Les autorités françaises ont rejeté catégoriquement une demande algérienne d'extradition de Ferhat Mehenni, président du gouvernement provisoire de Kabylie et leader du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, un mouvement mis en place en France pour réclamer l'indépendance du territoire. M. Mehenni vit actuellement en France où il bénéficie du statut d'asile politique depuis plus de 20 ans. La justice algérienne a lancé un mandat d'arrêt international contre Mehenni, leader et fondateur du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, (connu sous son acronyme français MAK), répertorié comme « terroriste » par le régime algérien. Mehenni est un ancien chanteur et militant de la cause berbère depuis les années 1970. Il était membre du parti d'opposition laïque RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie), fondé en 1989. En raison de différends politiques avec Saïd Sadi, fondateur du RCD, il quitte le parti à la mi-1995 pour poursuivre sa carrière de chanteur et défenseur de l'indépendance de la Kabylie. En 2006, un mandat d'arrêt international a été lancé contre lui par la justice algérienne mais la France a ignoré la demande. Présents principalement dans la région agitée de Kabylie, connue pour sa longue histoire de dissidence et d'oppression par une junte militaire, les militants du MAK organisent régulièrement des marches de protestation et des manifestations pour exiger la fin de l'occupation algérienne et appeler à l'indépendance de toutes les régions de Kabylie contre Algérie. Le MAK invoque une série de griefs dont la région de Kabylie a été témoin après l'indépendance de l'Algérie. Ils reprochent au régime algérien de chercher à éradiquer leurs particularités linguistiques et culturelles en imposant une politique d'arabisation couplée à une marginalisation économique. Les militants du MAK soutiennent également que leur région a été rattachée par la France coloniale à un Etat algérien artificiel et que leurs dirigeants historiques qui se sont battus pour l'indépendance de la France ont été marginalisés avec leur région dans l'Algérie post-indépendante. Les membres du MAK sont systématiquement pris pour cibles par les forces algériennes, poursuivis, torturés et constamment intimidés, les médias d'Etat algériens les accusant de chercher à semer le chaos et la destruction dans le pays, tandis que Ferhat décrit le pouvoir algérien comme « un pouvoir cruel, autoritaire et oppressif. " régime. Le gouvernement provisoire kabyle. en exil et le MAK ont déposé mi-août une plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI) contre le président Abdelmajid Tebboune et le général Saïd Chengriha pour avoir commis un génocide en Kabylie et pour avoir utilisé le Covid-19 et les incendies de forêt comme outils pour mener nettoyage". Les plaignants citent à cet égard les arrestations sélectives, les détentions, les poursuites, les procès inéquitables et la condamnation de dirigeants et militants kabyles visés par les autorités algériennes. Ils citent également la répression systématique et le muselage des opposants vocaux kabyles en plus de l'interdiction des manifestations dans la région de Kabylie, durement touchée par les incendies de forêt meurtriers et le coronavirus. En attendant la décision de la CPI, le refus de la France de remettre Ferhat Mehenni a porté un nouveau coup aux dirigeants algériens. Après un revers aussi humiliant, de nombreux analystes se demandent si le régime algérien va défier son ancienne puissance coloniale et prendre le risque de couper les relations diplomatiques avec la France comme il l'a fait avec le Maroc.