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Kalam, le magazine des cultures du Maroc pour les enfants marocains du monde [Interview]
Publié dans Yabiladi le 21 - 01 - 2025

Vivant et travaillant en France, Jihane Bakhti consacre tout son temps libre à un projet personnel qui lui tient à cœur. Jeune maman, elle a lancé le magazine Kalam en auto-édition, pour répondre à ses besoins et ceux de nombreux parents marocains à l'étranger. A travers une approche pédagogique, elle propose un contenu ludique en darija, pour permettre aux jeunes enfants de développer et de conserver leurs liens culturels avec le pays d'origine.
Comment est né le projet Kalam ?
Kalam est le premier magazine mensuel pour enfants marocains ou d'origine marocaine, mêlant darija et français. Il est destiné à la fois aux jeunes lecteurs qui habitent au Maroc, mais aussi à ceux de notre diaspora, qui vont suivre les aventures de deux personnages, Alia et Adam, à travers différentes villes du pays. Ils découvrent les histoires, les aspects culturels, ancestraux mais aussi culinaires de ces régions, à travers des jeux éducatifs, des rencontres de héros, des petits textes illustrés et des cantines populaires.
L'idée est partie d'une interrogation sur la manière adaptée pour faire découvrir à nos enfants la richesse de leur pays d'origine ou de naissance. Le projet est né lorsque j'ai eu mon premier fils, qui a aujourd'hui 5 ans. Je cherchais des ressources, des histoires, des jeux pour lui faire pratiquer l'arabe et surtout la darija à la maison, au même titre qu'on le fait en français ou en anglais. Et je n'ai pas trouvé grand-chose ! J'ai dû me débrouiller pour traduire des contenus, ou en inventer quelques uns moi-même.
C'est ainsi que j'ai pensé à un support pour nous, parents, afin de nous aider à pratiquer la darija tous les jours avec nos enfants, mais qui soit aussi à la portée de nos enfants, de manière à ce qu'ils aient eux-mêmes envie de le lire, dans une langue très parlée au Maroc.
Ph. Kalam - Jihane Bakhti
Vous êtes donc partie d'un constat personnel. Avez-vous réalisé, de fil en aiguille, que vous étiez plusieurs MRE à avoir les mêmes attentes ?
Oui. J'ai commencé à créer des petites histoires pour mon fils. Progressivement, j'ai pris conscience que dans mon entourage amical et familial, beaucoup partageaient la même difficulté que moi. Avant de me lancer vraiment dans l'aventure, j'ai pris le temps de contacter plusieurs parents d'origine marocaine, qui ont des profils très différents, qui vivent dans divers pays et qui ont tous des enfants de moins de 10 ans.
Nos nombreux échanges ont confirmé nos difficultés communes, surtout pour nos enfants de la diaspora. Ils n'habitent pas au Maroc, leurs oreilles ne sont pas imprégnées au quotidien de la darija et de l'arabe à la radio, à la télévision, à travers les personnes dans la rue ou à la maison. Ils ont très peu d'occasions pour pratiquer un parler accessible du pays d'origine. Je me suis bien rendue compte que je n'étais pas un cas isolé.
Tous les mois donc, les enfants reçoivent dans leurs boîtes aux lettres magazine qui les emmène à la découverte d'une ville du Maroc, guidés par Alia et Adam. Ils rencontrent des héros historiques qui ont contribué à la création ou à l'essor d'une cité. On peut faire la connaissance d'Ibn Battuta à Tanger, Fatima Al Fihrya à Fès, Youssef Ibn Tachfine à Marrakech…
Ph. Kalam - Jihane Bakhti
A travers des reportages, on découvre aussi des lieux de ces villes. On apprend à faire des recettes typiques, comme le caliente à Tanger, Maakouda à Rabat, Ghriba à Fès…
Les enfants peuvent réaliser aussi des pièces d'artisanat, à travers des activités manuelles en DIY, comme tadellakt pour Marrakech, le tapi rbati, le chapeau chamali… Tout se transmet à travers des histoires et des jeux, en attisant la curiosité par des visuels attractifs et des contenus ludiques. On apprend en s'amusant.
C'est la raison pour laquelle vous mêlez le français au dialecte marocain dans le magazine ?
Tout à fait. A ce stade, la langue devient plus un moyen qu'une fin en elle-même, car il ne s'agit pas d'un cours de darija, de grammaire et de conjugaison, mais d'une transmission des cultures et des savoirs du pays d'origine, dans le parler utilisé le plus couramment dans ce pays-là. J'intègre le français parce que j'ai conçu le magazine de manière à le rendre accessible à tous les parents et les enfants, notamment ceux d'origine marocaine mais qui n'ont pas une maîtrise parfaire de l'arabe ou de la darija.
J'ai axé aussi sur la darija, car j'ai constaté auprès des parents avec qui je suis en contact que les attentes principales sont liées au caractère fonctionnel et usuel du parler : pouvoir tenir des conversations et maintenir les interactions, transmettre des éléments de nos cultures locales, dont celles qui tiennent de la tradition orale.
Ph. Kalam - Jihane Bakhti
C'est aussi la raison pour laquelle j'intègre des récits imagés à travers des personnages dans lesquels les enfants peuvent se reconnaître. Le but est de proposer une immersion dans ces univers, riches de leurs références plusieurs fois centenaires, voire millénaires.
Les chiffres des ventes reflètent-ils l'engouement auprès des lecteurs ?
Depuis la première édition sortie en septembre 2024, il y a cinq mois, nous sommes quasiment 200 familles à lire Kalam tous les mois. Les abonnés se situent principalement en France, vu que la première version est en français et en darija.
Je reçois des retours extrêmement encourageants et qui font chaud au cœur. Les parents sont contents d'avoir enfin une ressource ludique moderne, avec des visuels travaillés dans l'ère du temps, pour nos enfants d'aujourd'hui.
L'un des retours qui m'a le plus marquée est celui d'une jeune maman, dont l'enfant a moins de six mois et qui est déjà abonnée, pour lui constituer son petit stock de Kalam et le lui faire découvrir, lorsqu'il sera un peu plus grand. C'est dire à quel point le projet a été bien accueilli.
Avez-vous été confrontée à des contraintes relatives à la situation actuelle de l'édition ?
J'ai lancé ce projet en sautant dans le vide ! Ce marché est quasiment inexistant, au-delà des ressources en arabe classique pour nos enfants de la diaspora. Je m'y suis engagée parallèlement à mon travail à plein temps et je le fais sur mes week-ends, sur mes vacances. La difficulté pour moi a été de m'y investir sans savoir à quoi m'attendre. Mais en réalité, on commence à se rendre compte que le besoin est plus considérable et que le projet a de quoi être pérenne.
Ph. Kalam - Jihane Bakhti
L'autre défi a été de trouver la démarche pédagogique adaptée et de convaincre aussi certains parents que transmission orale en darija n'empêche pas d'avoir des ressources ludiques, qui permettent de mieux transmettre une culture, une géographie.
Au-delà de langue, j'estime que l'objectif de Kalam est rempli si nos enfants connaissent mieux des aspects du Maroc à travers ce médium, et qu'ils l'expriment à leur manière.
Au temps de la digitalisation et de la numérisation, y a-t-il un objectif pédagogique également dans le parti pris que vous avez fait à travers le format papier ?
Je pense que la bonne nouvelle pour nos enfants est que de plus en plus de parents sont convaincus des méfaits des écrans, notamment à un si jeune âge. Il y a véritablement un retour vers le papier et cela a été rassurant pour moi, en lançant un magazine, dans le prolongement de nos usages lorsque nous étions petits nous-mêmes et qu'on allait acheter des périodiques destinés aux jeunes.
Ph. Kalam - Jihane Bakhti
Les parents avec qui j'ai longuement échangé préfèrent avoir un support papier ou un support audio pour les enfants. La difficulté par rapport au marché de l'édition reste qu'à présent, j'auto-édite tous les numéros de Kalam. Mais je me dis que cela me permet de me focaliser sur la transmission d'une culture, plus que sur l'idée d'un choix linguistique.
Avez-vous élargi votre équipe pour la conception du magazine, depuis le lancement ?
Je m'occupe moi-même de toute la rédaction, de la création d'histoires et de la conception des jeux, en collaboration avec ma mère enseignante, qui m'aide beaucoup sur la démarche pédagogique. Deux personnes travaillent avec moi sur le volet graphique et l'illustration, pour concevoir un visuel qualitatif. Une designer graphiste travaille les couleurs, les typographies et la mise en page, puis une illustratrice a créé les deux personnages d'Aya et Adam.
Actuellement, le magazine n'est disponible qu'en abonnement via le site internet. Nous livrons directement partout dans le monde donc au Maroc, aux Etats-Unis, au Canada, au Belgique en Suisse, au Singapour… On a des familles de lecteur dans tous ces pays-là.
Le magazine semble en effet donner la possibilité de mixer la darija à diverses langues finalement. Envisagez-vous un développement dans ce sens ?
Oui. Kalam existe initialement en darija et français. Je pense que les prochains développements consisteront à le rendre disponible en darija mais avec d'autres langues, pour que les parents d'origine marocaine et non-francophones puissent en faire usage avec leurs enfants dans d'autres pays.
Les autres langues pratiquées par nos concitoyens à l'étranger sont souvent l'anglais et l'espagnol. Il me tient à cœur d'avoir des versions qui couvrent les trois langues les plus utilisées par notre diaspora et que la darija reste, pour chacun de ces formats, une constante qui fait le trait d'union justement entre ces différentes diasporas, qu'elles vivent dans un pays francophone, hispanophone ou anglophone.


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