Des dissidents du PJD, dirigés par le célèbre Alem, Abdelbari Zemzmi, rejoignent le Parti de la Démocratie et de l'Indépendance (parti de la Choura) pour en faire un parti islamiste à l'instar de la formation dirigée par Saâd Eddine Othmani. Assiste-t-on à la naissance d'un PJD-bis ? La vie politique nationale serait-elle sur le point d'accoucher d'une nouvelle formation islamiste ? Apparemment, oui. Le célèbre fquih Abdelbari Zemzmi et plusieurs autres "piliers" du Parti de la Justice et du Développement (PJD) sont sur le point de rejoindre les rangs du Parti de la Démocratie et de l'Istiqlal (PDI). Cette formation politique moribonde accueillerait, dans les prochains jours, les dissidents du PJD, ce qui lui permettrait de se forger une nouvelle place sur la scène politique. En effet, plusieurs militants du PJD avaient démissionné de ce parti, en juillet dernier, et ont rejoint le PDI communément connu sous le nom du "parti de la Choura". Il s'agit d'un mouvement dirigé par l'une des notoriétés du parti islamiste, à savoir Khalid Moussadeq et qui comprend des dizaines de militants. Une dissidence soutenue par le fameux Alem, Abdelbari Zemzmi, qui donne une légitimité idéologique à cette rébellion des mécontents du PJD. Toutefois, du côté du PJD, des sources informées affirment que la décision de Zemzmi et de Moussadeq de rallier le PDI aurait été dictée par des raisons plus personnelles. Les deux hommes, affirme-t-on au PJD, avaient des aspirations électorales que le parti n'a pas satisfaites et c'est pour cela qu'ils ont décidé de voler de leurs propres ailes. Selon cette version des choses, Abdelbari Zemzmi aurait adopté une position hostile à l'égard du parti en 2002, lorsque les instances dirigeantes de la formation islamiste refusèrent de le présenter aux législatives. Idem pour Moussadeq qui avait été banni par la direction du PJD des listes électorales qu'elles ont présentées lors des communales de septembre 2003. Les intérêts des deux hommes se croisent et ils décident donc de s'allier pour faire front commun contre les faucons du MUR qui dirigent le PJD. Selon des informations concordantes, les deux hommes, Zemzmi et Moussadeq, ont scellé un accord avec le dirigeant du PDI, Abdelouahed Mâach, afin d'intégrer son parti et de le faire renaître de ses cendres en lui collant l'étiquette islamiste, ce qui lui permettrait de drainer des militants à un parti qui agonise depuis plus de trois décennies. La formule est classique puisqu'elle a été utilisée d'ailleurs dans le cas du PJD. Rappelons que les islamistes du Mouvement Unicité et Réforme (MUR) avaient intégré le Mouvement populaire démocratique constitutionnel (MPDC) du docteur Abdelkrim El Khatib en 1996, qui n'était d'ailleurs qu'une coquille vide, et en ont fait un parti islamiste. Aujourd'hui, c'est le PDI qui ouvre ses bras aux islamistes pour leur offrir un cadre partisan afin qu'ils intégrent la vie politique. Une opération gagnant-gagnant puisque Abdelouahed Mâach gagne un retour sur la scène politique et les islamistes de Zemzmi obtiennent un parti prêt-à-porter. Toutefois, le cas du PDI ne ressemble guère à celui du MPDC.Car, si ce dernier était dirigé par Abdelkrim El Khatib, un politique ayant toujours été proche des islamistes, le PDI, lui, est considéré comme le premier parti politique marocain qui s'était assigné comme objectif de moderniser le pays et de l'introduire dans l'ère de la démocratie à l'occidentale. D'ailleurs, ce seront ces idéaux qui pousseront son fondateur, Mohamed Belhassan El Ouazzani, à se séparer du parti de l'Istiqlal alors dirigé par Allal El Fassi, qu'il jugeait trop attaché au Salafisme. Hormis cet aspect calculateur de l'accord qui a été scellé entre Mâach et Zemzmi, il faut signaler qu'il s'agit d'une initiative qui a pour objectif de contrarier le mouvement dirigé par le mouvement d'Ahmed Raïssouni souvent critiqué par Zemzmi. D'ailleurs, depuis quelque temps, les deux hommes ont du mal à cacher leur animosité mutuelle. Ils vont jusqu'à afficher publiquement leurs discordes. Le plus célèbre échange d'accusations tourne autour de l'affaire de Mehdi Ben Barka. Alors que Zemzmi considère que le leader socialiste disparu n'est pas un martyr, Raïssouni, lui, pense le contraire et n'hésite pas à remettre publiquement en cause le bien-fondé de la fatwa de Zemzmi sur cette affaire. Aujourd'hui, Abdelbari Zemzmi sort de sa léthargie pour mener une campagne contre ses ex-compagnons au sein du PJD et du MUR. Mais, cette fois, il ira plus loin que lors de ses célèbres sorties médiatiques : il veut faire de la politique et attaquer ses anciens camarades islamistes sur leur propre terrain, celui de l'islamisme politique. Pour ce faire, il n'hésite pas à s'en prendre à l'actuel secrétaire général du PJD, Saâd Eddine Othmani, qu'il accuse d'être un mystificateur ayant trompé les électeurs de son parti. Il affirme ainsi que "le PJD a dérapé de la référence à l'islam" et qu'"il tient des discours qui peuvent être attribués à d'autres formations politiques". En somme, Zemzmi semble être décidé à aller jusqu'au bout dans sa campagne contre le PJD, ce qui semble être son objectif immédiat. Au long terme, il viserait certainement de fonder un mouvement islamiste qui soutiendrait idéologiquement le nouveau parti PDI qui deviendrait ainsi un concurrent direct du PJD.