Depuis son exil en France, Ferhat Mehenni, figure emblématique du combat pour l'autodétermination de la Kabylie, condamne avec force ce qu'il considère comme une stratégie systématique de déstabilisation orchestrée par le régime algérien. Fondateur du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) et fervent défenseur d'une république laïque, M. Mehenni accuse Alger d'instrumentaliser les crises, y compris en France, pour servir les ambitions politiques de sa nomenklatura vieillissante. Un avertissement prophétique Comme le souligne Le Point dans son numéro du 16 janvier, Ferhat Mehenni avait dès 2023 mis en garde contre les tentatives du régime algérien de manipuler les fractures sociales françaises à des fins politiques. En juillet 2023, alors que la mort tragique de Nahel enflammait les banlieues, une vidéo controversée de Tebboune, diffusée lors d'une commémoration des victimes du 17 octobre 1961, dénonçait un supposé «racisme systémique» en France. Le Point rapporte que M. Mehenni considérait cette intervention comme une tentative d'attiser les tensions en exploitant la mémoire collective des Algériens en France. «Le régime criminel et corrompu d'Alger ne recule devant rien pour asseoir son autorité et exporte sa stratégie de division jusque sur le sol français», déclarait M. Mehenni dans un entretien accordé à l'hebdomadaire. Un dissident traqué et un combat familial endeuillé Ferhat Mehenni, réfugié en France depuis 2008, continue de dénoncer les persécutions ciblant les militants kabyles. Lui-même est traqué par Alger, qui l'a condamné à plusieurs reprises par contumace. Son engagement politique s'est même payé au prix du sang : son fils aîné, Améziane Mehenni, a été assassiné en 2004 dans des circonstances troubles. Le Point rappelle les soupçons que M. Mehenni a toujours exprimés à l'encontre des autorités algériennes, accusées d'avoir perpétré cet assassinat. Dans cet entretien exclusif avec Le Point, Mehenni pointe également du doigt la complaisance des autorités françaises face au régime algérien. Il appelle Paris à adopter une position ferme et à soutenir de manière claire le droit des peuples à l'autodétermination. «Aujourd'hui, la France se réveille enfin», confie-t-il, tout en regrettant que les actes tardent à suivre les déclarations. Ferhat Mehenni conclut sur une note de défiance et d'espoir, réaffirmant son combat pour une Kabylie libre.