L'extorsion sexuelle via Internet, souvent appelée "sextorsion", est une forme de cybercriminalité où un individu menace de divulguer des images ou des vidéos intimes d'une personne à moins qu'elle ne paye une somme d'argent ou n'accepte certaines demandes. Ces extorqueurs utilisent souvent des sites de rencontres en ligne, des réseaux sociaux ou des applications de messagerie pour approcher leurs victimes, les manipuler et les tromper. La technique est de jeter l'hameçon et d'attendre la victime qui sera psychologiquement prédisposée à l'arnaque. On peut aussi parler de phishing sexuel. Les personnes ayant porté plainte, démarche qui n'est pas toujours effectuée, montrent une large représentation des différentes couches sociales parmi les victimes. Au Maroc, comme dans de nombreux autres pays, ce phénomène est malheureusement présent, notamment avec l'utilisation croissante des réseaux sociaux et des plateformes de communication en ligne. Des milliers de jeunes désœuvrés ont littéralement transformé cette effrayante forme de cybercriminalité en un métier à part entière et amassé d'importantes sommes d'argent.
Les étapes typiques d'une sextorsion incluent
Une approche L'extorqueur peut commencer par se faire passer pour quelqu'un d'autre, souvent par le biais de profils falsifiés sur des plateformes de rencontres ou sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, tiktok ...), pour établir une relation avec la victime. En général celui d'une jeune fille dont on a récupéré à l'avance des photos et vidéos souvent à caractère érotique ou pornographique pour créer un faux compte. L'extorqueur peut aussi utiliser la voix d'une femme enregistrée sur des audios qu'il peut utiliser selon la situation ou carrément utiliser un imitateur de voix. La manipulation L'extorqueur persuade la victime de lui envoyer des photos ou des vidéos intimes, jouant souvent sur la confiance ou la vulnérabilité de la personne. Ou bien après un échange de mise en confiance, il opère à l'enregistrement à son insu d'appels vidéos compromettants. Il peut aussi par le biais d'un logiciel malveillant, un cheval de troie par exemple, infecter l'ordinateur ou le téléphone de la cible pour récupérer des fichiers intimes.
La menace Après avoir acquis ces fichiers sensibles, l'extorqueur menace de les partager publiquement sur les réseaux sociaux ou avec des proches si la victime ne se soumet pas à ses exigences, généralement financières.
Des exigences Les extorsionnaires exigent souvent de l'argent via les agences de transfert d'argent, parfois aussi sous forme de cryptomonnaie, pour éviter la diffusion des fichiers compromettants. Ces moyens de paiement sont difficiles à tracer et permettent une certaine impunité aux cybercriminels.
Que faire si vous êtes victime ?
Ne pas céder aux demandes: Il est crucial de ne pas répondre aux demandes de l'extorqueur, qu'il s'agisse d'un paiement ou d'autres actions.
Conserver les preuves: Conservez toutes les communications, captures d'écran et autres éléments pouvant servir de preuves.
Porter plainte: Il est important de signaler l'incident directement aux forces de l'ordre (unités de cybercriminalité), au parquet compétent ou via les sites spécialisés dédiés à ce type de criminalité. Les plateformes de médias sociaux ou de messagerie disposent également de moyens pour signaler ces comportements.
Protéger votre vie privée en ligne: Assurez-vous que vos profils sur les réseaux sociaux et autres plateformes en ligne sont sécurisés et privés.
Conséquences
Psychologiques: Les victimes de sextorsion peuvent souffrir de stress, d'anxiété, de dépression, et dans certains cas, cela peut conduire à des pensées suicidaires.
Sociales: La peur de l'humiliation publique ou de la stigmatisation peut pousser les victimes au silence, ce qui rend difficile la quantification et la lutte contre ce phénomène.
Légales: Au Maroc, la sextorsion est un délit puni par la loi. La loi marocaine prévoit des sanctions pour les auteurs de sextorsion. Selon le Code pénal, l'usurpation d'identité, l'induction en erreur, l'incitation à la débauche, la fraude, le chantage, la diffusion d'images intimes, à caractère érotique ou pornographique consensuelle ou non et l'atteinte aux systèmes d'information sont toutes des infractions punissables par des peines de prison et des amendes. La loi relative à la presse et à l'édition renforce également la protection contre les abus en ligne. De plus, les autorités chargées de l'application de la loi se sont dotées d'unités spécialisées dans la lutte contre toute forme de cybercriminalité.