Certains supports médiatiques kabyles, qui citent Aksel Bellabbaci, cadre du mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), ont annoncé que Ferhat Mehenni, président du gouvernement provisoire kabyle, en exil en France, a été placé ce jour en garde à vue au niveau du parvis de la justice du 17e arrondissement de Paris. Ferhat Mehenni a été placé en garde à vue, mardi 18 mai, à la suite d'une convocation, sans que des détails soient disponibles sur les motifs de cette procédure inattendue. M. Mhenni a appelé la communauté Kabyle à se rassembler cet après-midi devant le Tribunal de Porte de Clichy à Paris. Basé à Paris, le mouvement de M. Mhenni, interdit en Algérie, né dans le sillage du «Printemps kabyle» de 2001, est une des bêtes noires du régime qui l'accuse de visées «séparatistes». La Kabylie est une région berbérophone du nord-est de l'Algérie traditionnellement frondeuse vis-à-vis d'un Etat très centralisé. Elle est un des fiefs du Hirak populaire qui réclame le démantèlement du système. Ceci intervient quelques semaines après que le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste) a réfuté tout projet d'attentat en Algérie et mis «au défi» le ministère algérien de la Défense d'apporter la preuve de ses accusations. «Le ministère algérien de la Défense vient de déraper gravement en publiant un communiqué sur son site officiel dans lequel, sans aucune preuve, il accuse le MAK de préparer des attentats terroristes», a affirmé le président du MAK, Ferhat Mehenni, dans un communiqué. Le régime algérien a annoncé fin avril le démantèlement d'une «cellule criminelle» de militants «séparatistes» du MAK, affirmant qu'ils projetaient des attentats contre les marches du mouvement de protestation populaire du Hirak. «Nous réfutons tout. l'homme arrêté n'est en aucune manière un militant du MAK», a martelé le porte-parole du mouvement, Aksel Ameziane. «Nous mettons au défi le ministère algérien de la Défense de donner le nom de ce prétendu 'militant du MAK', sa date et son lieu de naissance», a renchéri le président du mouvement. De leur côté, les deux représentants du MAK ont souligné que leur organisation est un «mouvement pacifique» qui revendique le «droit des peuples à disposer d'eux-mêmes». À l'approche d'élections législatives anticipées qu'il a convoquées pour le 12 juin, le régime — dont le pilier est l'armée — cherche par tous les moyens, notamment médiatiques, à discréditer le mouvement pro-démocratie, de retour dans la rue depuis la fin février. Le Hirak est aujourd'hui accusé par le pouvoir d'être infiltré par des activistes du mouvement islamo-conservateur Rachad et des militants du MAK, qui chercheraient à entraîner le Hirak dans la confrontation violente, selon les autorités. Né en février 2019 du rejet massif d'un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le Hirak réclame un changement radical du «système» politique en place depuis l'indépendance en 1962.