Derrière les tensions entre Paris et Alger, qui ont commencé fin septembre, de nombreux sujets de friction se sont accumulés. L'un des éléments-clés est le dossier de l'opposant Ferhat Mehenni, os à ranger de l'Algérie. Les autorités algériennes espèrent obtenir l'extradition du chef du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), qui vit en France sous le statut de réfugié depuis plus de deux décennies. Récemment, selon les révélations du dissident algérien Oualid Kébir, le régime algérien a émis un mandat d'arrêt contre Ferhat Mehenni et deux autres membres du MAK, adressé au Conseil des ministres arabes de l'Intérieur. Une démarche qui a peu de chance d'aboutir. Paris et Alger ont signé récemment une convention d'extradition, mais la France refuse de répondre aux demandes algériennes. «Le MAK n'est pas une organisation terroriste et ne commettra jamais d'actes de violence. Si violence il y a ce ne pourra être que le fait des services algériens», a pointé M. Mehenni. Selon nos sources, un autre mandat d'arrêt contre Ferhat Mehenni a été adressé à Interpol, mais il se serait abstenu de la diffuser, faute d'éléments sérieux. Nos sources affirment également qu'Alger tente de faire pression sur Paris pour réclamer son extradition, sans succès. Les autorités du régime algérien l'accusent d'avoir organisé «des troubles de masse». Il est aussi poursuivi depuis l'automne 2021 pour «appels à des actions portant atteinte à la sécurité nationale». Confronté à des manifestations réunissant des dizaines de milliers de personnes, le régime algérien a peu à peu muselé la contestation à force d'arrestations massives marquées par des violences policières, tandis que les principaux opposants ont été emprisonnés ou forcés à l'exil. Les dirigeants du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), bêtes noires du régime, sont établis en France et Paris refuse leur extradition. Le président du mouvement kabyle indépendantiste MAK, Ferhat Mehenni, avait déjà dénoncé «l'obsession» du pouvoir algérien à qualifier l'organisation de terroriste. La Convention de Genève interdit à la France, où Ferhat Mehenni s'est réfugié, de l'expulser ou de le refouler vers un pays «où sa vie ou sa liberté seraient menacées en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques». Fin août, des sources françaises ont indiqué que la justice algérienne compte lancer un mandat d'arrêt international contre M. Mehenni. Dans une conférence de presse tenue jeudi 26 août à Alger, le procureur de la République a indiqué que celui-ci est poursuivi pour l'assassinat d'un jeune homme pris pour un pyromane, lequel a été lynché par une foule en délire, poignardé à mort avant que sa dépouille ne soit profanée et brûlée sur la place publique. «Depuis quelques mois, les autorités algériennes font tout pour nous salir, nous intimider», avait lancé M. Mehenni. Depuis avril, le MAK, déjà illégal en Algérie, a été accusé par le pouvoir algérien de projeter des attentats contre les marches du mouvement pro-démocratie du Hirak ainsi que de plusieurs drames ayant secoué le pays, dont les incendies de forêt survenus en août. Les autorités algériennes l'ont classé comme «organisation terroriste», ainsi qu'un mouvement islamo-conservateur, Rachad, également basé à l'étranger.