En dépit d'une conjoncture complexe, les dirigeants marocains restent confiants et préparent activement l'avenir en misant sur l'innovation technologique et l'expansion internationale. L'intégration de l'IA, la gestion des risques géopolitiques et environnementaux ainsi que l'ouverture vers de nouveaux marchés se présentent comme les clés de cette résilience. Pas moins de 4.700 dirigeants de 109 pays ont participé à la 28ème édition du Global CEO Survey de PwC, qui vient de publier la troisième édition de son étude consacrée au Maroc. Celleci repose sur la contribution de plus de 50 dirigeants issus de secteurs économiques divers et représentatifs. L'étude, dont 65% du public cible appartiennent au secteur privé, met en lumière les perceptions et stratégies des chefs d'entreprise marocains face aux enjeux économiques et technologiques actuels. Il en ressort que malgré une baisse relative de la confiance envers l'économie mondiale, 90 % des dirigeants restent optimistes quant à la croissance de leurs entreprises. Dans ce sens, la précédente édition de l'enquête montrait déjà un retour de l'optimisme parmi les dirigeants marocains, précise le rapport qui indique que la participation féminine atteint 20 %, un taux largement supérieur à la moyenne mondiale du Global CEO Survey, qui s'établit à seulement 9 %. La même source notre que la montée des tensions géopolitiques et l'instabilité macroéconomique ont réduit leur confiance dans l'économie mondiale. En revanche, 90 % des chefs d'entreprise interrogés estiment que leur entreprise poursuivra sa croissance au cours des 12 prochains mois. 34% des sondés considèrent les tensions géopolitiques comme le principal risque pour leur entreprise. Dans ce même sens, 65 % des dirigeants se disent exposés aux risques des changements climatiques, en particulier en raison des contraintes réglementaires sur les émissions carbones. La perception du risque cyber s'accroît, surtout au vu de la numérisation massive des entreprises, surtout qu'en 2025, 58 % d'entre eux se sentent exposés aux menaces cyber, perçues comme un facteur de destruction de valeur. Cependant, l'inquiétude liée à l'inflation semble s'atténuer par rapport à l'année précédente. Mais il n'empêche que malgré ces perceptions et perspectives mitigées, 81 % des dirigeants sont confiants quant aux perspectives de croissance de l'économie marocaine, contre 90% en 2024. « Malgré un environnement économique en perpétuelle évolution, les entreprises marocaines affichent toujours de la confiance dans leurs perspectives de croissance. Engagées dans une transformation durable, les entreprises misent sur une approche pragmatique, alliant innovation technologique et valorisation du capital humain », note Reda Loumany, Territory Managing Partner de PwC au Maroc, précisant que leur capacité d'adaptation face aux défis émergents, tels que l'Intelligence Artificielle et le changement climatique, témoigne de leur volonté de construire un avenir résilient et prospère ».
L'IA comme moteur de transformation En effet, L'IA fait son entrée parmi les priorités des CEO marocains. 71 % d'entre eux prévoient d'intégrer cette technologie dans leurs processus clés d'ici trois ans, alors que 65 % des dirigeants au MoyenOrient et en Europe de l'Ouest constatent déjà une amélioration de l'efficacité de leurs employés grâce à l'IA, apprend-on de l'étude. « En plus d'optimiser l'efficacité opérationnelle, l'IA se positionne comme un outil stratégique pour accélérer la transformation des entreprises et renforcer leur résilience », note les éditeurs de l'enquête. Ce mouvement est avant tout motivé par les gains de productivité attendus grâce à l'automatisation des tâches répétitives, libérant ainsi du temps et améliorant l'efficacité opérationnelle. Pourtant, seuls 19 % des dirigeants envisagent d'intégrer l'IA dans la gestion des effectifs et des compétences. Un chiffre encore modeste, alors qu'à l'échelle mondiale, plus de la moitié des entreprises prévoient d'automatiser une partie de leurs fonctions RH d'ici 2030. Sur le plan macroéconomique, PwC estime que l'IA pourrait apporter une contribution de 15.700 milliards de dollars à l'économie mondiale d'ici 2030, portée par les gains de productivité, l'innovation produit et l'amélioration des services. « Les entreprises marocaines franchissent désormais un nouveau cap dans lequel le virage technologique devient une condition essentielle de leur succès », précise Jonathan Le Henry, leader de Strategy& au Maghreb, ajoutant que dans ce contexte, le capitalinvestissement joue aussi un rôle clé dans la transformation de nos entreprises locales et en soutenant les projets d'expansion au-delà des frontières du Maroc. L'évolution technologique et les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) deviennent dans cette perspective des enjeux stratégiques incontournables. Le passage des ESG d'une contrainte réglementaire à un levier de compétitivité constitue un changement majeur. Les entreprises doivent non seulement intégrer des pratiques durables, mais aussi se préparer aux nouvelles réglementations sur le climat.
Cap sur l'internationalisation Les opérations de croissance externe jouent un rôle majeur dans la stratégie des entreprises marocaines. Près de la moitié des dirigeants (47%) envisagent une acquisition dans les trois prochaines années, confirmant ainsi leur volonté d'internationalisation. Cette dynamique s'inscrit dans une tendance déjà engagée, puisque 39 % affirment avoir réalisé au moins une acquisition significative au cours des trois dernières années. Les marchés cibles les plus prisés incluent les Etats-Unis, la France, l'Espagne et des pays africains comme la Côte d'Ivoire et le Sénégal.