La moitié des besoins européens en hydrogène vert à l'horizon 2030 seront importés. Une véritable manne que convoite le Maroc, d'où l'intérêt à sortir rapidement son offre. Dans la nouvelle course mondiale à l'hydrogène vert, l'Europe dispose d'une certaine longueur d'avance. Plusieurs projets ont déjà vu le jour, axés notamment sur la mobilité et l'industrie, et des stratégies mobilisant des milliards d'euros ont été mises en place par les grandes puissances européennes. Si cette course au positionnement dans l'hydrogène vert ne date pas d'aujourd'hui, elle a été accélérée par la guerre russo-ukrainienne, déclenchée il y a tout juste un an. Les cartes énergétiques du continent étant bouleversées, l'hydrogène vert s'est donc imposé comme l'une des meilleures alternatives pour répondre aux besoins croissants du continent, mais aussi pour sa décarbonation. Dans le cadre de son Plan REPowerEU, lancé en mai 2022 pour améliorer sa sécurité énergétique et faire face aux effets du conflit Ukraine-Russie, l'Union européenne a fixé à l'horizon 2030 un objectif de 20 millions de tonnes d'hydrogène vert qui se substituerait au gaz naturel, au charbon et au pétrole. Objectif, : «alimenter les industries difficiles à décarboner, ainsi que le secteur du transport, dans lequel l'UE envisage le déploiement de 60.000 camions à pile à combustible et un réseau de 1.500 stations hydrogène», rappelle Mounia Boucetta, Senior fellow au Policy Center for the New South dans un Policy brief publié en janvier 2023. Ces 20 millions de tonnes d'hydrogène proviendraient, à hauteur de 50%, de sa production interne et de 50% des importations. Et c'est justement cette manne qui intéresse le Maroc. Ça bouge au vieux continent ! L'Union européenne a ainsi mis la machine de l'hydrogène vert en branle. Le 9 décembre 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursela Von der Leyen, a annoncé la création d'une banque européenne de l'hydrogène dotée de trois milliards d'euros. Ces fonds devraient accompagner les investissements dans le secteur pour assurer des prix compétitifs sur le marché. En parallèle, plusieurs investissements importants sont annoncés, en particulier le projet de pipeline d'hydrogène devant relier Barcelone à Marseille à l'horizon 2030. «Il s'agit d'un projet regroupant la France, l'Espagne et le Portugal, avec un investissement de près de 2,5 milliards d'euros qui sera soumis à la Commission européenne pour contribution au financement. Ce pipeline devrait transporter près de 2 millions de tonnes d'hydrogène, soit 10 % de la consommation européenne», souligne Mounia Boucetta. L'Italie se positionne également comme un futur hub méditerranéen pour l'hydrogène vert, avec le développement de zones spécialisées à proximité de ses principaux ports, le lancement d'importants projets éoliens offshore et l'annonce d'une giga-usine pour la production d'électrolyseurs. Pays européen pionnier dans ce secteur, l'Allemagne a engagé plusieurs initiatives en nouant des partenariats avec plusieurs pays, dont le Maroc, notamment à travers l'alliance «Power to X» et en contribuant au financement des études de certains projets. La demande européenne étant avérée, l'hydrogène vert marocain restera, par ailleurs, tributaire «de la baisse des coûts de production, du transport et du stockage, du développement d'une chaîne logistique très compétitive et de la mise en place de cadre juridique et réglementaire approprié», précise Mounia Boucetta. Des conditions auxquelles devra répondre l'offre Maroc, en cours de finalisation.