Le Conseil français du culte musulman (CFCM) condamne, dans un communiqué, fermement la stigmatisation persistante dont sont victimes les femmes portant le voile en France. Indépendamment de leurs choix de vie, elles sont devenues une cible privilégiée, désignées comme responsables de diverses tensions sociétales. Tantôt accusées de communautarisme ou d'«entrisme», tantôt présentées comme des victimes à «libérer», elles se retrouvent constamment prises dans un débat qui nie leurs libertés fondamentales. Cette campagne de dénigrement, omniprésente et toxique, attise les divisions et affaiblit la cohésion nationale. Elle expose ces femmes à des violences croissantes, verbales comme physiques, transformant leur quotidien en un espace d'insécurité grandissante. Pourtant, la République a le devoir de les protéger. Le CFCM rappelle qu'il a toujours condamné le port du voile lorsqu'il est imposé. Mais il s'oppose tout autant aux dérives qui, sous couvert de laïcité ou d'émancipation, imposent une vision paternaliste et condescendante aux femmes ayant fait ce choix en toute liberté. À ce titre, il cite les mots du Secrétaire général de l'ONU, prononcés en français devant l'Assemblée générale : «Dans certains pays, les femmes et les filles sont punies parce qu'elles portent trop de vêtements. Dans d'autres, parce qu'elles n'en portent pas assez.» En France, les agents du service public sont soumis à une obligation de neutralité religieuse, contrairement aux usagers. Cette distinction, inscrite dans la loi républicaine, a toujours été acceptée par la majorité des citoyens de confession musulmane. Mais vouloir multiplier les lois pour restreindre la visibilité religieuse d'une seule communauté est une atteinte aux principes d'égalité et de laïcité. Le climat actuel, nourri par des amalgames flous autour de notions comme «entrisme» ou «islamisme», alimente une suspicion généralisée qui pèse sur tous les citoyens musulmans. Les débats glissent insidieusement du port du voile dans le sport à la rupture du jeûne pendant un match, voire jusqu'à des polémiques absurdes, comme la supposée pénurie d'œufs liée au Ramadan. Face à ces dérives, le CFCM en appelle à la raison et à la responsabilité. Ces enjeux ne doivent pas être instrumentalisés à des fins idéologiques ou électoralistes, au détriment de la cohésion nationale et du respect des libertés individuelles, en particulier celles des femmes, quelles que soient leurs convictions et leurs choix de vie.