« Le peuple kabyle... a lui aussi le droit à l'autodétermination. Pourquoi l'Algérie lui refuse-t-elle ce droit qu'elle réclame pour les Marocains du Sahara ? ». Pour Omar Hilale, l'ambassadeur du Maroc auprès des Nations Unies, si l'Algérie défend les peuples qui revendiquent leur liberté, elle devrait au moins écouter le peuple kabyle qui se considère comme colonisé par l'Algérie. L'Algérie a accusé le Maroc de soutenir le MAK, le mouvement basé en France qui milite pour l'indépendance de la région de Kabylie dans le nord-est de l'Algérie. C'est ce même mouvement qui a été accusé par le régime algérien d'avoir incendié les forêts et d'avoir assassiné un militant du Hirak. Ferhat Mehenni, le président du MAK et du gouvernement provisoire kabyle en exil (ANAVAD) est la personne que le pouvoir algérien voudrait capturer et condamner pour trahison. Un mandat d'arrêt a été lancé contre lui. Problème, le concerné est protégé par son statut de réfugié politique délivré par le gouvernement français. Personne ne peut le toucher. La France n'est pas prête à le livrer, sachant qu'il pourrait être soumis à des actes violents dans les geôles de l'Algérie. Et donc, le souhait du procureur général près la Cour d'Alger qui a émis le mandat d'arrêt international de voir la France coopérer avec la justice algérienne pour faciliter son extradition, n'est pas près d'être exaucé. Par ailleurs, non seulement, Ferhat Mehenni rejette les accusations du pouvoir d'Alger mais il a demandé une enquête internationale afin que la lumière soit faite sur les incendies et sur l'assassinat du militant. « S'il est prouvé que j'ai appelé ou incité à mettre le feu ou à attaquer quelqu'un, je suis prêt à me livrer seul à l'Algérie », dit-il dans un de ses nombreux meetings qui rassemblent des milliers de Kabyles. Car, effectivement jusqu'à maintenant, le pouvoir algérien n'a présenté aucune preuve. Enfin la bonne question: Si la France refuse d'arrêter et de livrer Ferhat Mhenni, l'Algérie romprait-elle ses relations avec Paris? Pour les opposants exilés et Europe, dont le journaliste Hicham Aboud, Alger ne le pourra pas. D'ailleurs, pour lui, c'est toute l'Algérie qui veut son autodétermination, pas uniquement la Kabylie.