Le Web n'est pas à l'abri des menaces et le phénomène du harcèlement, très présent sur les différentes plateformes sociales, est en pleine expansion. Le cyberharcèlement se porte bien. La facilité d'accès aux technologies de l'information et de la communication, en plus de la démocratisation des smartphones, tablettes, PC et autres objets connectés et l'accroissement des plateformes sociales, ne fait qu'aggraver la propagation du fléau. Cet acte d'agression volontaire ne fait pas de distinction entre jeunes, adultes, individus ou groupes. Il prend d'ailleurs plusieurs formes, tantôt directes, tantôt sournoises comme la propagation de rumeurs et dénigrement, piratage de données personnelles, insultes, moqueries et intimidations en ligne, sextorsion, ou chantage sexuel…
Des répercussions graves Le cyberharcèlement est d'autant plus dangereux qu'il est difficile d'effacer ce qui a été partagé sur Internet. Ce phénomène met les victimes dans un état constant d'insécurité et a des répercussions directes sur leur santé mentale et leur bien-être. Les conséquences pour les victimes sont parfois alarmantes: suicide, dépression, perte d'estime… Kholoud Kebali, journaliste reporter et directrice chez Press Key Media, présente sur Facebook depuis 2006, déclare en avoir vu de toutes les couleurs, entre harcèlement sexuel ou violation de la vie personnelle (sa façon de s'habiller, ses pensées et avis sur les sujets du quotidien...). « J'ai reçu des insultes et menaces depuis mon inscription sur les différents réseaux sociaux. Certaines de ces menaces étaient très sérieuses et elles concernaient ma famille. Je pense avoir bien fait de prévenir les autorités, sans pour autant entamer de procédures, car il est hors de question de sombrer dans la peur ou la panique parce que certains considèrent l'ouverture d'esprit comme une fracture du crâne qu'ils doivent soigner. Les gens ne connaissent pas de limites et confondent liberté d'expression avec le droit aux attaques haineuses et au harcèlement, dommage pour eux ». Elle souligne que malgré tout cela, elle ne regrette absolument pas sa présence sur les réseaux sociaux, car cela lui a permis de rencontrer des êtres fabuleux qui font désormais partie intégrante de sa vie.
Le cas de Oued Zem L'un des phénomènes liés au cyber-harcèlement qui donne malheureusement une mauvaise image du Royaume est la sextorsion. La ville d'Oued Zem s'est fait une réputation mondiale avec cette pratique. De jeunes cybercriminels usent du Web pour extorquer de l'argent à des victimes, souvent des résidents des pays du Golfe. Le mode opératoire reste assez simple; les cybercriminels se font passer pour de jeunes filles sur des sites de rencontres à travers de faux profils et utilisent les images et vidéos, souvent dans des positions compromettantes prises avec leurs victimes. Ensuite, ils menacent de diffuser ce contenu sur le Net contre des sommes d'argent. L'un des autres cas qui avait défrayé la chronique est sans doute celui de l'affaire de Tighassaline, non loin de la ville de Khenifra, où une prostituée du nom de Rkia Abouali, avait filmé un juge en train de lui faire des aveux sur des affaires de corruption. Dans cette vidéo filmée à son insu, il avouait ses crimes et ceux d'autres hauts placés sans parler des ébats amoureux qu'ils ont eu, le tout enregistré sur un CD dont elle se servira pour lui faire du chantage. Elle a été arrêtée en mars 2007 pour prostitution, trafic de drogues et homicide involontaire, puis libérée le 3 avril 2008.
Juridiquement parlant En accord avec les principes de la Constitution, le législateur marocain a consacré toute une section du Code pénal pour réprimer toute atteinte portée à l'honneur et à la considération des personnes. Des dispositions qui condamnent la discrimination, l'apologie et la propagation de la haine, de la violence et du racisme. Ainsi, tout citoyen a le droit à la protection et au respect de sa dignité, dans le monde réel, mais aussi virtuel. Le législateur précise clairement que toute allégation ou imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur ou à la considération des personnes ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation. De plus, toute expression outrageante, terme de mépris ou invective qui ne renferme l'imputation d'aucun fait, est une injure. Ainsi, l'article 503-1 ajouté par la loi 24.03 au Code pénal stipule : « Est coupable de harcèlement sexuel et puni de l'emprisonnement d'un an à deux ans et d'une amende de 5.000 à 50.000 dirhams, quiconque, en abusant de l'autorité qui lui confère ses fonctions, harcèle autrui en usant d'ordres, de menaces, de contraintes ou de tout autre moyen, dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle ».