Trois questions au président de la Banque Populaire en marge de cette conférence. Une conférence à laquelle a assisté Brahim Benjelloun Touimi, Administrateur Directeur général délégué de la BMCE. Finances News Hebdo : Dans le contexte actuel, est-ce que la Banque Populaire ne se dirigera pas à son tour vers les marchés internationaux pour lever de la dette ? Pouvez-vous par la même occasion commenter les conditions de sortie de votre confrère ? Mohamed Benchaâboun : Je voudrais saluer l'initiative de BMCE Bank qui est d'abord la première du genre ces dernières années et qui marque le début d'une série de sorties des banques marocaines, et peut-être d'autres opérateurs. Le système a besoin de ce type d'initiatives pour continuer de jouer son rôle. Maintenant, en ce qui nous concerne, au regard de notre situation financière, nous n'avons pas besoin d'aller nous financer à l'international. Mais, pour contribuer à l'amélioration des réserves en devises, nous devons l'envisager. Le problème est qu'il faut aussi rembourser ces dettes en devises. Aussi, les conditions de marché sont très volatiles. C'est-à-dire qu'on vient nous présenter des opportunités pour lever de la dette à un niveau de taux avant de revenir nous expliquer, quelques jours ou semaines plus tard, que ces conditions ne sont plus valables. Il y a des fluctuations énormes, ce qui réduit in fine les fenêtres de sortie. C'est pourquoi la Banque Populaire s'est rabattue sur un autre scénario : au lieu de lever de la dette obligataire, nous allons faire du court terme. Cette décision est justifiée par le coût de l'argent à l'international qui est particulièrement bas en Dollar et récemment en Euro. Les taux sont à zéro aux USA et de 0,5% en zone Euro. L'interbancaire paraît intéressant même avec un Spread, nous resterons à des taux proches de 3%, c'est-à-dire ce que propose BAM. F. N. H. : Est-ce que l'entrée en vigueur de Bâle III sera limitative pour les banques marocaines en termes de crédits ou de ressources ? M. B. : Le Maroc a pris résolument la décision d'être à la pointe des standards internationaux en matière de régulation bancaire. Les travaux sur Bâle II ont, par exemple, commencé deux à trois ans avant son adoption pour que ce ne soit pas contraignant. Certains pays d'Afrique n'ont pas encore commencé ce travail. C'est cette longueur d'avance qui nous donne aujourd'hui le Rating que nous avons et nous confère la confiance des bailleurs de fonds. Il faut considérer cela comme un atout qu'il faut entretenir. Et pour revenir à la question, comme pour Bâle II, les chapitres de Bâle III seront adoptés progressivement jusqu'en 2019. Ce n'est donc pas limitatif, c'est au contraire bénéfique. Pour conclure, je rappelle qu'au Maroc, les exigences en fonds propres sont d'au moins 100 points de base plus élevées que celles en Europe. F. N. H. : On a l'impression que la Banque centrale a fait le tour des outils en sa disposition pour fluidifier le circuit. Est-ce votre ressenti ? M. B. : Avant de parler des outils additionnels, parlons d'abord des outils traditionnels que sont le taux directeur, les réserves obligatoires ou encore le collatéral. Rien que sur ce dernier (le collatéral), les banques ont dans leur portefeuille 200 Mds de dirhams de bons de Trésor qu'ils peuvent apporter en garantie pour emprunter auprès de BAM. Le déficit de liquidité n'est que de 77 Mds de dirhams, je crois qu'il y a encore de la marge. Donc, je ne pense pas que nous soyons dans une zone rouge, loin de là.