Le parti de la Justice et du Développement (PJD) est-il un parti politique comme les autres ? Est-il “fréquentable” ? Doit-on ou non le laisser libre d'agir au nom de la démocratie à laquelle il proclame être attaché ? Doit-on le dissoudre carrément au nom de cette même démocratie ? Certains analystes n'hésitent pas à dire que le PJD n'est que “la devanture politique” d'un courant islamiste beaucoup moins présentable. Celui “d'Attawhid wal Islah”, par exemple, qui prône et propage le discours de la haine et de l'exclusion ? Mohamed Elyazghi, premier secrétaire adjoint de l'USFP, n'y est pas allé par quatre chemins, en demandant au PJD de “présenter ses excuses au peuple”. C'était l'autre soir, sur le plateau de 2M. Et de quoi devrait-il s'excuser, le parti du Dr Khatib ? Principalement du double discours qu'il tient. De façade, le PJD est un parti politique, légal, reconnu, ayant ses députés relativement nombreux, et qui constitue l'ossature de l'opposition au gouvernement de Driss Jettou. Mais à la Chambre des représentants, les députés du PJD sont essentiellement consacrés aux interventions moralisatrices, à forte teneur islamique. A chaque fois surgit le discours de l'anti-démocratie et de l'anti-liberté : la société marocaine souffre de mille maux, et il n'y a qu'un seul remède : le retour en arrière, à la vraie foi. Le PJD, panacée universelle. Au Parlement, Abdelilah Benkirane a violemment invectivé une journaliste trop légèrement vêtue à son goût. Et dans la presse, c'est un discours fanatique et extrémiste qui est pratiqué. Mustapha Ramid a beau clamer que ni “Attajdid”, ni “El Asr” n'ont jamais exprimé le point de vue du PJD, qu'ils expriment seulement les opinions de leurs directeurs. Ces derniers se trouvent être comme par hasard, des membres influents du secrétariat général du PJD. Un parti qui ne reconnaît même pas ses propres journaux? Le peuple marocain devrait ouvrir une souscription nationale pour permettre au Dr Khatib d'avoir sa propre tribune ! Le vieux toubib a naguère publiquement fustigé Mohamed Raïssouni, président de l'association “Attajdid wal Islah”, et Mustapha Ramid, président du groupe PJD au Parlement. Il a traité le premier d'“imbécile” et le second d'“impulsif”. Il a par la suite présenté des excuses mais seulement du bout des lèvres et en catimini. Il semble donc que dans son combat contre les gauchistes marocains, ses principaux ennemis politiques, le Dr Khatib soit mal secondé. Quand on entre en politique, et lorsqu'on veut être un vrai “zaïm”, il est bon de se mettre hors de portée des imbéciles et des impulsifs. C'est le conseil que nous donnons au Dr Khatib. Puisse-t-il en tirer profit !