La dynamique démographique peut soutenir le développement si les gouvernements appliquent des politiques adaptées aux données démographiques. Les pays qui passent d'un taux de fertilité élevé à un taux plus bas peuvent bénéficier d'une part plus importante de la population en âge de travailler. Ces pays disposent du potentiel pour réaliser le premier et le second dividende démographique, tous les deux bénéfiques à la réduction de la pauvreté et une prospérité partagée ainsi qu'à une croissance et un développement globaux. La moitié de la population mondiale et la plupart des pauvres vivent dans des pays où la part de la population en âge de travailler est en augmentation. Mais cette augmentation de la population en âge de travailler n'est bénéfique que si les gouvernements veillent à ce que les politiques et les institutions profitent de cette tendance. L'autre moitié de la population mondiale vit dans des pays où les populations sont vieillissantes et où la part de la population en âge de travailler baisse. Dans ces pays, les politiques devront être adaptées à l'évolution démographique. Une politique démographique avisée peut couvrir un large éventail de domaines, dont le développement humain, le développement du secteur privé et le développement financier, ainsi que l'amélioration de la gouvernance. Ce qui est certain, c'est que le changement démographique n'est ni bon ni mauvais universellement. Il peut présenter partout des opportunités mais aussi des défis. Les politiques peuvent faire la différence en orientant les impacts du changement démographique en faveur des objectifs de développement. Naviguer dans cette dynamique nécessite des politiques saines et adaptées au contexte démographique du pays. Dans les pays en situation de pré-dividende, les politiques doivent susciter la transition démographique en relevant les défis du développement humain et en accélérant la baisse de la fécondité pour augmenter la part de la population en âge de travailler et stimuler la croissance économique. Dans les pays en situation de dividende précoce, la priorité est d'accélérer la création d'emplois en investissant dans le capital humain et en assurant un environnement favorable au développement du secteur privé pour aider à saisir le premier dividende démographique et jeter les bases du second dividende. Dans les pays en situation de dividende tardif, où le taux de fécondité est faible et la part de la population en âge de travailler est élevée (mais en diminution), le principal défi est de soutenir la croissance de la productivité en mobilisant l'épargne en direction des investissements productifs, tout en se préparant au vieillissement. Enfin, dans les pays en situation de post-dividende, la première priorité politique est de s'adapter au vieillissement grâce aux efforts de maintien du bien-être et d'adaptation à l'évolution des demandes de services, tout en encourageant une hausse du taux de fécondité vers le seuil de renouvellement. Les politiques axées sur le développement humain peuvent aider à faire progresser les pays en situation de pré-dividende vers l'étape suivante de la transition démographique. Ces politiques incluent l'amélioration de la santé maternelle et infantile, la généralisation de l'enseignement, en particulier pour les filles, et l'autonomisation des femmes dans les ménages, dans la population active et dans l'économie en général (Bloom et autres 2009 ; Soares et Falcão 2008 ; Banque mondiale 2015a). Compte tenu de leur potentiel de réduction du taux de fécondité et de réduction de la mortalité infantile, ces trois domaines peuvent être considérés comme des « accélérateurs interactifs » qui stimulent la transition démographique, tout en restant intrinsèquement d'importants objectifs de développement. La finalisation du programme inachevé des OMD liés à ces politiques devrait être considérée comme l'une des priorités des pays en situation de pré-dividende. Afin de maximiser les dividendes démographiques, les pays en situation de dividende précoce doivent se concentrer sur les interventions permettant d'absorber l'arrivée de nouveaux travailleurs par des emplois productifs. Le premier dividende démographique n'apparaît que dans la mesure où une économie est en mesure de créer des emplois productifs pour la part grandissante de la population en âge de travailler. De plus, ces pays doivent poser les fondations nécessaires au second dividende démographique. Il est nécessaire d'accélérer la création d'emplois, en veillant à ce que celle-ci soit suffisante pour absorber la main-d'oeuvre aux différents niveaux de revenu tant du côté de l'offre (en particulier le développement du capital humain) que de la demande (croissance économique à forte intensité d'emplois). Ces politiques devraient également inclure la suppression des obstacles à la participation des femmes au marché du travail, étant donné le fossé persistant entre les genres sur ce marché. Les pays en situation de dividende tardif sont confrontés au défi de transformer le premier dividende démographique en second dividende, plus durable. La quantité du second dividende dont ces pays pourront profiter dépendra du capital physique et humain accumulé. Cette accumulation de capital est, à son tour, affectée par les politiques. Par exemple, les pays en situation de dividende tardif doivent mettre en oeuvre de fortes politiques dans le secteur financier qui leur permettront de mobiliser l'épargne privée en support des investissements. Compte tenu de la baisse prévue de la population en âge de travailler, un développement à plus forte intensité capitalistique est souvent nécessaire pour soutenir la croissance. Les politiques qui encouragent l'expansion géographique du secteur financier et élargissent l'accès aux banques et à d'autres institutions financières intermédiaires peuvent aider à canaliser l'épargne vers les investissements dans de petites et moyennes entreprises ainsi que dans les régions mal desservies. Dans les pays en situation de post-dividende, le défi est de maintenir et améliorer le niveau de vie face au rétrécissement du marché du travail et à la hausse de la proportion de personnes âgées. La baisse de la part de la population en âge de travailler pourrait être en partie compensée par des mesures prises en faveur de la famille qui faciliteraient le rebond du taux de fécondité à des niveaux proches du seuil de renouvellement. Accroître la participation des travailleurs et les perspectives d'emploi des personnes âgées va devenir de plus en plus urgent au fur et à mesure que le vieillissement de la population progressera. Un marché du travail plus inclusif nécessite des incitations adaptées afin de soutenir les investissements dans le capital humain tout au long du cycle de vie, des conditions de travail plus flexibles, des programmes de formation continue et de meilleures incitations dans les systèmes de protection sociale afin de continuer à travailler à un âge avancé.