L'imam Abdelbari Zemzmi refait surface. Les responsables du PDI lui ont proposé de prendre la présidence de ce parti. Il s'exprime sur ce rapprochement et accable au passage le PJD à qui il reproche d'avoir dérapé de la référence islamique. Aujourd'hui le Maroc : Le Parti démocratique de l'indépendance (PDI) vous invite régulièrement à ses réunions. Que signifie ce soudain rapprochement ? Abdelbari Zemzmi : Je n'appartiens pas au parti de la Choura, mais réponds effectivement à ses invitations. Ce parti, qui a une légitimité historique qui fait défaut à beaucoup d'autres, veut fonder son programme sur la référence à l'islam. Je ne peux qu'applaudir cette initiative et la soutenir par ma présence et mes propositions. On vous aurait proposé de prendre la direction du PDI. Est-ce vrai ? Oui, les responsables du PDI m'ont demandé de prendre la présidence effective du parti, mais j'ai décliné cette offre. Et mon refus est irrévocable. Par principe, je ne veux pas appartenir à un parti politique. Je tiens à garder mon indépendance. J'encourage toutefois le PDI à faire aboutir son projet de parti islamique. C'est une excellente chose que de multiplier au Maroc les pôles politiques qui tirent leur légitimité de l'islam. Cela créerait une émulation entre les partis et conduirait l'électeur à faire un choix juste. Cela créerait aussi une rivalité avec le PJD… Elle est légitime d'autant plus que le PJD a dérapé de la référence à l'Islam. Son secrétaire général Saâd Eddine El Othmani proclame haut et fort que les électeurs ont voté pour le PJD non pas en raison de sa référence à l'Islam, mais pour son programme politique et son engagement contre les inégalités sociales. M. El Othmani est un mystificateur ! Il a falsifié la volonté populaire. Que voulez-vous dire par là ? Le PJD a été porté au faîte du pouvoir grâce à des slogans qui manifestent son attachement à l'Islam. Il est populaire seulement parce que ses partisans y reconnaissent un parti islamique. Aujourd'hui, il est clair que le PJD a dévié de cette voie. Il est en passe de se confondre avec les autres partis politiques. Plus rien ne l'en distingue. Il tient des discours qui peuvent être attribués à d'autres formations politiques. Hier, il critiquait le ministère de l'Intérieur pour avoir procédé à la falsification des élections. Aujourd'hui il agit de la même façon en vendant à ses électeurs des slogans creux. Vous aussi, vous faites l'objet de critiques de la part d'islamistes. Ahmed Raïssouni vous a reproché d'avoir enlevé la qualité de martyr à Mehdi Ben Barka. Je n'appartiens pas à un parti pour que l'on me critique sur un programme ou des promesses et M. Raïssouni est responsable de ses opinions. Il a considéré que c'était une erreur d'enlever la qualité de martyr à Ben Barka. Mais il s'est trompé lui-même en m'attribuant une phrase que je n'ai jamais prononcée. Je n'ai jamais cité Ben Barka. J'ai dit que celui dont l'assassinat est légitime n'est pas un martyr. C'est un diktat de la Chariâa. Vous ne parlez qu'au nom de la Chariâa. Quels sont vos projets? Et dans quel cadre vous inscrivez-vous pour les réaliser ? La réforme totale suivant la méthode islamique. C'est cela mon objectif. Et je ne vois pas la nécessité de m'inscrire dans un quelconque cadre pour l'atteindre. Je veux garder mon indépendance et faire part de mes idées dans des publications et lors de conférences et de prêches. On a tort de penser que seules les formations politiques se préoccupent de la vie des gens. Vous dites que vous évoluez en dehors d'un quelconque cadre. Pourtant vous êtes président de l'Association marocaine de recherches sur le fiqh... C'est une association culturelle consacrée aux recherches théologiques. Nous y parlons toujours de fiqh et non pas de politique. Mes opinions n'engagent que moi, et je n'ai pas besoin d'un cadre associatif pour les rendre publiques.