Le président français Emmanuel Macron a fait «un joli cadeau» au président Abdelmadjid Tebboune à la veille de l'élection présidentielle anticipée en Algérie, qui risque de provoquer l'annulation, pour la énième fois, d'une visite officielle en France, annoncée depuis plusieurs mois, ensuite reportée puis reprogrammée. Cette visite, la «bonne», devrait avoir lieu fin septembre-début octobre, soit au lendemain du scrutin du 7 septembre en Algérie. Cette date avait été annoncée avant que l'Algérie ne décide d'avancer la présidentielle, initialement prévue en décembre 2022, de plus de deux mois pour des raisons inexpliquées. Maintenir cette visite officielle aux dates prévues reviendrait à dire que ces élections ne sont qu'une simple formalité et que Tebboune sera reconduit automatiquement pour un deuxième mandat, avant même le scrutin. En dépit des multiples reports, rien d'indique que cette fois-ci cette visite aura bien lieu, en raison, non pas de désaccords sur les dossiers bilatéraux, comme celui de la restitution du burnous de l'émir Abdelkader, mais de la nouvelle décision française de reconnaître la marocanité du Sahara, communiquée au préalable à Alger par les autorités françaises, et qui a provoqué l'ire d'Alger. La note confidentielle par laquelle Paris informait Alger de ses intentions était destinée à éviter toute surprise à Alger. Dans la pratique, elle ne donne lieu ni à une réponse ni à un communiqué. Le président Tebboune, qui se targuait de l'amitié tissée avec Emmanuel Macron pour parer à tout basculement de Paris dans l'arène marocaine, observe aujourd'hui le silence. La décision de Paris, dans le contexte électoral, ne constitue pas pour lui un motif de réconfort. On ne peut tout de même pas prétendre que Tebboune soit en désaccord avec son ministre des affaires étrangères sur le ton du communiqué publié par le ministère des affaires étrangères. Tebboune devrait s'abstenir de tout commentaire à propos de la décision de Paris, qui sera interprétée par ses adversaires comme un échec de Tebboune, qui n'aurait pas réussi à convaincre Emmanuel Macron de la justesse de la cause défendue par Alger (question du Sahara). La France, après maintes tergiversations, a fini par rallier le mouvement amorcé par les Etats unis d'Amérique, qui avaient reconnu la souveraineté totale et entière du Maroc sur son Sahara. Certes, Paris a mis du temps par rapport surtout à l'Espagne. Toutefois, la décision française va bouleverser de fond en comble le cours de ce dossier qui va ainsi entrer dans sa phase cruciale de règlement, sur la base du projet d'autonomie marocain. La clique d'Alger, comme disait un influenceur algérien célèbre, a gagné au bout de cinquante ans, une seule chose : l'animosité à l'égard du Maroc. *journaliste et écrivain