La migration deviendra de plus en plus nécessaire pour les pays à tous les niveaux de revenu. C'est l'un des enseignements d'un nouveau rapport de la Banque mondiale sur le sujet. De la matière supplémentaire à débattre sur «Les migrants, les réfugiés et les sociétés». Il s'agit d'un volumineux rapport de 200 pages, de la Banque mondiale, rendu public ce mercredi en marge d'un événement global organisé par la Banque mondiale, le ministère de l'Economie et des Finances et l'Université Abdelmalek Essaâdi de Tanger. L'événement a permis de dresser un état des lieux de la mobilité dans le monde actuel, les conséquences des changements démographiques sur la concurrence mondiale ou encore l'impact du changement climatique sur les facteurs économiques de la migration. Cet évènement fait partie de la série d'évènements organisés en préparation des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, qui se tiendront à Marrakech en octobre 2023. Plusieurs hauts responsables ont pris part à ce rendez-vous. Parmi eux, on peut citer Bouchta El Moumni, président de l'Université Abdelmalek Essaâdi de Tanger, Jesko Henstchel, directeur pays de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, Amina Bouayach, présidente du CNDH, François Reybet-Degat, représentant du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés au Maroc (UNHCR), Quy-Toan Do, économiste principal à la Banque mondiale et co-auteur du rapport, Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), Colette Meffire Njiasse, présidente de l'ONG Mosaic, Chadia Arab, géographe et chercheuse au CNRS et Raffaella Greco Tonegutti, économiste principale à ENABEL. Revenons aux principaux renseignements de ce rapport. À travers le document en question, la Banque mondiale nous apprend qu'environ 2,3% de la population mondiale – ou 184 millions de personnes, dont 37 millions de réfugiés – vivent en dehors de leur pays de nationalité. Les mouvements transfrontaliers d'aujourd'hui se caractérisent par leur diversité allant des raisons d'émigrer aux compétences et caractéristiques démographiques en passant par les statuts juridiques, situations et perspectives. La même source ajoute que quelque 43% des migrants et des réfugiés se trouvent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire et 40% le sont dans des pays à revenu élevé de l'Organisation de coopération et de développement économiques alors que les 17% restants sont dans des pays du Conseil de coopération du Golfe. Il existe des pays d'origine et de destination à tous les niveaux de revenu et, en fait, beaucoup jouent les deux rôles à la fois, à l'instar du Mexique, du Nigéria et du Royaume-Uni. A ce propos, l'institution de Bretton Woods souligne que «la migration se trouve être un puissant moteur de développement, améliorant la vie de centaines de millions de migrants, de leurs familles et des sociétés qui les accueillent à travers le monde. Si elle est bien gérée, elle peut contribuer à accroître la prospérité et aider à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies». Dans le même sens, la Banque mondiale ajoute d'ailleurs que la migration deviendra de plus en plus nécessaire pour les pays à tous les niveaux de revenu. Car, estime-t-elle, les gens émigrent à cause de déséquilibres mondiaux tels que les importantes disparités de bien-être, et de chocs comme les conflits et la violence. Mais le paysage de la migration est en train d'évoluer et le contexte semble favorable. En effet, estime la Banque mondiale, les changements démographiques attisent la compétition pour les travailleurs et les talents face au vieillissement rapide des populations des pays à revenu élevé et intermédiaire. La proportion de personnes âgées de plus de 65 ans dans les pays à revenu élevé a atteint le niveau historique de 19% en 2022 et devrait encore augmenter. Cette augmentation exerce une pression sur l'économie mondiale, les soldes budgétaires et le contrat social au sens large. En Corée du Sud, pays où le vieillissement est le plus rapide, une personne sur six aura plus de 80 ans d'ici 2050, soit quatre fois plus qu'aujourd'hui. De même, la plupart des pays à revenu intermédiaire ont bien engagé leur transition démographique, pendant que leurs taux de fécondité sont en chute libre. Au Bangladesh, en Chine, en Inde, à Maurice, au Mexique, en Thaïlande, en Tunisie et en Turquie, les taux de fécondité n'atteignent pas le seuil de renouvellement, ce qui accroît le risque que la population de nombreux pays à revenu intermédiaire vieillisse avant que ceux-ci n'accèdent au statut de pays riches. En revanche, la population des pays à faible revenu continuera d'augmenter rapidement, expliquent les enquêteurs de la Banque mondiale. Khadim Mbaye / Les Inspirations ECO