Ferhat Mehenni, leader du mouvement séparatiste MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), qui prône l'indépendance de cette région du nord d'Algérie, a été soutenu par une foule hétéroclite à Paris, le 29 août, contre le harcèlement du régime. Le chef gouvernement provisoire kabyle Ferhat Mehenni, plusieurs fois arrêté en Algérie et sous le coup d'un mandat d'amener par les autorités algériennes, a été soutenu, dimanche 29 août, par une foule hétérogène dénonçant l'acharnement qu'il subit de la part du régime algérien. Le président du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), formé en 2001, accusé par le pouvoir algérien d'être impliqué dans le meurtre de Djamel Bensmaïl, est la bête noire du régime. Les autorités algériennes tentent désespérément d'obtenir l'extradition de M. Mehenni qui vit en France sous le statut de réfugié depuis presque deux décennies. Brandissant des drapeaux amazighs (berbères), les manifestants ont scandé des slogans contre «[le président] Tebboune, marionnette placée par les militaires» ou encore «Les généraux et les thuriféraires du régime qui asphyxient l'Algérie». Ce mouvement survient aussi dans un climat de crispation du régime, confronté à une crise politique, sanitaire et socio-économique et qui s'est enfoncé dans une psychose sans précédent, destinée à éliminer tous ses opposants politiques. Abdelmadjid Tebboune, qui se trouve à la tête d'un pays en faillite, avec des institutions bloquées et une économie à bout de souffle, cherche à détourner l'attention de la population à travers une propagande musclée contre plusieurs parties nationales et régionales. Pour museler M. Mehenni, le pouvoir a accusé la contestation populaire d'être infiltrée par des activistes du mouvement islamo-conservateur Rachad et des militants du MAK, qui chercheraient à entraîner le Hirak dans la confrontation violente, une pirouette qui a fait grincer des dents, y compris en France. En mai, le Haut conseil de sécurité (HCS), sous la présidence de Abdelmadjid Tebboune, a ainsi décidé de classer le MAK ainsi que le mouvement Rachad (qui compte d'anciens éléments du Front islamique du Salut) comme organisations terroristes. Le HCS s'est «penché sur les actes hostiles et subversifs commis par les mouvements dits (Rachad) et (MAK) pour déstabiliser le pays et attenter à sa sécurité, et décidé, dans ce cadre, de les classer sur la liste des organisations terroristes et de les traiter comme telles», indique le communiqué de la présidence. Une nouvelle diversion pour enterrer toute contestation légitime contre le régime algérien, estiment les observateurs. Fin avril, le régime a annoncé le démantèlement d'une cellule de militants présumés proches du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) qui aurait projeté des attentats contre les marches du mouvement de protestation populaire du Hirak. Une accusation fantaisiste réfutée par le MAK.