Aucune recommandation concrète na été faite en faveur de lintégration maghrébine pour faire face à la crise internationale. - Finances News Hebdo : Les échanges intermaghrébins demeurent à un niveau très limité, soit 3%. Et ce, malgré la signature de 34 accords entre les Etats maghrébins. Quest-ce qui, daprès-vous, explique cet état de fait ? - Jawad Kerdoudi : En effet, les échanges intermaghrébins au niveau de 3% sont très faibles si on les compare aux échanges du Maghreb avec lUnion européenne qui atteignent 66%. Ceci sexplique par la non-application des accords signés entre les Etats maghrébins, et notamment la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes. A cet égard, la fermeture de la frontière terrestre entre lAlgérie et le Maroc crée un vrai blocage, car les liaisons maritimes et aériennes sont beaucoup moins pratiques que la liaison terrestre. La fermeture de cette frontière bloque également les exportations par voie terrestre du Maroc vers la Tunisie et la Libye. - F.N.H. : Le Forum dAlger, qui sest tenu les 10 et 11 mai courant, sest clôturé par la Déclaration dAlger. En tant que participant au forum, que pouvez-vous nous dire sur cette déclaration? - J. K. : Tout dabord, le fait que 500 hommes daffaires maghrébins se soient rencontrés à Alger les 10 et 11 mai 2009, est une bonne chose. Ils ont pu se connaître, établir des contacts en vue de promouvoir des échanges et des investissements communs. En effet, parallèlement aux séances plénières, ont été organisés des ateliers par secteur dactivité. Quant à la Déclaration dAlger, je la juge décevante, car elle sest contentée de vux pieux, sans proposer aucune mesure concrète. Notamment, aucune mention ny a été faite concernant louverture de la frontière terrestre algéro-marocaine. De même, il na pas été proposé la mise en application effective des accords déjà signés entre les pays maghrébins et concernant les échanges commerciaux et les investissements. - F.N.H. : Le Forum maghrébin a certainement abordé limpact de la crise financière internationale sur léconomie mondiale. Y a-t-il eu des recommandations en faveur de lintégration maghrébine en guise de réponse à lhostilité du contexte actuel de crise ? - J. K. : En effet, le Forum a largement abordé limpact de la crise financière internationale sur le Maghreb qui se traduit par la baisse des exportations, la diminution des revenus provenant du pétrole et du gaz, la baisse du tourisme et des investissements directs étrangers. Malheureusement, aucune recommandation concrète na été faite en faveur de lintégration maghrébine pour faire face à la crise. Le Forum a renvoyé la responsabilité aux autorités gouvernementales des pays respectifs. - F.N.H. : Les hommes daffaires maghrébins se sont donné rendez-vous en 2010. Cette rencontre sera certainement décisive pour lever les obstacles à lintégration maghrébine. Quen pensez-vous ? - J. K. : Je suis moins optimiste que vous pour le rendez-vous 2010. Les rencontres daffaires ne peuvent avoir de réelle efficacité que si la volonté politique accompagne les efforts des agents économiques. En effet, à quoi ça sert de se rencontrer, de conclure des contrats sils ne peuvent être exécutés. Pour un réel démarrage de lUMA, il faut impérativement procéder à louverture de la frontière terrestre algéro-marocaine, à la création effective de la Banque Maghrébine dInvestissement et de Commerce et à la mise en application effective des accords signés quant à la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes. Sans cela, lUMA restera une coquille vide et lunité maghrébine une fiction.