Ça a commencé le 18 mars lorsque l'Université d'Istanbul a révoqué le diplôme d'Imamoglu. Ensuite, le lendemain, il a été arrêté, ainsi que des membres de son personnel et un maire d'arrondissement d'Istanbul. Le moment choisi pour ces deux mesures suggère qu'Erdogan craint réellement qu'Imamoglu ne représente une menace sérieuse pour son règne de 22 ans. La centaine de personnes interpellées lors de la rafle policière à Istanbul appartenaient toutes au principal parti d'opposition turc, le Parti républicain du peuple (RPP), créé par le fondateur de la Turquie, Mustafa Kemal Atatürk. Les accusations portées contre eux incluent corruption, constitution d'une organisation criminelle et soutien au PKK, le groupe kurde qualifié de terroriste par la Turquie, par le biais d'une collaboration avec le parti politique pro-kurde. Ce qui rend cette accusation d'autant plus déroutante, c'est qu'elle intervient à un moment où le gouvernement présente Abdullah Öcalan, le chef du PKK, comme un pacificateur capable de dissoudre l'organisation. Ce revirement concernant Öcalan, emprisonné en Turquie depuis 26 ans, est perçu par les observateurs politiques comme une tentative d'Erdogan de s'attirer le soutien des Kurdes en faveur d'un amendement constitutionnel supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels, qui l'empêche autrement de se représenter. La Constitution turque limite les mandats présidentiels à deux quinquennats. Erdogan a déjà été élu trois fois, mais a justifié sa troisième candidature en arguant que son premier mandat avait eu lieu avant les amendements constitutionnels de 2017 qui ont instauré le système actuel. Si la limitation du nombre de mandats est levée, il pourrait être réélu une quatrième fois, voire au-delà.