples, mais aussi les pays», a-t-elle encore déclaré. Abordant la dimension d'autonomisation dont ces dynamiques peuvent être le catalyseur, Ghislaine El Abid a cité l'expérience de la boxeuse d'origine marocaine Ilhame Raguig, quatre fois championne du monde en boxe, trois fois championne d'Europe et 13 fois championne de France. «Elle a aussi fondé une fondation pour la défense et la protection des droits des femmes contre les discriminations faites au genre et toute forme discrimination au sens large», a-t-elle expliqué. «Pour le cas de Ilhame Raguig, ce n'est pas seulement un message de défense des droits, de paix ou de dialogue avec autrui, mais aussi un combat personnel dans un moment très fort et symbolique, durant lequel elle lutte contre une récidive de cancer. C'est un message d'espoir et de victoire, un dialogue avec soit même pour puiser de la la force même quand on pense ne plus en avoir», a souligné Ghislaine El Abid. Diaspo #331 : Ilhame Raguig, le combat d'une boxeuse marocaine contre le cancer Ilhame Raguig Un développement humain à dimension régionale En vue de renforcer la coopération entre la Belgique et le Maroc, ce premier forum a été également une occasion pour annoncer le développement de Play4Peace Morocco. Pour Ayman Ramdani, il s'agit de s'adapter aux besoins des jeunes marocains dans les régions, dans le cadre d'un projet inscrit dans le Programme national intégré de la jeunesse du Nouveau modèle de développement. L'objectif sera ainsi de «répondre aux priorités nationales en matière d'insertion socio-économique» à travers l'éducation et la formation, l'accès à la culture, aux activités sportives et aux loisirs, l'inclusion économique et l'accès à l'emploi, ainsi que la participation citoyenne. Ayman Ramdani y croit, d'autant que les chiffres indiquent que depuis la création de l'ONG à Bruxelles, celle-ci a soutenu plus de 20 000 jeunes. En 2018, l'association a même remporté le Prix du meilleur événement mondial lors du Forum Peace and Sport, présidé par le prince Albert de Monaco. En 2021, elle est élue «SDGs Voice» par l'Institut fédéral pour le développement durable, en reconnaissance de son engagement en faveur des Objectifs de développement durable (ODD).