Bien que l'Afrique soit la moins contributrice en termes de volume d'émissions de CO2, le continent est le plus touché par les impacts du changement climatique. Selon la BEI (Banque Européenne d'Investissement), les alternatives ne manquent pas pour remédier à cette situation, notamment par recours aux vastes ressources en énergie solaire pouvant produire 50 millions de tonnes d'hydrogène vert par an d'ici 2035. La BEI, qui s'est associée à l'Alliance solaire internationale et à l'Union Africaine pour réaliser une étude sur « l'extraordinaire potentiel de l'hydrogène vert en Afrique », estime que les investissements dans ce domaine pourraient réduire de 40 % les émissions de carbone dans le contient, en remplaçant 500 millions de tonnes de CO2 par an. En plus de garantir l'accès à une énergie propre et durable, l'Afrique a la capacité de devenir une giga-centrale mondiale d'hydrogène vert en fournissant 25 millions de tonnes de cette énergie propre aux marchés mondiaux de l'énergie, soit l'équivalent de 15 % du gaz actuellement utilisé dans l'Union Européenne. L'étude a porté sur quatre pôles énergétiques africains potentiels : la Mauritanie, le Maroc, l'Afrique australe et l'Egypte. Les chercheurs ont constaté que l'hydrogène vert est économiquement viable et peut être produit à moins de 2 dollars par kilogramme à l'horizon 2030, ce qui est bien inférieur à l'hypothèse de masse actuelle de 5 dollars par kilogramme. La Mauritanie, l'Egypte et l'Afrique du Sud ont fait des percées importantes sur le marché de l'hydrogène vert, avec de nombreux projets en cours de réalisation. L'Egypte, qui vise à produire 42 % de son énergie à partir de sources renouvelables d'ici 2035, estime que l'hydrogène vert peut contribuer à hauteur de 10 à 18 milliards de dollars à son Produit Intérieur Brut d'ici 2025. Pour sa part, le Maroc table résolument sur la production de l'hydrogène vert, tout en ambitionnant de se classer parmi les trois pays les plus compétitifs au monde. Pour rappel, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a scellé, le vendredi 16 décembre, un protocole d'Accord stratégique avec le groupe belge Solvay. Ce protocole permettra à Solvay d'accompagner les chantiers lancés au Maroc que ce soit dans la transition énergétique ou dans l'industrie, avec pour objectif d'atteindre la neutralité carbone. Les ambitions du Maroc dans la décarbonation ont motivé l'engagement de Solvay. L'étude de la BEI montre que les gouvernements du continent ont tout intérêt à mettre en place des plans, des réglementations et des incitations pour attirer les investissements du secteur privé. Ils doivent également investir dans des projets pilotes pour démontrer la réussite de la production, du stockage, de la distribution et de l'utilisation de l'hydrogène vert.