Le Groupe BMCE Bank vient de réussir l'émission en Eurobonds de 300 millions de dollars, devenant ainsi le premier émetteur marocain non souverain à accéder aux marchés obligataires internationaux. Brahim Benjelloun-Touimi, Administrateur-Directeur général de BMCE Bank, qui a conduit la délégation du Groupe partie à la rencontre des investisseurs à Genève, Zurich, Londres, Abu Dhabi, Dubaï, Singapour et Hong Kong, revient sur les enjeux de cette opération. Finances News Hebdo : Initialement, il était, semble-t-il, prévu de lever 500 millions de dollars au lieu de 300 millions. Ce choix a–t-il été dicté par les contraintes du marché ? Brahim Benjelloun-Touimi : Les usages des marchés, ses «traditions» si l'on peut dire, éclairent le choix d'une levée de 300 millions de dollars. Un «primo-émetteur», tel BMCE Bank, qui accède pour la première fois aux marchés internationaux de la dette, structure habituellement une transaction sous le format réglementaire dit «Reg S», c'est-à-dire celui qui cible les investisseurs européens et asiatiques et qui n'inclut donc pas ceux basés aux Etats-Unis. Il est aussi d'usage de commencer avec un «ticket» plutôt de 300 millions de dollars. F. N. H. : Quels sont, globalement, les objectifs de cette opération ? B. B-T. : Le financement de la poursuite du développement du Groupe BMCE à l'international en fonction des ambitions établies par le Président Othman Benjelloun, ainsi que l'accompagnement de notre clientèle en dehors des frontières du Maroc, plus particulièrement en Afrique subsaharienne, sont les objectifs ultimes de levée de cet emprunt en devises à l'international. F. N. H. : Le taux de rendement de 6,50% est-il dans les standards proposés sur les marchés internationaux ? B. B-T. : Le niveau du pricing, un rendement de 6,5% l'an, la diversité et la haute qualité des profils, ainsi que la base géographique assez élargie des investisseurs, attestent du succès de l'Eurobond BMCE Bank en tant que premier émetteur Corporate (donc non souverain) au Maroc et dans la région et l'un des 3 premiers en Afrique. Plus spécifiquement, le spread de 200 points de base au-dessus de l'emprunt souverain marocain représente le bas de la fourchette des spreads d'émissions de Corporates, notamment des banques de même notation appartenant à des pays beaucoup plus familiers des marchés de la dette internationale. Pour certains, ces niveaux avaient atteint jusqu'à 400 points de base, comme pour certaines banques turques ou russes. F. N. H. : On constate de plus en plus que les émissions en eurobonds passent des Etats aux entreprises. Qu'est-ce qui a légitimé, au niveau de BMCE Bank, le choix de ce mode de financement ? B. B-T. : Le Groupe BMCE Bank est un groupe bancaire d'ambition internationale et continentale, selon la volonté de son Président, avec l'appui de ses actionnaires. Une proportion croissante de ses revenus est prévue de procéder d'activités établies en dehors du Maroc. Il est logique qu'il recherche la diversification de ses sources de financement vers ces marchés et l'optimisation de son coût d'endettement. Au-delà, il permet une visibilité plus large de son Groupe sur la scène financière internationale. F. N. H. : A ce propos, n'y a-t-il pas de risques associés à l'émission en eurobonds ? B. B-T. : Tout investissement en titre obligataire, lorsque coté sur une Bourse (la Bourse au Luxembourg en l'occurrence), comporte des risques de variations du cours pour l'investisseur qui ne le détiendrait donc pas jusqu'à maturité, à l'issue donc des 5 ans. Sinon, le taux d'intérêt de 6,25% (le rendement étant de 6,50%) est fixe sur l'ensemble de la durée. Si l'on fait référence au risque de change, les fonds levés seront ultimement alloués au financement d'actifs libellés en dollars ou en devises assez corrélées à la devise américaine.