Economie verte : Parier sur le mix énergétique pour gagner en compétitivité    Contrôle à l'import: Plus de 5 583 tonnes de produits interdits en 2024    Attentat déjoué de Had Soualem : Cherkaoui Habboub met en garde contre l'embrigadement familial    Europa League: DIX-HUIT matchs en duplex ce soir !    MAJ du Botola D1 / J19: Le RCA concède le nul face à l'OCS    La majorité gouvernementale soutient la réforme du Code de la famille et annonce une feuille de route pour l'emploi    Alerte météo : ADM appelle les usagers à la vigilance    Province de Boulemane : Plus de 855 MDH d'investissements privés depuis 2020    AMMC : quelles priorités pour 2025 ?    Le Maroc et Sao Tomé-et-Principe signent une nouvelle feuille de route de coopération    Le roi Mohammed VI adresse ses condoléances à Salmane Bin Abdelaziz Al-Saoud    Meurtre d'un homme ayant brûlé le Coran en Suède: cinq personnes arrêtées    Le RN place une inamicale présidente du groupe d'amitié France-Maroc    Trump prépare l'envoi de 30.000 migrants irréguliers à Guantanamo    Le 1er Chaabane correspondra au vendredi 31 janvier    Baitas : La HAS garantit la continuité du travail de l'État dans le secteur de la santé    Le Chef du gouvernement s'entretient avec le ministre yéménite des Affaires étrangères    Hakim Ziyech quitte Galatasaray pour rejoindre le club qatari d'Al Duhail    Philip Morris Maghreb nommé Top Employer au Maroc pour la 9e année consécutive    Londres : Deux élèves marocaines disparues durant un programme d'échange    Société Générale Maroc, partenaire de la 3ème édition du Festival du Livre Africain de Marrakech    Février 2025 : Meydene célèbre la diversité artistique avec une programmation éclectique et inoubliable !    Faire du bénévolat un pilier du développement    Angela Merkel qualifie « d'erreur » l'adoption d'un texte sur la migration avec le soutien de l'extrême droite    Championnat du Monde de handball masculin: Ce soir, débutent les demi-finales    Ecosse/Foot : Le Marocain Issam Charai nommé entraîneur adjoint des Rangers    Contribution sociale de solidarité : un levier fiscal pour la cohésion nationale    Maroc: 86.493 entreprises créées à fin novembre 2024    Bad weather in Morocco : Road users urged to be vigilant    Morocco strengthens security ties with Spain and Germany    Températures prévues pour le vendredi 31 janvier 2025    Salé : La commémoration du soulèvement du 29 janvier, une occasion de tirer les leçons et un appel à préserver la mémoire historique    Face à Liverpool, Ismael Saibari artisan de la victoire du PSV Eindhoven (2-3)    FLAM 2025 : La diversité littéraire africaine à l'honneur    Hélène Laporte à la tête du groupe d'amitié France-Maroc : une nomination aux résonances discordantes    Amal El Fallah Seghrouchni tient une réunion de travail avec les responsables du groupe Nokia    LdC : la phase des barrages promet des affiches choc    Le ministère de l'Education nationale poursuit la régularisation des situations administratives et financières de certains fonctionnaires    Cancer génito-urinaire : un premier réseau africain voit le jour à Fès    CHAN. Les nouvelles dates    Dialogue sectoriel : les négociations reprennent    USA: Collision près de Washington entre un avion de ligne et un hélicoptère militaire    Doha Film Institute: Subvention de 47 projets cinématographiques de 23 pays, dont le Maroc    Les prévisions de jeudi 30 janvier    La Fondation Nationale des Musées et le Groupe CDG scellent un partenariat stratégique pour dynamiser la scène culturelle de Casablanca    Rabat : avant-première du court-métrage "The Kids" pour soutenir les enfants en conflit avec la loi    Le président français annonce une série de mesures pour sauver le musée du Louvre    Dynamisation du Théâtre marocain : Réelle ambition ou rêve hors de portée ? [INTEGRAL]    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'historien Jean-Pierre Filiu : Pour Paris, «une lucidité bien tardive sur le régime algérien»
Publié dans Barlamane le 10 - 10 - 2021

Depuis le Mali, Ramtane Lamamra a parlé de «solidarité agissante» avec Bamako, au moment où les nouvelles autorités du pays ont convoqué l'ambassadeur de France à Bamako pour exprimer leur «indignation» après les critiques très vigoureuses de M. Macron à la suite du discours de M. Maïga à l'ONU.
«La détermination d'Emmanuel Macron à tourner enfin la page des querelles mémorielles franco-algériennes vient de déboucher sur une crise sans précédent entre Paris et Alger. Ce n'est pas la première fois que la parole présidentielle, mêlant l'officiel à l'informel, suscite trouble et incompréhension sur la scène internationale» a écrit sur son blog l'historien Jean-Pierre Filiu. «Mais jamais la confusion des genres entre le registre franco-français et le discours diplomatique n'a provoqué une telle tension, compromettant sans doute pour longtemps la sérénité des relations franco-algériennes. Car Macron est parvenu à faire contre lui l'unanimité en Algérie, aussi bien chez les partisans du régime que dans les rangs de l'opposition» affirme-t-il.
Ramtane Lamamra en est allé au point de plaider pour une «décolonisation» comme une «priorité» pour que la «faillite mémorielle», manifestée, selon lui, par les récents propos français envers l'Algérie et le Mali, puisse «s'assainir par un respect mutuel inconditionnel, respect de notre souveraineté, respect de notre indépendance de décision». Il n'a toutefois pas cité nommément M. Macron mais a parlé d'une «faillite mémorielle, qui est malheureusement intergénérationnelle chez un certain nombre d'acteurs de la vie politique française, parfois aux niveaux les plus élevés», et «qui pousse les relations de la France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crise malencontreuse».
Selon M. Filiu, «le président français paie aujourd'hui des années d'aveuglement sur la nature réelle du régime algérien. Il a longtemps cru, ou voulu croire, que son homologue à Alger, Abdelaziz Bouteflika jusqu'en avril 2019, Abdelmadjid Tebboune depuis décembre 2019, pouvait être son partenaire dans une réconciliation des mémoires entre la France et l'Algérie», indiquant que les intentions de Paris étaient fondées «sur une analyse profondément erronée du rapport de force en Algérie, où la contestation populaire du Hirak, une fois obtenue la démission de Bouteflika, a accentué la crispation des généraux algériens et leur mainmise sur la façade civile du pouvoir. Alors que les manifestants exigeaient "une nouvelle indépendance" et remettaient en cause l'histoire officielle de l'Algérie, Macron a préféré accorder son soutien sans réserve à Tebboune, pourtant élu dans un scrutin massivement boycotté par la population.»
«Tout à son grand œuvre mémoriel, le président français a, en novembre 2020, qualifié de "courageux" son homologue algérien, oubliant que Tebboune avait, sept mois plus tôt, accusé la France d'avoir massacré "plus de la moitié de la population algérienne". L'annulation, en avril, de la visite du premier ministre français à Alger, sur fond de déclaration anti-française d'un membre du gouvernement, a souligné la fragilité du pari de Macron sur Tebboune. Sans doute frustré par une telle impasse, le président français saisit l'occasion d'un déjeuner à l'Elysée, le 30 septembre, avec des "petits-enfants" de la guerre d'Algérie pour décrire un "système politico-militaire" à la fois "fatigué" et "très dur", car "construit sur la rente mémorielle". Ces propos provoquent naturellement l'ire du pouvoir algérien, avec rappel de l'ambassadeur d'Algérie à Paris et interdiction du survol de l'Algérie par les avions français opérant au Sahel» détaille-t-il.
En Algérie même, la presse pro-gouvernementale se déchaîne avec des mots impitoyables. Selon M. Filiu, «l'entêtement du pari [de Macron] sur Tebboune, qu'il a cru compenser par sa mise en cause tardive d'un "système politico-militaire", a beaucoup pesé dans un tel fiasco. Mais le doute jeté par l'Elysée sur la profondeur historique de la nation algérienne peut difficilement s'apparenter à un travail d'apaisement des mémoires. Et il faudra du temps pour prendre la mesure des dommages infligés à la relation franco-algérienne par une séquence aussi heurtée.»
«Dans un tel contexte, les mots qu'Emmanuel Macron prononcera le 17 octobre prochain sont très attendus. Le soixantième anniversaire des ratonnades policières de Paris, au cours desquelles des dizaines d'Algériens ont été tués, peut en effet être marqué par des gestes mémoriels d'une grande portée. Reste à savoir s'ils suffiront à apaiser le trouble profond qui prévaut désormais dans les relations franco-algériennes» a-t-il conclu.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.