Le président républicain a condamné «une attaque odieuse» contre le siège du Congrès, sans évoquer une quelconque responsabilité de sa part. Un policier a succombé jeudi aux blessures qu'il a reçues lors des affrontements. Après l'envahissement du Capitole par les partisans de Donald Trump mercredi, le président sortant s'est dit «scandalisé», jeudi 7 janvier. Sa réponse se faisait attendre, alors que Joe Biden l'accusait d'avoir «déchaîné un assaut» contre les institutions démocratiques, sans cependant se prononcer sur les appels à l'écarter immédiatement du pouvoir. Trump se dit «scandalisé par la violence» au Capitole Le président sortant s'est dit «scandalisé par la violence, l'anarchie et la pagaille». «A ceux qui ont commis des actes de violences ou de destruction, vous ne représentez pas notre pays. Et à ceux qui ont enfreint la loi, vous paierez», a-t-il assuré dans une vidéo publiée sur son compte Twitter. Il a assuré vouloir une transition du pouvoir «sans accroc» et a appelé à «l'apaisement et à la réconciliation». «Le Congrès a certifié les résultats [de l'élection présidentielle]. Une nouvelle administration prêtera serment le 20 janvier», a-t-il poursuivi, dans ce message qui marque un changement de ton très net par rapport à la veille. Plus tôt, la porte-parole de la Maison Blanche a affirmé que son gouvernement condamnait aussi «de manière aussi ferme que possible» les violences qui ont eu lieu au Capitole mercredi. Elles «étaient effroyables, répréhensibles et contraires aux valeurs américaines», a déclaré Kayleigh McEnany lors d'une allocution extrêmement brève. Des démissions en cascade Au lendemain de l'intrusion violente de manifestants dans le Capitole, la journée a été marquée par des démissions en cascade dans l'entourage de Donald Trump, en protestation. Son ancien chef de cabinet, Mick Mulvaney, a démissionné de son poste de diplomate. «Je ne peux pas rester, pas après hier. On ne peut pas voir ce qui s'est passé hier et vouloir en être partie prenante d'une quelconque façon», a déclaré sur la chaîne CNBC celui qui était devenu émissaire des Etats-Unis en Irlande du Nord depuis son départ de la Maison Blanche au printemps 2020. «Ceux qui choisissent de rester, et j'ai parlé à certains d'entre eux, le font parce qu'ils craignent que le président nomme quelqu'un de pire» à leur place, a-t-il justifié. La secrétaire aux transports, Elaine Chao, en poste depuis 2017, a également annoncé sa démission jeudi, mentionnant son «trouble» face à l'envahissement du Capitole la veille. Elle a été la première membre du cabinet de Donald Trump à annoncer sa démission à la suite des violences qui se sont déroulées mercredi. Immédiatement après les événements, mercredi, le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Matt Pottinger, architecte de la politique de M. Trump à l'égard de la Chine, avait démissionné, ainsi que Stephanie Grisham, ancienne porte-parole de la Maison Blanche. Mais cette dernière n'a pas mentionné les événements du Capitole dans le communiqué annonçant son départ. La ministre de l'éducation, Betsy Devos, a annoncé sa démission, jeudi. «Il est indéniable que votre rhétorique a eu un impact sur la situation, et c'est un point de bascule pour moi», accuse la ministre dans une lettre adressée à Donald Trump, dont plusieurs médias américains ont obtenu la copie. Deux des principales conseillères de la First Lady,Melania Trump, ont aussi annoncé leur départ mercredi, et le conseiller à la sécurité nationale, Robert O'Brien, supérieur hiérarchique de M. Pottinger, envisageait également de démissionner, selon l'agence de presse Reuters. D'autres départs sont attendus, selon les médias américains, ce qui devrait encore accroître le turn-over record de l'administration Trump. Plus tard, jeudi, le chef de la police du Capitole, Steven Sund, a présenté sa démission à compter du 16 janvier, rapporte une source proche de cette agence fédérale. Mort d'un policier blessé lors des affrontements Un policier a succombé aux blessures qu'il a reçues lors des affrontements, a annoncé la police du Capitole dans un communiqué publié jeudi soir. L'agent Brian Sicknick «était déployé sur les affrontements au Capitole mercredi 6 janvier 2021 et a été blessé lors de contacts physiques avec les protestataires». «Il est retourné à ses quartiers et s'est effondré. Il a été emmené à l'hôpital local où il a succombé à ses blessures» jeudi soir, selon le communiqué. M. Sicknick travaillait depuis douze ans dans ce service de police. Par ailleurs, quatre protestataires sont morts durant ces incidents, dont une femme touchée par une balle tirée par la police. Les circonstances des trois autres décès n'ont pas encore été éclaircies. Le président sortant sous le feu des critiques Joe Biden a accusé le président sortant d'avoir «déchaîné un assaut sans merci contre les institutions» démocratiques américaines. «Hier était à mes yeux l'un des jours les plus sombres de notre histoire», a-t-il déploré depuis son fief de Wilmington, dans le Delaware, qualifiant ceux qui ont participé à ces troubles de «terroristes». Le prochain président américain, qui s'installera à la Maison Blanche dans treize jours, s'est dit convaincu que des manifestants antiracistes auraient été traités «très différemment» des partisans de M. Trump qui ont semé le chaos à Washington la veille. «Nous savons tous que c'est vrai, et c'est inacceptable», a-t-il dénoncé. Démettre Trump est une «urgence de la plus haute importanc », a déclaré également Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants, réclamant le recours au 25e amendement de la Constitution pour écarter M. Trump du pouvoir. La haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, la Chilienne Michelle Bachelet, a quant à elle exhorté M. Trump à «désavouer les discours faux et dangereux» et estimé que l'irruption de ses sympathisants au Capitole montrait l'impact de «l'incitation à la violence et à la haine» Mike Pompeo répond aux critiques Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a répondu aux «nombreuses personnes» ayant comparé les Etats-Unis à une république bananière, dont l'ancien président George W. Bush. «Cette calomnie révèle une compréhension erronée des républiques bananières et de la démocratie en Amérique», a déclaré ce fidèle du président républicain dans un message publié sur Twitter. «Dans une république bananière, la violence populaire détermine l'exercice du pouvoir. Aux Etats-Unis, les forces de l'ordre font cesser la violence populaire pour que les élus du peuple puissent exercer leur pouvoir.»