Le président du groupe parlementaire du PJD, Abdellah Baha, revient sur le bilan de la session d'avril, le discours royal et la coordination avec les partis de l'opposition. ALM : Quel bilan faites-vous de la dernière session parlementaire? Abdellah Baha : En fait, c'est une session qui n'est pas excessivement riche en matière législative. Le Parlement n'a adopté que 16 projets de loi, ce qui n'est pas très suffisant. La raison est que le gouvernement n'a présenté aucun projet pendant les premières semaines de la session. Les textes n'ont commencé à affluer vers le Parlement que tardivement. Ce vide n'est-il pas comblé par des propositions de lois? Je vais vous donner trois cas de propositions de lois déposées à la commission de la Justice et de la légilataion dont je fais partie. La première proposition, préparée par le groupe de l'USFP, concerne la réforme de la loi sur la nationalité. Le gouvernement a demandé son report. Une deuxième proposition, émanant du groupe istiqlalien au sujet de l'arabisation de la vie publique. Il s'est avéré que la proposition a été faite à la Chambre des conseillers. Enfin une dernière proposition déposée par le groupe du PJD et qui a trait à la location a été confrontée à des problèmes de programmation et n'a donc pas été examinée. En plus de tout cela, la Constitution donne la priorité aux projets de lois. Quel bilan faites-vous de l'action du PJD en tant que parti d'opposition? A titre indicatif, je soulignerais que le PJD a déposé 110 questions orales, tout au long de la dernière session, sur un total de 473. Le gouvernement n'a répondu qu'à une cinquantaine de ces questions orales. Concernant les questions écrites, le groupe du PJD en a rédigé pas moins de 762 sur un total de 1098, soit environ 70% des questions écrites. Aussi, le taux de présence des députés du PJD aux séances plénières des questions orales et pour le vote des lois ainsi qu'aux travaux des commissions, a dépassé les 70%. On a senti que le PJD évite au maximum d'aborder les questions morales et religieuses. Pourquoi? En fait, nous avons toujours posé des questions d'ordre strictement politique, économique et social. Mais elles passent inaperçues. Ce qui attire l'attention des médias, ce sont justement ces questions en rapport avec notre identité. Ceci dit, nous essayons de ne pas insister sur ces questions identitaires. Il nous arrive de ne pas aborder tel ou tel sujet dans le but de préserver un certain équilibre. Quelle proposition avez-vous rejetée afin de préserver cet équilibre? Je ne me rappelle pas d'un cas en particulier. Lors du débat sur les accords de libre-échange avec les Etats-Unis et la Turquie, le PJD s'est fait remarqué à plusieurs reprises. Est-ce un positionnement politique définitif? En fait, c'est une question d'ajustement. Le positionnement du PJD est contenu dans son nom. Le développement ne peut se faire sans une économie de marché. Et la Justice signifie que l'Etat doit jouer son rôle de régulateur pour éviter tout dérapage de ce marché. Quels avantages le PJD peut-il tirer du rapprochement économique entre le Maroc et la Turquie? Nous prenons en considération l'intérêt général avant tout. La preuve est que la Turquie a voté pour la candidature marocaine à l'organisation de la Coupe du monde en 2010. A chacune des rencontres que nous avons eues avec les responsables turcs, nous défendons les intérêts du Maroc et à leur tête l'affaire du Sahara. Justement, le PJD peut-il jouer un rôle dans le cadre du rapprochement entre le Maroc et l'Algérie? Effectivement, nous entretenons des relations avec certains partis politiques algériens, notamment le Mouvement pour la Réforme Nationale (MRN) et le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP). Mais personnellement, je pense que ce genre de relations entre les partis politiques ne sera pas aussi efficace que les pressions internationales exercées sur l'Algérie dans le but de solutionner le conflit du Sahara. Lors du discours du Trône, SM le Roi a parlé de l'élaboration de la loi sur les partis. Qu'en pensez-vous? Le PJD a toujours appelé à l'adoption de cette loi essentielle pour la réforme politique. A côté de la réforme du système électoral, il est nécessaire de passer à la réforme des partis politiques. Une telle réforme doit reposer sur trois axes principaux: un seuil de représentativité pour éviter une balkanisation du champ politique, l'instauration d'une démocratie interne car les partis ne peuvent appliquer les règles de la démocratie dans tout le pays s'ils ne le font pas au sein même de leurs formations, et enfin la transparence dans la gestion administrative et financière des partis. Y a-t-il certains partis qui bloquent la sortie de cette loi? C'est possible. Je n'ai pas de données précises sur ce point, mais il se peut que certains partis n'aient pas intérêt à ce qu'une telle loi soit élaborée. Comment expliquez-vous la faible coordination entre le PJD et les autres partis de l'opposition? C'est tout simplement une question de rythme de travail. Il est difficile pour nous de coordonner avec certains partis à cause justement de nos rythmes de travail respectifs. Qu'avez-vous dit aux députés qui veulent rejoindre le PJD? Nous avons trois demandes de ce genre. C'est, pour nous, un dilemme. Nous sommes en train de réfléchir à une solution. D'une part, nous sommes interpellés quand un député est convaincu par les idées de notre parti et d'autre part nous avons une appréhension à l'égard du problème du nomadisme parlementaire.