Telle est la question qui agite les observateurs à Washington. Si les avis divergent, un consensus émerge : Donald Trump incarne indéniablement la figure politique la plus marquante de son époque. Depuis plus d'une décennie, Trump domine la scène politique américaine avec une rare intensité. Lors de son discours inaugural au Capitole, Joe Biden et son entourage ont peut-être grimacé face à l'envolée d'autoglorifications et de promesses formulées par le nouveau président, mais une chose est certaine : Trump entend balayer l'héritage de l'administration précédente pour instaurer un nouvel ordre politique. Contrairement aux démocrates, qu'on critique qu'ils soient souvent associés à des politiques technocratiques sous l'administration Biden, Trump propose une vision résolument ambitieuse. Il promet un nouvel «âge d'or» articulé autour de grands principes : l'imposition de tarifs douaniers élevés, l'indépendance énergétique, le renforcement des frontières et la fin des politiques de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI). «Rien, ne pourra nous arrêter», a-t-il affirmé. Au sommet de son pouvoir, Trump a démontré sa maîtrise de la scène politique lors de sa cérémonie d'investiture. Non seulement il s'est entouré de milliardaires de la tech, mais il a aussi relégué les gouverneurs républicains et autres figures conservatrices de premier plan dans le Hall adjacent à la Rotunda. Ce n'est qu'après son discours inaugural qu'il daigna leur accorder une audience. Dans les heures qui ont suivi, Trump a frappé fort. Devant une foule réunie à la Capitol One Arena, puis plus tard depuis le Bureau ovale, il a signé une série de décrets destinés à marquer les esprits. Parmi eux figuraient le retrait des Etats-Unis de l'Organisation mondiale de la santé et des Accords de Paris sur le climat, ainsi que l'abolition du droit du sol. L'agenda immédiat de cette nouvelle administration est ambitieux. Il vise la fin de la guerre en Ukraine, une redéfinition géopolitique du Moyen-Orient et une possible rencontre avec Kim Jong-un, le dirigeant de la Corée du Nord. Mais c'est la rencontre prévue entre Trump et Xi Jinping, le président chinois, qui pourrait devenir l'un des tournants majeurs de cette nouvelle ère de compétition entre superpuissances. Des enjeux stratégiques tels que le contrôle des semi-conducteurs et la sécurité des données domineront, sans doute, les discussions des mois à venir. Toutefois, des mesures comme les contrôles à l'exportation risquent de ne pas suffire à freiner la montée en puissance de la Chine, tout comme la France du XVIIIe siècle n'a pu enrayer l'essor de la révolution industrielle anglaise. Déjà, sous son premier mandat, Trump avait fait de la rivalité avec la Chine une priorité. Huit ans plus tard, cette dynamique s'est intensifiée, ouvrant une nouvelle ère de compétition entre superpuissances. La seule question qui demeure est de savoir quelle direction prendra ce bras de fer historique.