La chasse aux militants du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) est sans précédent depuis la décapitation des groupes islamiques armés qui ont semé la terreur dans les années 1990. Le MAK a ainsi été classé en mai comme une organisation terroriste, tout comme le mouvement Rachad, fondé par d'anciens dirigeants du FIS réfugiés à l'étranger, fait savoir jeune Afrique. La même source déclare qu'en août, le ton était donné par le Haut Conseil de sécurité (HCS), qui se réunit régulièrement sous la présidence du chef de l'Etat, à l'issue d'un conclave entièrement consacré au MAK et à Rachad, ces derniers sont déclarés responsables des incendies qui ont ravagé la Kabylie début août faisant plus de 90 morts, dont 33 militaires. Le MAK, que dirige l'ancien chanteur Ferhat Mehenni, est également accusé d'être impliqué dans l'assassinat barbare par une foulée hystérique de Djamel Bensmail, soupçonné d'avoir allumé le brasier, alors qu'il était venu prêter main forte pour lutter contre les flammes. Les deux organisations sont en outre accusées d'être soutenues et financées par des entités étrangères, dont le Maroc et Israël. Une accusation qui, en Algérie, vaut presque condamnation. Le communiqué du HCS, qui parle d'« éradication totale », laisse d'ailleurs peu de place au doute sur le sort qui attend le mouvement séparatiste. Et depuis, les interpellations se multiplient. Les chefs d'inculpation, pour lesquels les prévenus encourent les peines allant de 10 ans de prison à perpétuité, donnent la mesure de la détermination du pouvoir à en finir avec ce mouvement indépendantiste dont l'ancrage est pourtant négligeable en Kabylie. La traque des dirigeants du MAK. Il convient de rappeler que Ferhat a fait carrière dans la chanson engagée. Fils de Chahih, ce diplômé des sciences Po Aller, promotion 1976, était l'un des porte-parole des revendications culturelles et identitaires berbères à l'époque où l'Algérie vivait sous le régime du parti unique Bien que ses chansons contre le pouvoir et la sécurité militaire et pour la reconnaissance du berbère lui ont valu plusieurs séjours en prison, elles ont tout de même joué un rôle incontestable dans la lutte pour la reconnaissance de la berbérité, que les régimes des présidents Boumédiène e Chadli ont combattue. Condamné en 1985 pour avoir confondu la ligue algérienne des droits de l'homme (LADH) avec des militants démocrates, Ferhat en purge 20 ans et un mois de prison avant que lui et ses camarades bénéficient d'une grâce présidentielle. En 1988, il embrasse la carrière politique au sein du parti laïc RCd avant de le quitter en 1997. En 2001, Ferhat s'exile en France suite au virage radical avec la création du MAK au lendemain des émeutes qui ont fait 126 victimes en Kabylie. Il convient tout de même de noter que le MAK se distingue par son discours agressif et radical. Avocat acharné de l'indépendance de la Kabylie, Mehenni qualifie l'Etat de régime « colonial », et ses services de sécurité de « forces coloniales ». Il juge que les incendies qui ont touché Kabylie de fait de l'Etat et visent à punir les populations à la manière de Saddam Hussein. Concernant les accusations de financement par le Maroc et Israel, Mehenni soutient la marocanité du Sahara et se félicite que Rabat ait appuyé son idée d'autodétermination de la Kabylie par la voix de son ambassadeur à l'ONU, Omar Hilale.